Mon expérience avec la perruche de Layard

Psittacula calthrapae

P.R. décembre 2017

Andreas Volkmar, Bad Salzungen

Retravaillé par Freddy Lebon

Traduction : William Vanbeginne

Depuis plus de 30 ans je suis motivé par les oiseaux de la famille Psittacula.  Cela va donc de soi que je voulais faire reproduire ces espèces et donc aussi la perruche de Layard (Psittacula calthrapae).

Note de Freddy Lebon : Le nom de cet oiseau a déjà fait couler beaucoup d’encre.  Le nom le plus utilisé en littérature est calthorpae, qui provient de Calthorp, le nom de jeune fille de l’épouse d’E.L. Layards.  Plus tard il est apparu qu’elle ne s’appelait pas Calthorp mais Calthrop et donc c’est devenu calthropae, mais nulle part il y a des preuves qui confirment ces suppositions.  D’après les dernières listes de contrôles c’est le nom calthrapae qui compte comme décris par Blyth en 1849 sous le nom Paleornis calthrapae, par un exemplaire provenant du Sri Lanka.

En général

J’avais déjà rassemblé de l’expérience avec les Psittacula grâce à l’élevage des perruches tête de prune (psittacula cyanocephala), des perruches malabar (psittacula colomboides), des perruches à moustache (psittacula alexandri), des perruches à tête rose (psittacula roseata), des perruches à long brins (psittacula longicauda) et des perruches de l’Himalaya (psittacula himalayana).  Les perruches de Layard ne jouaient aucun rôle du temps que l’importation exotique vers l’Europe était encore permise et ils ne sont donc jamais apparu dans les commerces à oiseaux ou sur les bourses à oiseaux.  L’espèce était déjà détenue en Angleterre avant WO II et à partir de 1934 il y avait déjà de la reproduction.  C’est l’île tropicale Sri Lanka qui se trouve dans l’océan indien qui est la région d’origine de cette perruche élancée d’environ 30 cm.  Avec le Corylis de Ceylan (loricullus beryllinus) il appartient aux deux espèces de perroquets endémiques de cette île cela veut dire que ces espèces ne se retrouvent qu’au Sri Lanka et nulle part ailleurs au monde.  D’après la liste rouge d’IUCN le nombre des perruches de Layard n’est pas en danger et ils sont donc répertoriés comme « Least concern »

Importation

En 1985, Mr Lehmann de Wilhelmshaven a pu importer quelques perruches de Layard depuis le Sri Lanka.  Il s’agit plus que probablement des seules perruches de Layard qui sont arrivées jamais en Allemagne.  Dans les environs des années 1990, en Espagne, deux perruches de Layard ont été saisies chez un contrebandier et elles ont été transférées à la Loro Parque Fundacion.  Du fait que LP ne pouvait pas vende ces oiseaux ou ne pouvait les transmettre à personne, une femelle de chez Mr Lehmann est venue chez LP en prêt d’élevage avec l’idée de les faire reproduire.  Des jeunes oiseaux qui y ont été élevés avec succès, en 2001 une jeune femelle et la femelle reproductrice qui était en prêt sont revenus chez Mr Lehmann (information verbale de lui-même).

Concernant les rumeurs d’importations après la guerre dans d’autres pays européens, après des années de recherches je n’en ai trouvé aucunes traces, ce qui fait que cela ne restera que des rumeurs.  Il est probable que toutes les perruches de Layard qui momentanément se trouvent sur le continent Européen ne proviennent que de quelques oiseaux d’importation.

Si quelqu’un parmi les lecteurs possédait une autre information, ou s’il savait quelque chose d’une importation qui a eu lieu antérieurement, je le remercierai de bien vouloir me contacter.

En 2000 j’ai pu acheter un couple de jeunes de Mr Lehmann, élevés chez lui.  Le nouveau logement de ces perruches était une volière extérieure de 5m plantée de bambous avec joint, un abri de nuit.  Pour protéger les oiseaux de « criminels nocturne » je veille que chaque jour (et ceci toute l’année et pour tous les oiseaux) les oiseaux puissent passer la nuit dans une volière intérieure fermée.

Cela parle de soi que ces oiseaux doivent pouvoir passer les mois d’hiver dans un endroit hors du gel car la construction et structure de leur plumage sont adaptés à la température de leur habitat.  Ceci est en fait quelque chose qui est d’application pour tous les psittaculas, mais pouvoir passer l’hiver hors gel est quelque chose de valable pour tous les psittacidés et autres espèces d’oiseaux tropicaux.  La réalité est cependant totalement différente et montre que beaucoup de détenteurs et éleveurs ne font pas assez attention à leurs oiseaux.  Trop souvent l’on voit chez des éleveurs de psittaculas, des oiseaux qui ont perdu un ou plusieurs doigts aux pattes à cause du gel et qui pour le reste de leur vie sont obligés de se percher sur des moignons de pattes.  A mon avis, à notre époque il s’agit d’une vue très lamentable.  De plus, les doigts qui ont gelé et qui sont perdus ne sont que les dégâts « visibles ».  Combien les oiseaux ont-ils soufferts et ont-ils dû subir le froid vigoureux, nous ne pouvons que le supposer.  Qui plus est je suis d’avis que les éleveurs qui ne possèdent pas la possibilité de fermer l’espace pour passer l’hiver et de le chauffer, doivent retenir leurs doigts des psittaculas et toutes les autres espèces de psittacidés qui sont sensibles ou vulnérables à ces problèmes.  Pendant les 30 années que je détiens et élève des psittaculas jamais un seul oiseau n’a perdu qu’un seul ongle ou doigt suite au gel !!!.  Tout le reste je le nomme simplement de la torture d’animaux.

Nourriture :

Comme nourriture je donne à mes perruches de Layard un mélange de nourriture pour perroquets disponible dans le commerce avec de la nourriture pour pigeon qui a d’abord été trempée dans de l’eau pour d’abord et surtout délivrer de la poussière.  Ensuite le tout est bien rincé et donné de manière trempé ou germé.  Le mélange de graines est de cette manière mieux digéré et se rapproche le plus des habitudes alimentaires naturelles des oiseaux.  Naturellement dans la nature il y a un panel de nourriture beaucoup plus abondant et important à leur disposition que ce que nous pouvons approcher avec ce que nous leur offrons.  J’ai pu voir plusieurs fois au Sri Lanka les perruches de Layard lorsqu’ils allaient manger et je peux vous assurer, la main sur le cœur que je n’ai JAMAIS vu un oiseau manger une graine durcie.  En plus de la nourriture pour perroquet trempée je leur donne chaque jour un mélange de légumes et de fruits qui, grâce à l’offre sur le marché peut être vraiment très varié.  Les fruits de notre nature comme les baies de sorbier, rozebottels ou les baies d’aubépine sont très appréciées par mes perruches de Layard.  Pour cette raison, chaque année un bon stock, constitué de plusieurs kilos, de ces fruits terminent dans mon congélateur.  Comme verdure je donne du mouron, de la blette ou de la betterave dont la tige est très appréciée et des pissenlits dont les fleurs sont particulièrement mangées.  Des branches fraîches sont toujours la bienvenue chez tous les psittacidés mais les perruches de Layard ne retravaillent pas autant ces branches.

Ce qui est frappant c’est qu’au moment où la femelle va pondre son œuf, c’est qu’elle va manger des feuilles séchées et de l’écorce.  Du fait que mes volières ont un sol naturel, de nombreuses plantes y grandissent entre elles, apportées par le temps et le vent.  En tous les cas, ces plantes sont consommées par pas mal de perroquets et plus particulièrement quand ils doivent soigner des jeunes.

Les perruches Layard semblent éviter généralement le sol, que ce soit dans la nature ou dans mes volières, je n’ai jamais rencontré ces perruches courant sur le sol.  La végétation de la volière qui est haute de 60 à 70 cm est en revanche grignotée lorsqu’elle est accrochée au grillage de la volière.

Reproduction :

Au printemps de l’année 2002, j’ai pendu différents nichoirs dans la volière intérieure.  Presque instantanément leur intérêt a été suscité par un nichoir bûche naturel dans lequel la femelle a soudain passé beaucoup de temps.  A chaque fois qu’elle quittait le nid elle était attendue par un mâle tout fier et totalement étiré (il essayait de se rendre plus grand qu’il ne l’était) qui pendant qu’il émettait des sons coassant n’arrêtait pas de taper avec son bec sur le perchoir.  Ensuite la femelle était nourrie.  Le 2 mai le premier œuf a été pondu.  Le mirage des 3 œufs, plus tard, a prouvé que 2 œufs étaient fécondés.  Au bout de 26 jours de couvaisons par la femelle, comptés à partir du premier jour de la ponte, le premier œuf a éclot suivit du second deux jours plus tard.  Les jeunes au nid ont été nourris exemplairement par les parents depuis le premier jour.  Huit jours après l’éclosion, j’ai bagué les jeunes perruches de Layard avec une bague de 6 mm.  Au bout de 46 jours le premier jeune volait déjà dans la volière et le second a suivi 2 jours plus tard.  Les jeunes perruches Layard sont de façon prédominante de couleur verte, seule la tête à un reflet gris, vert.  Il n’y a absolument pas de dimorphisme à cet âge-là.

Tout le processus de reproduction de la perruche de Layard se passe en grande ligne comme les autres espèces du genre Psittacula.

Peu de temps plus tard j’ai eu la possibilité encore d’acquérir d’autres perruches de Layard qui elles à leur tour ont reproduit avec beaucoup de succès.

Restructuration

En 2007, à la suite d’une profession trop chargée, j’ai décidé de restructurer mon élevage d’oiseaux et j’ai laissé partir 17 perruches de Layard.  Par la suite cette décision s’est avérée être une grave erreur.  A chaque fois que j’ai fait mes voyages au Sri Lanka pour étudier cette perruche dans les forêts, je m’exaspère de ma décision.  Qu’est-ce que j’avais tout entrepris et subis pour trouver ces oiseaux ?

Après une conversation avec la famille et quelques natifs ma devise est devenue : « Une fois des perruches de Layard, toujours des perruches de Layard ».  Cette espèce, quoi qui se passe doit à nouveau voler dans les volières.  Mais ceci est devenu beaucoup plus difficile que je ne l’avais d’abord pensé.  Mes demandes chez des éleveurs connus pour obtenir des perruches de Layard restaient tout simplement sans réponses.

Recommencer à zéro

Cela a duré jusqu’à l’automne 2012 avant que je n’entende quelque chose de perruches de Layard.  Je pouvais obtenir un couple plus âgé et d’après le propriétaire ils ne vivaient certainement pas en harmonie.  Que la femelle voulait toujours mordre gravement le mâle lorsqu’il s’approchait d’elle, je pouvais le voir de mes propres yeux.  Par toutes ses agressions, le mâle avait déjà perdu 2 ongles.

Pourtant j’ai pris les deux oiseaux avec moi à la maison.  Seulement quelques jours plus tard j’ai pu acheter une femelle qui avait déjà élevé avec succès des jeunes mais qui avait perdu son partenaire.

Un mâle qui était totalement incapable de voler m’a aussi été offert gratuitement.  Du fait des erreurs de logement dont j’ai déjà parlé, il avait perdu presque tous ses doigts par le gel.  Ne pas pouvoir voler et pouvoir à peine se tenir, quelle tragédie dites donc.

Voilà donc mes nouvelles acquisitions !  Rien de quoi être fier et certainement pas la meilleure position pour pouvoir construire un stam de reproduction.

Le premier couple nommé a semblé tout d’un coup se comporter autrement.  Le logement dans une grande volière plantée de bambous, l’air extérieur, la lumière du soleil et une averse a fait son effet car la femelle laisser le mâle s’approcher plus près que précédemment.  Voilà ce qu’ils manquaient chez le propriétaire précédent.  Avec le début du printemps j’ai pu remarquer qu’elle le laissait s’approcher de plus en plus près et qu’elle se laissait nourrir.

Des cris de contact se firent entendre de plus en plus et rapidement j’ai installé un nichoir bûche.  Celui-ci a été contrôlé par les deux oiseaux mais en opposition avec mes couples précédents, ceux-ci ont pris plus qu’assez de temps et j’ai pu remarquer les premiers préparatifs de reproduction début août.

Le 2 août il y avait un œuf dans le nid et malheureusement, cet œuf suivi de 3 autres étaient non fécondés.  Il est sûr qu’à cette tentative quelque chose a mal fonctionné.  Il est fort possible que ce soit la suite du beaucoup trop petit « pôle de gènes » qui existe chez cette espèce.

Les deux autres perruches de Layard ne se sont, au début, pas trouvées mais la femelle a à la fin quand même pondu 4 œufs mais non fécondés.  Il faut dire qu’une fécondation de ce mâle qui ne sait pas voler aurait été un petit miracle.

Après cette « année gâchée » il ne me restait que l’espoir de l’année suivante mais oui, comme connu, on perd rapidement courage !

Les perruches de Layard in Situ :

Mes expériences et intérêts de cette perruche chez moi, sont devenus encore plus désespérés pendant mes « Birdswatching tours » planifiés au Sri Lanka.  En opposition avec la perruche à collier (psittacula krameri) qui se retrouve au Sri Lanka, la sous-espèce manillensis, la recherche vers la perruche de Layard est devenue beaucoup plus difficile.

Après plusieurs voyages de recherches sans espoirs dans la forêt Sinharaja où j’avais précédemment pu voir en grand nombre les oiseaux, je n’ai découvert les oiseaux que dans une région à 700 m d’altitude près de Ranjurawa et seulement quelques oiseaux qui étaient en compagnie de grandes Alexandre (psittacula eupatria).

Les oiseaux se trouvaient dans un magnolia champaca pour en manger les fruits mûrs.  C’était pour moi une expérience de pourvoir voir l’un à côté de l’autre le plus grand et le plus petit du groupe des psittaculas.  Très vite j’ai entendu que des prises illégales pour des collectionneurs américains fortunés éclaircissaient la population qui déjà n’était pas très grande

Conclusion :

Les perruches de Layard appartiennent, encore aujourd’hui, à l’espèce la plus rare parmi les psittaculas.  Il faut encore attendre pour savoir si elles vont survivre dans nos volières.

En opposition avec d’autres représentants de ce genre ou différentes mutations sont déjà apparues, à ma connaissance il n’y en a pas encore de la perruche de Layard.

Cette espèce n’est heureusement pas encore dans le rouage de la « machine de mutations » et j’espère que cela restera ainsi très longtemps de telle manière que, dans le futur, on pourra continuer à admirer cette superbe et élégante espèce de perruche.

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