Le perroquet Pesquet, un trésor vivant dans les montagnes de Papouasie

Parmi les psittacidés du monde, le perroquet de Pesquet (Psittrichas fulgidus) occupe une place à part. Endémique de Papouasie-Nouvelle-Guinée, cet oiseau fascinant évolue dans les forêts pluviales de moyenne altitude, généralement entre 600 et 1 200 mètres, où règnent humidité constante et végétation luxuriante.

On le rencontre principalement dans les régions montagneuses du sud-est et du nord-ouest du pays, là où les grands figuiers étrangleurs (Ficus sp.) prospèrent — une ressource vitale pour cet oiseau strictement frugivore. J’ai eu la chance de côtoyer le perroquet de Pesquet pendant un de mes stages au parc animalier de Pairi Daiza, leur régime alimentaire était constitué principalement de fruits (essentiellement de la papaye et des myrtilles avec des pellets trempés dans du jus de myrtille ou d’orange.)

Contrairement à de nombreuses espèces de perroquets, le Pesquet n’est pas un grand migrateur. Il effectue toutefois des déplacements saisonniers en fonction de la fructification des figuiers, ce qui lui permet de maintenir un régime stable toute l’année.

Visuellement, le perroquet de Pesquet est sans équivalent dans le monde avien. Son plumage, d’un noir profond rehaussé d’un rouge écarlate sur le ventre, les ailes et la poitrine, attire immédiatement le regard.

Sa tête nue, dépourvue de plumes et recouverte d’une peau gris foncé, évoque irrésistiblement celle d’un vautour, ce qui lui a valu son surnom de vulture parrot en anglais.

Cette particularité anatomique, loin d’être esthétique, est une adaptation fonctionnelle : le Pesquet se nourrissant de fruits extrêmement juteux, l’absence de plumes sur sa tête empêche ainsi la pulpe de coller et de provoquer des infections fongiques.

L’oiseau mesure en moyenne 45 cm pour un poids variant de 600 à 800 grammes. Ses ailes larges et arrondies lui confèrent un vol puissant mais mesuré, souvent ponctué de longs planés silencieux au-dessus de la canopée.

Régime alimentaire : le gourmet des figuiers tropicaux

Le perroquet de Pesquet est un frugivore strict, ce qui le distingue de la majorité des psittacidés, souvent granivores ou omnivores.

Son alimentation repose quasi exclusivement sur les figues sauvages (Ficus spp.), qu’il consomme avec une précision étonnante.

Son bec, moins robuste que celui des cacatoès ou des aras, est finement adapté pour extraire la pulpe sans endommager la peau du fruit. Il se nourrit parfois aussi de fruits de lianes, de petits fruits tropicaux mous et, plus rarement, de fleurs.

Cette spécialisation alimentaire rend l’espèce écologiquement vulnérable : la raréfaction des figuiers due à la déforestation impacte directement sa survie.

 Comportement et sociabilité

Le Pesquet est un oiseau discret et placide. Ses vocalises sont étonnamment graves et rauques pour un perroquet, évoquant plus un corbeau qu’un psittacidé.

On l’observe généralement avec son partenaire ou dansdes petits groupes familiaux ; rarement au-delà d’une dizaine d’individus.

D’un tempérament calme, il n’exhibe pas les comportements bruyants ou démonstratifs typiques d’autres espèces. En captivité, il se montre intelligent, paisible et peu destructeur, bien qu’extrêmement exigeant sur le plan alimentaire.

Sa longévité dépasse aisément 30 à 40 ans dans de bonnes conditions.

La reproduction

La reproduction du perroquet de Pesquet demeure l’un des aspects les moins documentés de son comportement, en raison de la difficulté d’accès à son habitat. Les observations disponibles, issues d’études de terrain et d’élevages spécialisés, permettent toutefois d’en dresser un portrait cohérent.

Période de reproduction

Elle s’étend généralement de mai à septembre, période correspondant à la saison la plus stable et à une abondance accrue de fruits. Le Pesquet étant monogame à vie, les couples, déjà formés depuis longtemps, renforcent alors leurs liens par des parades discrètes : échanges de nourriture, caresses du bec, appels graves en duo.

Nidification

La femelle choisit une cavité naturelle et profonde dans le tronc d’un grand arbre mort ou affaibli, souvent à plus de 20 mètres du sol. Celles-ci offrent une protection contre les prédateurs et l’humidité.

Le fond du nid est tapissé de fragments de bois et de pulpe de fruits séchés.

Ponte et incubation

La femelle pond un à deux œufs blancs, qu’elle incube seule pendant environ 28 à 30 jours, tandis que le mâle la nourrit.

Les jeunes naissent nus et totalement dépendants. Leur croissance est lente : ils restent au nid près de 10 à 12 semaines avant de s’envoler.

Leur plumage met plusieurs mois à acquérir les teintes rouges caractéristiques des adultes.

Les deux parents participent à l’alimentation des jeunes, régurgitant une pulpe de fruits prédigérée. Même après l’envol, les juvéniles gardent des liens étroits avec leurs parents durant plusieurs mois.

La reproduction en captivité reste rare, car le régime strict et les besoins environnementaux du Pesquet sont difficiles à recréer.

Voici un lien vers un article ( en anglais ) sur le Perroquet Pesquet réalisé par le San Diego Zoo https://aszk.org.au/wp-content/uploads/2020/06/Breeding-and-Hand-Rearing-Pesquet’s-Parrot-Psittrichas-fulgidus-Witman-P.-Lewins-E.-2000-Zoological-Society-of-San-Diego.pdf)

Menaces et conservation

L’UICN classe le perroquet de Pesquet comme espèce vulnérable.

Les principales menaces sont :

–  La déforestation intensive, notamment pour l’exploitation du bois tropical.

– La chasse traditionnelle, où ses plumes rouges sont utilisées pour les parures cérémonielles.

– Le commerce illégal d’oiseaux exotiques, alimenté par la beauté spectaculaire de l’espèce.

Des programmes de conservation, menés par le Papua New Guinea Conservation Authority et plusieurs parcs zoologiques européens, œuvrent à sa protection en veillant à la préservation de l’habitat et à  la sensibilisation des populations locales.

Préserver le Pesquet, c’est bien plus que sauver une espèce rare : c’est protéger un symbole d’équilibre écologique et un témoin vivant de l’extraordinaire diversité du monde tropical.

Dylan Banckaert

Vice-président ABAP

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *