L’Amazone Vineuse

Amazona vinacea (Kuhl 1820)

P.R. janvier 2016

Lars Lepperhoff, Ittigen, Suisse

Retravaillé par Freddy Lebon

Traduction : William Vanbeginne

2ème partie : Logement et reproduction

Introduction : 

Après avoir publié la première partie de mes observations de l’amazone vineuse dans la province Argentine Misiones, voici la seconde partie, l’expérience des soins et la reproduction de cette espèce de perroquet rare.  J’ai pendant 10 ans soigné et élevé avec 2 couples dans la volière Hyacinthinus du couple Squindo.

Généralités :

Les amazones vineuses ne sont pas devenues rare uniquement dans la nature mais se retrouvent rarement dans les collections privées, zoo ou parcs à oiseaux.  Pourtant j’ai pu les admirer au Wilhelmina à Stuttgard dans une volière magnifiquement plantée de même qu’au Wereldvogelpark à Walsrode dans la légendaire maison à perroquets.  Il y a à Walsrode un exemplaire même avec une couleur très marquante sur le visage.  En Suisse des amazones vineuses sont détenues dans la volière de la ville de Winterthur.

Suivant la liste des dossiers de 2013 de « Exotis », l’association suisse pour l’élevage à but de conservation, 14 amazones vineuses sont soignées par 4 éleveurs.  Si tous les éleveurs se sont inscrits à cette liste est incertain.  En France j’ai vu les amazones vineuses dans la collection du Zooparc de Beauval à Saint-Aignan et dans le zoo de Mulhouse qui ne se trouve pas tellement de Bâle.  De même au Loro Parque à Tenerife et au Palmitos Park à Gran Canaria des amazones vineuses sont détenues et élevées.  Aux U.S.A. il y a le Dr. Paul Reillo de la « Rare Species Conservatory Foundation » à Loxahatchee, Florida qui reproduit intensivement avec cette espèce.  Ce que j’ai vu là m’a énormément étonné.

Les oiseaux y étaient logés dans de très grandes volières.  Les volières avaient environ 10 m de long, 5 m de large et 3 m de haut.  Dans cette volière vivaient 12 couples d’amazones vineuses.  Les volières se trouvaient sur de hautes échasses, ce qui fait que les oiseaux n’avaient absolument aucuns contacts avec le sol.  Quelques femelles étaient occupées à couver dans de grands nichoirs dont plusieurs étaient présents en différentes profondeurs, surfaces au sol et modèles.

Le Dr. Paul Reillo m’a raconté ses propres expériences et mes propres observations en étaient encore une fois confirmées.  Les amazones vineuses sont en effet des perroquets très doux.

En 1978, Otto Paschung est arrivé à avoir le premier cas de reproduction en Suisse et depuis lors ces amazones sont élevées régulièrement en Suisse.  En Angleterre c’est Clifford Smith du Yorkshire qui a eu le premier cas de reproduction.

Le comportement des amazones vineuses :

Moi-même j’ai pu soigner pendant une dizaine d’année deux couples d’amazones vineuses dans les volières de Hyacinthinus.  Cette volière qui était entretenue par le couple Squindo n’existe malheureusement plus maintenant.  Déjà à cette époque je rêvais de pouvoir admirer un jour cette espèce dans la nature, ce à quoi je suis arrivé finalement et que je vous ai décrit dans la première partie.

Les amazones vineuses ont été logées par couples dans la volière Hyacinthinus.  Cette volière avait 2,5 m de long x 1,2 m de large et 2,5 m de haut.  La partie avant et le toit était fait de treillis et les côtés étaient cimentés.  A côté de celle-ci il y avait encore d’autres volières avec d’autres espèces d’amazones comme l’amazone festive (a. festiva) et l’amazone de Dusfrèsne (a. dusfresniana).  Le sol était carrelé avec au milieu un bassin artificiel qui pouvait être changé chaque jour ou rempli.  Au-dessus des volières il y avait des fenêtres de toit et lorsque le temps était sombre, à l’aide de lampes fluorescentes et d’éclairage pour orangerie, un certain nombre de volières pouvaient être éclairées.  Différentes plantes tropicales poussent au-dessus du toit de la volière et sous le toit, en dessous des fenêtres, il y avait quelques grosses branches suspendues plantées d’épiphytes.  La température en hiver ne descendait pas en dessous de 14°C et en été elle montait à maximum 30°C.  Dans chaque volière il y avait un système d’arrosage.

Les amazones vineuses sont devenues fort confiantes.  Ils étaient en tout cas fort calmes et n’avaient absolument pas peur.  Des branches fraiches que je trouvais dans la forêt proche et que je leur proposais n’étaient presque pas rongées. 

J’ai toujours été fort étonné de la beauté de ces amazones, surtout au niveau de la couleur vin de la poitrine qui est surtout étendue chez les mâles et qui a surtout plus de plumes rouges sur la poitrine.

Les jeunes oiseaux commencent à avoir leurs couleurs sur la poitrine à l’âge d’un an.  Ce qui est étrange aussi c’est que les amazones vineuses peuvent redresser leurs plumes du cou comme le font les perroquets maillés (deropterus accipitrinus).  Les oiseaux étaient bruyants seulement le matin et le soir et encore, ils étaient entrainés par les cris des autres espèces d’amazones.  Pendant la journée on les entendait à peine et ils étaient même forts silencieux.

Des amazones aimant la paix : 

Les nichoirs étaient des nichoirs de construction propre faites de planches et fixés à l’arrière.  Ils pouvaient être inspectés facilement à partir du couloir de contrôle.  Le trou d’entrée avait un diamètre de 12 cm.  En hiver, je plaçais régulièrement dans la volière des racines vermoulues et des morceaux de troncs et ceci était bien rongé.  Dans le nichoir aussi je jetais quelques morceaux de bois à moitié vermoulus de même que des copeaux de bois d’arbres non traités.

En général c’était au mois de mars que des œufs étaient pondus mais souvent ceux-ci étaient non fécondés.  Dans ce cas-là, une seconde ponte avait lieu en juin avec généralement de bons résultats.  J’ai aussi eu le cas qu’une ponte a eu lieu en novembre (1996).  La ponte était composée de 3 œufs qui tous étaient non fécondés.  L’année suivante (1997), le premier œuf ne fut pondu que le 16 juillet.  Une ponte est généralement constituée de 3 œufs, maximum 4.  La femelle pond tous les deux jours et les dimensions des œufs varient entre 33 et 37 mm de long et ont 26 mm de large.  Pour cette espèce, les femelles couvent à partir de leur premier œuf et ce qui frappe chez cette espèce c’est que pendant la période de couvaison et la période qu’ils élèvent leurs petits, leurs fientes sentent très fort !  Les femelles ne quittent le nid que pour se vider et retournent très rapidement au nid.  Elles couvent très fermement et sont nourries par leur mâle dans le nid.  Souvent lorsque j’arrivais avec de la nourriture fraîche, les mâles devenaient fort impatients et tiraient, surtout les fruits, de mes mains.  Lorsqu’il y avait des jeunes, je leur donnais aussi « Hüttenkäse » (une sorte de fromage à tartiner suisse) qu’ils appréciaient vraiment.  Une fois que les petits étaient nés, la femelle quittait de temps en temps le nid, hâtivement, pour aller manger.  Elle choisissait d’abord le hüttenkäse, ensuite les graines germées et puis disparaissait très rapidement dans le nid.  Tous les couples montraient le même comportement.  Ce fromage est très riche en calcium et prévenait le rachitisme (pattes tordues) chez les jeunes oiseaux.  La pâtée à l’œuf était très rarement consommée par les amazones vineuses, ce qui fait que j’en saupoudrais les fruits.  Les petits passent entre 50 et 55 jours dans le nid.  En général, un ou deux petits sont élevés.

Le troisième œuf est généralement non fécondé ou meurt pendant l’évolution.  Je laissais le troisième œuf dans le nichoir qui servait comme source de chaleur pour les poussins fraîchement nés.  Avant que les jeunes ne quittent le nid, j’installais une construction de branches qui partaient du sol, via les perchoirs jusqu’au toit de la volière, de telle manière que si les jeunes tombaient au sol, qu’ils puissent quand même grimper.

C’est toujours particulièrement agréable de voir les parents s’occuper de leurs jeunes.  Chez le second couple, le premier poussin a quitté le nid le 15 juin et le second quelques jours plus tard.  Le 17 juin, je remarquais déjà que les oiseaux étaient perchés très hauts et qu’ils volaient très bien.  Par contre grimper et escalader n’allait pas du tout.

Le 12 août, les jeunes étaient en bonne santé et indépendants.  Ils allaient d’abord manger et mendiaient ensuite chez les parents pour être nourris.  Les deux parents réagissaient positivement et nourrissaient leurs jeunes.  Les sons pour mendier je les ai entendus jusqu’à ce que les parents aient décidé définitivement de ne plus les nourrir et ceci après plusieurs mois.  Nos amazones vineuses ont élevé en même temps que leurs deux jeunes, une jeune amazone de Cuba (a.leucocephala).  Après la ponte de leurs deux œufs, nous avons rajouté l’œuf fécondé du Cuba.  Aucun couple n’élève plus de trois jeunes, généralement deux et souvent un seul.  Lors de la naissance, les jeunes pèsent 12 gr.  Au bout de 14 jours, les premières hampes sont visibles, le 15ème jour leurs yeux s’ouvrent et à 21 jours ils se promènent déjà dans le nid.

A l’âge de 29 jours, les premières plumes rouges de la courbure de l’aile se dessinent et au 33ème jour, le désir de ronger se développe.

A 48 jours, peu de temps avant de quitter le nid, ils pesaient entre 370 et 410 gr.  Les jeunes sont encore nourris pendant deux mois alors qu’ils ont quitté le nid.  Chez aucun couple, je n’ai pu remarquer de l’agressivité envers leurs petits et donc aussi malgré que leur volière ne soit pas trop grande.  Les jeunes oiseaux sont souvent restés plusieurs années chez nous avant que nous les cédions.  Ils vivaient ensemble dans une volière de 5 m x 3 m x 3 m (L x l x h).  Là aussi je n’ai jamais vu un signe d’agressivité, même pas près de la mangeoire.

  • Problèmes :
  • Un de nos couples avait beaucoup d’œufs non fécondés.  En regardant dans le passé, je dois admettre que j’ai nourri les amazones de manière trop riche.  Si l’on se rend compte qu’au Loro Parque, seulement 5% du poids de l’oiseau est donné comme quantité de nourriture, alors nos amazones sont beaucoup trop grasses, ce qui donne comme résultat, des pontes non fécondées.
  • Il y avait des années où deux pontes avaient lieu mais toutes les deux non fécondées.  Il y avait des années où seul 1 petit était élevé.  Ainsi, par exemple chez un couple (de 1993 à 1999) chaque ponte était non fécondée, 6 au total.  Pendant cette même période, seul 4 jeunes oiseaux ont été élevés.  Une seule fois une ponte fécondée est morte pendant le développement mais ceci a été une exception.  Chez un autre couple, aussi pendant cette période, 9 jeunes ont été élevés, 3 pontes ont été non fécondées et une ponte n’est pas arrivée à terme.  Chez un autre couple toujours le même problème se posait : les jeunes étaient bien trop maigres et ils quittaient le nid bien trop tard.  Notre vétérinaire avait déterminé une infection bactérienne mais ne pouvait pas nous dire d’où elle provenait ou comment elle était apparue car les parents n’avaient aucune infection et étaient parfaitement sains.  Je prenais alors les jeunes pour l’élevage à la main et employait l’antibiotique Chloropal Forte.  Très vite ils se sont améliorés et les amazones commençaient à s’alimenter.  Malheureusement j’ai eu aussi des problèmes de moisissures que j’ai dû traiter au Nitzoral.  Ceci est arrivé plusieurs fois mais après traitement chaque fois les poussins ont bien récupéré et ont fini comme oiseaux sains et costauds.  Nous n’avions absolument pas ce type de problèmes avec un autre couple.
  • Une espèce d’amazone merveilleusement jolie :
  • Le futur incertain dans la nature de cet amazone nous montre l’importance de faire reproduire cette espèce en aviculture.  Les populations sauvages ne sont pas encore perdues et la possibilité existe qu’ils vont se stabiliser et que la population s’agrandisse à nouveau un peu. 
  • C’était pour moi très important de pouvoir observer en 2014 cette espèce qui est chère à mon cœur, dans la nature.
  • En même temps je me rappelle aussi les expériences en couleurs que j’ai pu ressentir dans la maison aux perroquets Hyacinthus à Ittegen près de Bern.
  • J’ai imprimé les amazones vineuses dans ma mémoire comme des amazones doux et pacifiques, des amazones qui procurent beaucoup de joie et qui sont prêts à se reproduire.  Ils ont un caractère beaucoup plus doux que les autres amazones ce qui fait que soigner et faire reproduire avec ces oiseaux devient beaucoup plus agréable pour les aviculteurs.
  • De plus ce sont des oiseaux très bien colorés.  Je peux terminer avec la citation du Dr Karl Russ : « ce perroquet spectaculairement coloré » dit le Dr Finsch, « est un très beau sud-américain que l’on ne peut pas échanger avec un autre ».
  • Comme la plupart des perroquets amazones, il porte un plumage vert mais sa poitrine de couleur vin le rend un miracle de couleurs.

Photos provenant d’Internet

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