L’Ara Macao Cyanoptera

Aviornis Espagne n° 127

Jésus Gomez Pina & José A. Valero Pérez

Traduction : William Vanbeginne

Avec l’aimable accord de l’auteur

2ème partie

Oiseau de l’auteur : Poussin de 9 mois

Mon expérience de reproduction

Logement

Les logements des couples reproducteurs sont de deux types : quelques volières de treillis soudés de 1,5m de large x 1,5m de haut et 3 m de long, suspendues à une hauteur de 1,20 m du sol et d’autres, rondes de 4 m de diamètre et 3 m de haut et non suspendues.

Il est important de signaler que les oiseaux ne peuvent pas se reproduire s’ils volent trop longtemps, lorsqu’ils sont logés dans des volières de grande taille ils sont trop loin de leur compagnon.  Les couples logés dans des espaces pas trop grands séjournent près du nid la plus grande partie du temps et finalement s’accouplent.  Le nid doit être disposé le plus la haut possible dans la partie arrière de la volière (opposé à la zone de nourrissage).  Près du nid, il doit y avoir suffisamment de perchoirs.  Ceci est d’une importance vitale.  Je recommande un minimum de 2 perchoirs : un près du nid pour y faciliter l’accès et en plus pour que le mâle protège la femelle et les poussins, et le second près des mangeoires.  Vous pouvez aussi ajouter d’autres perchoirs de jeux dans la zone où ils peuvent profiter du soleil et de la pluie naturelle ou artificielle.  Généralement les perchoirs doivent se situer aux extrémités opposées de la volière avec comme but d’inciter les oiseaux à voler d’une extrémité à l’autre.  Dans mes volières, j’utilise des perchoirs faits d’arbres fruitiers, non toxiques, de ceux qu’il y a dans notre campagne ou dans notre jardin.

Il est nécessaire de tenir en compte qu’en captivité, le style de vie des aras est sédentaire, ce qui provoque aux oiseaux un stress constant qui peuvent amener à des réactions anormales et à leur tour se répercuter sur la santé et la reproduction.  Pour éviter cela, nous devons fournir leurs besoins primordiaux.  L’enrichissement environnemental à l’intérieur et à l’extérieur du logement devra être très important au moment de stimuler les réactions qui ressemblent le plus à celles qui se développent en liberté.  Pour cela, nos volières se retrouvent logées au milieu de la végétation qui les entoure où les oiseaux peuvent admirer et caresser les feuilles des énormes palmiers qui entourent les installations.

Différents oiseaux de l’auteur dans leur volière

Alimentation en général

Il y a une maxime dans le domaine de la nutrition qui dit approximativement : « alimenter est toujours facile et bien se nourrir est, la plupart du temps, assez difficile ».

En partant sur cette base, il est nécessaire de signaler que maintenir un oiseau en condition optimale en captivité demande un sérieux exposé.  Quand à suivre quelques directives rigides dans son alimentation, déjà que l’objectif consiste à obtenir et maintenir enveloppés toutes ses nécessités nutritives, ce qui veut donc dire établir un véritable plan de nutrition.

Il faut tenir en compte que les psittacidés en captivité s’habituent à être plus sédentaires que les sauvages.  Ceci signifie qu’ils brûlent moins de calories que d’autres oiseaux qui doivent voler de longues distances pour trouver les aliments dont ils ont besoin.  Pour cette raison, nous ne pouvons pas les alimenter de la même manière qu’un oiseau sauvage, car cela emmènerait des problèmes de santé ou de maladies attribuables à l’alimentation.

En observant ce qui se passe dans la nature, nous apprenons beaucoup sur l’alimentation des oiseaux que nous élevons et nous devons en tenir compte pour l’appliquer aux oiseaux que nous rencontrons dans nos volières.  Ceci ne veut pas dire que tous les perroquets sauvages jouissent d’une santé optimale ni qu’ils sont plus sains que nos oiseaux captifs.

Comme tout le monde nous connaissons les aliments toxiques, comme cités antérieurement, ils font partie de leur alimentation et ils les neutralisent en ingérant certains types d’argile.

Avant de commencer avec l’alimentation proprement dite, nous aimerions donner quelques petits conseils:

Comme nous avons pu suivre à la Faculté Vétérinaire de l’Université de Murcia (Espagne) pendant le « Cours d’élevage, Entretien et pathologies des animaux exotiques » l’alimentation des oiseaux se partage en général, en cinq gros piliers:

  • Graines de céréales et similaires
  • Fruits et légumes
  • Fruits secs et graines oléagineuses
  • Source de protéines animales (insectivores et rapaces …)
  • Compléments vitamines – minéraux

Apres avoir commenté chacun de ces composants basiques de l’alimentation, nous parlerons de quelque chose d’extrêmement important: l’eau.

Oiseau de l’auteur dans sa volière

Graines de céréales et similaires

Pour l’espèce qui nous intéresse, il ne faut pas abuser et les alimenter à base de graines de tournesol (riches en acides gras mono et poly insaturés qui contiennent du potassium, phosphore, magnésium et acide folique).  Il est recommandé de rajouter des mélanges plus variés de manière à ce que son alimentation ne soit pas restreinte à une seule graine, avec laquelle il enrichit son activité à l’heure de manger et remédie en partie à un comportement alimentaire routinier.  Ces mélanges vont être mis à la disposition du perroquet en déterminant des périodes de temps, établies préalablement.

Offrir un régime basé exclusivement sur les graines peut être préjudiciable à la santé d’un oiseau.  Nous devons essayer de formuler un régime qui ne provoque un stockage excessif de graisses, qui ne donne pas lieu à des carences nutritionnelles ni ne provoque des maladies ou la mort.

Ajouter quelques graines au régime journalier n’est pas nécessairement la cause principale d’une mauvaise santé.  Dans quelques cas, ajouter au régime peut apporter de grandes quantités de graisses, huiles et protéines.  Si nous ne voulons pas apporter des niveaux élevés de graisse, nous pouvons les leur offrir germées car ils perdent une partie de leur contenu en graisse et augmentent les niveaux de protéines, acides aminés et vitamines.  De plus, il faut mentionner que proportionner un régime basé exclusivement germé va donner lieu à des carences nutritionnelles.  Le plus approprié est un régime équilibré qui est constitué d’une grande variété d’aliments.  A long terme un régime de graines, graines germées, extrudés pour aras, fruits, légumes, et fruits secs est beaucoup plus sain qu’un autre basé exclusivement sur un seul aliment.

Les aras aiment aussi manger certaines petites graines comme l’alpiste, le millet etc… et de plus, cela les tient longtemps occupés à peler chacune de ses graines.  Il est très important qu’ils soient occupés.  Les céréales contiennent en protéines, approximativement de 7,5 à 17% du poids du grain.  L’avoine et le froment sont  les céréales qui contiennent le plus de protéines en relation avec l’apport calorique tandis que le maïs et le riz ont le moins.  L’avoine est la céréale la plus riche en protéines, graisses, vitamines B1, calcium et fer.  Les céréales ne contiennent pas de pro vitamines A (à l’exception du maïs qui lui en possède), ni vitamine C, ni vitamine B12.  Dans les germes des graines de céréales germées, par contre, se retrouvent les pro vitamines A et vitamines C alors qu’elles sont absentes dans les graines sèches.

Les graines de potiron sont riches en acides gras oméga 3 et 6 et possèdent un grand nombre de vitamines et minéraux comme le magnésium, sélénium, potassium, phosphore, vitamines A et E et de plus sont riches en fibres

Fruits et légumes

IL faut toujours leur offrir les fruits et les légumes bien lavés et coupés en petits morceaux, sans oublier de leur enlever tous les restants le jour suivant.  De cette manière, l’on va éviter que se développent des germes.  Il faut tenir en compte que certains de nos couples vont consommer tout ce que l’on va leur présenter tandis que d’autres vont le déchiqueter et le jeter au sol.  Toutefois, il y a des fois que ces couples, qui ne mangent pas d’aliments frais, souvent peuvent les vouloir s’ils sont en période de reproduction ou alimentant des poussins au nid.  Comme exemple, je vous dirai que je possédais un couple de Gris du Gabon qui ne mangeait jamais de carottes (riches en vitamine A) mais lorsqu’ils avaient des poussins, ils les prenaient avec deux doigts de la patte, le mangeait et peu de temps après, les poussins avaient de petits morceaux dans le jabot.

Nous devons offrir à nos aras des aliments frais comme de la pomme, carotte, épinards (en excès, ils empêchent l’absorption du calcium), banane, petits pois, orange, citron (ces deux citriques apportent quatre antioxydants puissants: vitamines C, beta carotène – pro vitamine A, flavonoïdes et acide folique), grenade, figues, dattes, céleri, piments…  Il faut toujours proportionner tous ces aliments de manière rotative et sans excès, ils sont forts nutritifs.  Concernant les dattes, il faut dire qu’il ne faut pas attendre qu’ils soient mûrs pour leur présenter.  Une fois qu’ils ont la grandeur d’un petit pois, vous pouvez leur offrir une grappe et eux même vont les grignoter et les manger, en même temps qu’ils vont jouer avec.  En général, c’est mieux de leur présenter les fruits verts que mûrs car ainsi ils contiennent moins de sucres.

Les plantes potagères et légumes apportent des minéraux (potassium, calcium et fer), vitamines, (principalement pro vitamines A), de l’acide folique, des fibres, des protéines (supérieures aux fruits bien qu’inférieures à celles des céréales et légumes), des hydrates de carbone et de la chlorophylle.

Les épinards sont mis en valeur pour leur contenu élevé en fer et magnésium et apportent aussi du calcium.  Ils sont riches en acide folique et contiennent aussi des vitamines A et C.  Les haricots verts sont riches en vitamines C, fer, potassium et acide folique.  Ils aident à régénérer le sang et ainsi sont fortement recommandés pour les oiseaux atteint d’anémie.  Les piments sont très riches en vitamines C, B2 et E.  Ils possèdent une grande quantité de nutriments avec des effets anti oxydants.  Un maximum de propriétés sont obtenues lorsqu’ils sont consommés crus.

Volières de l’auteur

Fruits secs et graines oléagineuses

Les fruits secs que nous recommandons pour les aras en captivité sont les amandes, les noix de Grenoble, les noisettes, les cacahuètes, les noix du Brésil et les noix de macadamia.  Les deux derniers ont la coquille extrêmement dure, ce qui fait que c’est plus facile si nous les cassons avant de les fournir.  Toutefois la majorité des aras Hyacinthes n’ont aucun problème pour casser ce type de noix.

Pendant la période de reproduction, les graines sèches peuvent être une partie essentielle d’un bon régime en captivité.

Je recommanderai, à tous ceux qui peuvent le faire, de changer le régime chaque jour ou de faire une rotation chaque deux ou trois jour.  Ceci pourrait être une bonne manière d’offrir à vos oiseaux les aliments qu’ils ont besoin.

Les fruits secs ne contiennent pas de pro vitamines A ni vitamines C.  Les fruits et les légumes verts compensent ces deux déficiences en vitamines des fruits secs.  Les amandes et les noisettes sont riches en vitamines E (antioxydants) et en fibres.  Elles apportent du calcium, magnésium, fer, phosphore et potassium.  Comme tous les fruits secs, leur contenu en sodium est extrêmement bas.  Au niveau des vitamines du groupe B, les noisettes et les noix de Grenoble sont les fruits secs qui contiennent un meilleur contenu en acides foliques, suivit par les noix de cèdre, les pistaches et les amandes.

Apres les légumes, les fruits secs sont les aliments naturels les plus riches en protéines.  L’on parle de protéines relativement complètes qui sont uniquement un peu déficientes dans les acides aminés lysine et méthionine.  Ceux-ci se complémentent bien avec les légumes, riches en lysine et les céréales riches en méthionine.  Les noix de Grenoble sont particulièrement riches en acides alfa-linoléiques, un acide gras omega-3.  Les fruits secs sont en général une bonne source de vitamines B1, B2, B6, E, acides pantothéniques et foliques.  75% de la vitamine B1 est détruite lorsque vous les grillez.    Ce sont aussi une bonne source de choline, facteur vitaminique qui fait partie de la lécithine et qui favorise le bon fonctionnement du foie.  De plus, ils contiennent des éléments photo chimiques comme les flavonoïdes et composés phényliques qui sont des anti-oxydants puissants.

Sans aucun doute, les fruits secs sont riches en calories mais leur graisse, constituée d’acides gras mono et poli insaturés sont facilement métabolisés dans l’organisme et n’ont pas tendance a se déposer.

Source de protéine animale

Les aras en liberté ajoutent aussi à leur régime des protéines animales qu’ils trouvent.  Il s’agit surtout d’animaux qu’ils peuvent trouver renversés ou morts accidentellement.  Il y a des éleveurs qui fournissent à leurs oiseaux des morceaux de viande de poulet ou d’autres oiseaux que les animaux acceptent.  Cependant nous dirons que ceci n’est pas nécessaire lorsque nos oiseaux ont à leur disposition un régime équilibré avec tous les nutriments dont ils ont besoin.

Compléments vitamines – minéraux

En plus de ce régime varié que nous leur offrons chaque jour et qui devrait leur apporter tous les compléments en vitamines et minéraux, nous pouvons rajouter (en période de reproduction et d’élevage) des vitamines et des minéraux nécessaires pour la stimulation de l’activité de nidification.  A cette fin, à ce minestrone que nous leur présentons à la première heure du matin, nous ajoutons du calcium, des vitamines en général et de la vitamine E.  Cette dernière vitamine est très importante à rajouter au régime trois ou quatre semaines avant le début de la période de reproduction.  Elle favorise la fertilité et augmente la quantité d’œufs pondus et fécondés, facilite l’éclosion en donnant plus de vitalité aux embryons.  C’est pour cela qu’il y a une faible quantité de mortalité d’embryons et de poussins.  Lorsque la femelle pond son premier oeuf et commence à incuber, il faut terminer l’administration de cette vitamine car l’incubation peut être interrompue à cause d’un terrible démesure instinctive de vouloir s’accoupler de la part du mâle. Il ne faut pas oublier de dire qu’il n’est pas conseillé de leur donner en quantités élevées. (consultez le vétérinaire spécialise en oiseaux exotiques).

Volière de l’auteur

L’eau

Il faut proposer aux oiseaux de l’eau en quantité suffisante, de bonne qualité et facilement accessible.  Il faut très bien nettoyer l’abreuvoir chaque jour et si possible, changer l’eau deux fois par jour (NDLR:  l’auteur habitant le sud de l’Espagne, en été on arrive à plus de 40 degrés à midi).  Au moins une fois par semaine, il faut désinfecter le récipient avec de l’eau de javel à usage domestique ou n’importe quel autre désinfectant.

Nous devons tenir en compte que lorsqu’ils consomment des légumes verts et juteux et beaucoup de fruits, ils ne boivent quasiment pas.  Pour cela, quand durant l’année il faut leur donner un traitement vétérinaire, on l’ajoute à l’eau et  nous ne donnons aucuns fruits ni légumes pendant cette même période afin qu’ils aillent boire et qu’ils prennent les doses de médicaments nécessaires.

Programme alimentaire dans mon centre d’élevage

A la première heure de la matinée, je leur donne une macédoine de légumes avec des graines variées et cuites dont la formule est la suivante:

Mélanger dans une casserole, ajouter de l’eau et faire bouillir:

A tout ceci je peu encore rajouter des haricots, des lentilles, des pois chiches, du céleri, des épinards etc … c’est a dire tout type de légumes.

Les légumes, comme tout le monde le sait, sont les plantes les plus riches en nutriments lorsqu’on les élève en terre et qui contribuent le plus à une bonne nutrition.

Les légumineuses contiennent en général des provitamines A et des vitamines B, C et E de même que des minéraux, principalement du fer.  Surtout la coque et la semence sont très riches en protéines, vitamines et minéraux.

Cette litanie d’ingrédients, il faut la faire bouillir et couper le feu avant que toute l’eau ne se consomme, avec comme but que les ingrédients l’absorbent, pour que cela termine comme une paella.

En plus, je leur donne des fruits (pomme, orange, citron, pastèque, melon, grenade, figues, dattes …) et si je peux rajouter des fruits du pays de différentes sortes, ce sera encore mieux.

Vers les 15h. je leur donne le second dîner qui est à base d’un mélange de graines et trois fois par semaine, en époque de reproduction, je leur donne un peu de fruits secs.  On vérifie s’il reste des extrudés du jour précédent et si ce n’est pas le cas, j’en rajoute un peu.

Récipients pour la nourriture et l’eau

Nous utilisons deux types de récipients, les uns en acier inoxydable, très durs et facile à nettoyer et d’autres en céramique, que nous utilisons pour les cages suspendues.  Ils ne savent pas les casser, mais oui, ils les transportent d’un côté à l’autre en jouant.  Les abreuvoirs pour l’eau sont toujours en acier inoxydable et sont attachés dans des mangeoires rotatives ou fixes, prévues de portes avec l’idée de les manipuler de l’extérieur et avec des séparations pour qu’ils ne puissent les renverser ou jeter.  Il est évident qu’on utilise également ses mangeoires rotatives ou fixes avec des récipients en acier inoxydables pour les différents types de nourriture.