La détention et l’élevage de la perruche citron

Parkieten Revue – novembre décembre 2012

Dries van Dongen

Traduction : William Vanbeginne

Expériences de la détention

Biotope, territoire et situation

La perruche citron a été classifiée avec la perruche Aymara (Psilopsiagon aymara) dont elle est étroitement apparentée dans une même sous-espèce (psilopsiagon).  Les perruches citron n’ont une grandeur que de 17 à 19 cm et  ainsi sont nettement plus petites et élégantes que par exemple la perruche de Bourke (Neopsephotus bourkii) ou les membres de la famille Neophema.  Elles font partie des perruches les plus petites au monde.  

Les perruches citron se retrouvent en 4 sous-espèces dont chacune ont un territoire d’origine séparé à l’ouest du sub-continent sud américain : de l’ouest du Pérou au nord en passant par la Bolivie jusqu’au Chili et l’Argentine au sud.  Les perruches citron sont des oiseaux typiques des régions hautes et se retrouvent principalement à des hauteurs comprises entre 2500 et 4500 m au dessus du niveau de la mer.  La variante au Pérou se retrouve aussi dans des régions plus basses et même au niveau de la mer.  Leurs territoires favoris sont les régions plus élevées avec des forêts sèches où on les rencontre en groupes  de 10 à 30 oiseaux.

A certains endroits, elles se reproduisent et couvent aussi en petites colonies, la plupart dans des pentes dans lesquelles les oiseaux creusent des couloirs jusqu’à 2 m de long qui se finissent par une chambre de reproduction (Robiller 1990, Juniper & Parr 1998).

La situation actuelle de l’espèce n’est probablement pas précisément connue.  Du fait que les oiseaux ont une vie nomade régionale et qu’ils voyagent en dehors de la saison de reproduction, leurs quantités sont difficiles à estimer dans ces régions.

Il y a 20 ans, ces oiseaux étaient connus comme étant fréquemment présent dans presque toutes les parties de leurs territoires d’origine dans les régions hautes, boisées et sèches (Robiller 1990), en Argentine et Chili, régionalement déjà en mesure faiblement déclinante (Juniper & Parr 1998).  Actuellement, l’organisation pour la protection de la nature mondiale (IUCN) catalogue cette espèce encore totalement comme LC (« least concern = conservation la plus basse), ce qui veut dire que jusqu’à présent aucun changement de quantité drastique est enregistré, ce qui fait qu’aucune mesure de protection existe et ainsi qu’il semble qu’aucun classement de protection plus élevé ne semble nécessaire. (IUCN 2011)

Dans le passé, l’exportation vers l’étranger était restreinte à de petites quantités (Arndt 1986, Robiller 1990), ce qui fait que probablement ce facteur ne peut probablement pas être tenu responsable de la diminution de la quantité des oiseaux dans la nature.

Détenir les perruches citron; dans le passé et maintenant

Les perruches citron « dans toutes les sous-espèces » sont présentées précaires et les pertes à partir de la capture jusqu’à l’amateur,  sont irresponsablement grandes.  Les plus grandes pertes ont lieu pendant les premiers jours et semaines.  90% des captures faites dans la nature meurent chez les importateurs, le reste, à quelques exceptions près, dans les quelques jours ou mois chez l’amateur.

Cette perruche n’est pas adaptée pour la captivité (Robiller 1990).  Avec ces mots provenant de la trilogie de Franz Robiller concernant les perroquets du monde et la partie des Sud-Américaines, en 1990 tout était probablement dit concernant la détention des perruches citron.  Vingt ans plus tôt, Wolfgang de Grahl avait déjà considéré cette détention aussi difficile.  Il avait vu ces oiseaux en 1970 chez la firme Höhenberger à Hambourg.  Des 3 oiseaux, 2 sont morts très rapidement et sans raisons visibles.  De même il avait eu 3 couples, par hasard,  en 1972 et sa propre expérience était peu encourageante.  Au bout de 3 mois, seul un mâle était encore en vie et il ne devait donc plus espérer un résultat de reproduction (de Grahl 1972).

C’est aux environs de la moitié des années 90 que cette page a été tournée.  D’une certaine manière, certains oiseaux ont pu rester en vie assez longtemps que pour avoir veillé à des poussins car bien longtemps avant il y avait déjà eu des résultats de reproduction chez Striemer à Berlin (1967), Kesler-Hansen à Copenhague (1969) et plus tard (1988) également au Loro Parque à Tenerife et donc la possibilité de reproduction avait été prouvée (Low 1972, 1989, de Grahl 1974).

De par les différentes expériences, la reproduction en volière est moins sensible au stress et aux maladies provoquées par le stress qui jouent un très grand rôle chez les perruches citron d’importation.

Actuellement les perruches citron sont disponibles chez les éleveurs spécialisés qui ont obtenu de la reproduction et ceux-ci sont légèrement stables.  Dans la partie des annonces des magazines spécialisés et sur les plateformes Internet, on ne les retrouve pas encore régulièrement mais avec un peu de patience il est possible de rencontrer assez rapidement de jeunes oiseaux pour un prix raisonnable.

Les statistiques de reproduction de l’AZ enregistrent depuis 2000 une augmentation constante de la reproduction (118 jeunes de 23 couples) jusqu’en 2009 (131 jeunes de 28 couples) et ensuite une chute rapide (2010 : 30 jeunes de 11 couples, 2011 : 42 jeunes de 8 couples).  La quantité commune de jeunes signalés dans la période des dernières 5 ans (2007 à 2011) était quand même de 446 jeunes.  La quantité réelle peut donc quand même être un peu plus élevée car chaque éleveur n’est pas membre de l’AZ et chaque membre AZ ne rapporte pas chaque année les chiffres de reproduction à la banque de donnée de cette statistique.

Il y a donc au fil des années, différentes choses qui ont changé à la durée de vie, les possibilités et les besoins concernant la détention de la perruche citron sous responsabilité humaine

Expériences de propre détention et reproduction

C’est plutôt par hasard qu’en automne 2010 deux mâles et deux femelles non consanguines sont arrivés dans les volières de l’auteur.  Les oiseaux ont passé l’hiver dans une volière intérieure à une température d’environ 5 à 8°C.  Comme il n’était pas encore évident de savoir quels oiseaux allaient s’accoupler, les oiseaux ont reçu comme demeure, par précaution pour se protéger du froid et comme nids pour dormir, 3 caisses en bois avec une pièce de devant (cela veut dire avec une cloison séparatrice et un trou pour passer) qu’ils ont employé régulièrement.  Très rapidement 2 couples se sont formés qui peu de temps plus tard ont occupé chacun un nid.  Encore pendant la période d’hiver, le couple 1 a eu jusqu’en mars 2011 2 œufs et le couple 2 a eu un total de neuf œufs qui ont tous été non fécondés.

En avril, les 4 oiseaux on été déménagés avec leurs nichoirs respectifs vers une volière d’été à laquelle était adossée une volière intérieure non chauffée.  Là, pas grand-chose ne s’est passé.  Les oiseaux avaient besoin de plus de temps pour s’habituer aux oiseaux voisins (à gauche des perruches de Swift et à droite des perruches de Bourkes)

Contrairement à l’expérience décrite par Low (1972), de Grahl (1972) et Ardnt (1986), elles n’étaient en général pas fort timides et ne disparaissaient pas durant la journée dans leur nichoir lorsqu’on les approchait.

Comme nourriture de base elles reçoivent un mélange pour grandes perruches, disponibles dans le commerce avec très peu de graines de tournesol auquel est rajouté des graines pour canari mais sans graines de navet (c’était ce qui était conseillé par le propriétaire précédent).  Ces perruches mangeaient aussi, depuis le début, beaucoup de fruits, principalement de la pomme et de la carotte qu’ils recevaient en petits morceaux, passés à travers le grillage extérieur, afin de les tenir occupés.

Dans la première quinzaine de juillet 2011, nous avons pu remarquer les premiers accouplements, qui se passaient en général sur un perchoir et plusieurs fois par jour.  Ce n’est qu’une fois qu’un accouplement a été vu au sol de la volière.  Les deux couples ont commencé à pondre fin juillet (23.07) et le 9 août, les deux nichoirs étaient remplis chacun de cinq ( !) œufs.  De chaque côté un jeune est né le 5 septembre, ce qui était un beau succès mais les deux jeunes n’ont pas été nourris par les parents et sont morts rapidement.  Les deux pontes ont été placées sous une seule femelle avec donc une couvée de 8 œufs.

Le poids à la naissance des deux jeunes était de 1,5 et 1,9 gr.  Les œufs qui avaient été pondus plus tard et intensément couvés pesaient à la naissance 2,8 / 3,0 / 3,1 / 3,1 / 3,2 / 3,2 / 3,6 g (moyenne donc de 3,14 gr)

Le 18 septembre, surprenant, quatre jeunes ont été trouvés dans le nichoir du couple 1, dont probablement un de sa propre couvée venait de naître la veille.  Les trois autres, mathématiquement étaient nés à partir du 13 septembre car le premier avait nettement une avance au niveau poids vis à vis des deux autres.  Comme les œufs n’étaient pas marqués, il n’était pas évident de savoir de quels œufs les jeunes provenaient et de savoir quels œufs avaient été couvés.  Cette question devra avoir une réponse lors de la prochaine saison de reproduction.  Suivant la littérature, une période de 23 jours a été annoncée (Striemer 19868, Robiller 1990).

Le premier jeune a quitté le nid le 21 octobre (le matin vers 11h.), le second a suivi le 23 octobre.  Le temps qu’ils ont passé au nid, de même que celui des jeunes 3 et 4 était de 38 et 39 jours et donc indiscutablement moins que les donnée dans la littérature.  Robiller (1990) a mentionné 42 à 49 jours.  Il s’agissait de 2 mâles qui étaient directement reconnaissable lors de la pousse des premières plumes de la tête.  Les deux autres jeunes restants se sont ??ontpopen? peu de temps plus tard en femelles.

Si le sexe des jeunes élevés dans la nature est aussi reconnaissable est une chose qui me semble douteuse car Juniper & Parr (1998, page 478) insistent: « Les jeunes mâles capturés montrent des marquages au visage de couleur jaune prononcé ». (souligné par l‘auteur).

De même chez les Canas, (Agapornis canus) sous la garde humaine, l’on sait que avant la mue juvénile, les jeunes au nid montrent déjà la couleur grise de leur tête, couleur de l’oiseau adulte, alors que dans la nature les deux sexes ont d’abord un plumage vert identique (Hampe 1957)

Les deux premiers jeunes qui ont quitté le nid avaient déjà, en tout les cas, la tête, le menton et la gorge un plumage ardent comme les mâles adultes, les flancs étaient de teint jaune clair, les plumes du ventre, – différent des adultes – étaient plutôt de couleur jaunâtre – vert.

Les deux jeunes étaient perchés directement après leur envol du nid et après quelques heures pouvaient voler avec un but et atterrir sur les branches (encore un peu pataud).  Lorsque cela ne se passait pas trop bien, et qu’ils atterrissaient sur le grillage de la volière, les perruches ondulées de la volière avoisinante étaient à chaque fois très intéressées mais ne réagissaient que légèrement de façon agressive.

Observation de comportement

Certains comportements typiques des perruches valent la peine d’en parler et divergent un peu des autres perroquets du nouveau monde.  Lors de l’accouplement, la femelle semble être le partenaire qui prend les initiatives.  Pour cela, elle prend une posture du corps cambré – semblant à l’attitude défensive de la femelle agapornis – mais le corps est moins arqué.  La femelle ouvre un peu les plumes de la queue et les deux partenaires émettent maintenant différents sons (voir plus loin).  Ensuite le mâle s’approche par l’arrière, saute au-dessus de la femelle et mordille d’abord à l’arrière train relevé de la femelle ou passe directement à l’accouplement.  Pour cela, il se coince – comme la plupart des perroquets du nouveau monde – avec une patte au treillis de la volière ou à un perchoir, monte avec l’autre sur le dos de la femelle et consomme ainsi de côté l’accouplement.  Pendant ce temps, les deux oiseaux émettent deux sons différents: l’un est doux et l’autre plutôt jacassant.  Les sons jacassant étaient, comparativement à d’autres plus grands représentants de la faune de psittacidés néo-tropicaux, bien que forts doux mais quand même certainement audibles.

Pendant l’accouplement, il y a souvent des conflits entre les partenaires.  Sous certaines circonstances, la femelle se montre rebutante, le mâle essaye alors pendant l’accouplement de nourrir la femelle qui pour cela tourne alors sa tête sur le côté.  Il semble qu’il s’agisse d’une sorte de « nourrissage calmant » pour contenir des comportements agressifs qui pourraient monter.  Cela ne marche pas toujours et souvent une tentative d’accouplement finit par une dispute entre les deux oiseaux et ils s’envolent chacun de leur côté.

En période de reproduction les couples sont très près l’un de l’autre et il y a certainement une certaine distance vis à vis d’un autre couple, qui lorsqu’il s’approche trop prêt est certainement chassé.  Ces couples ont un comportement très social entre eux, ils se reposent et dorment avec un contact corporel.  Mais il y a aussi des trios à observer: une femelle avec à chaque fois un mâle de chaque côté.  En dehors de la saison de reproduction, tous les oiseaux s’entendent bien, parfois ils sont tous ensemble, les jeunes oiseaux inclus, l’un à côté de l’autre ou ils vont par petits groupes alternés vers les nichoirs pour y passer la nuit.

Le grattage de tête a lieu, par opposition à la plupart des perroquets du nouveau monde, bizarrement en cachette.  Les oiseaux laissent descendre une aile, soulèvent une patte au dessus de cette aile et ensuite se grattent la tête.  Suivant Brereton & Immelmann (1962), parmi les oiseaux du nouveau monde, seul les aymaras, les perruches citron et les perruches Catherine (Bolborhynchus lineaola) (probablement aussi les perruches des Andes – Bolborhynchus orbygnesius) et aussi les perroquets moineaux (les espèces de forpus) font cela.  D’un autre côté, comme tous les autres psittacidés du nouveau monde, ils savent prendre des morceaux de nourriture dans leurs pattes et les amener vers leur bec.  Il s’agit ici d’un caractère de comportement archaïque qui c’est maintenu, on ne sait pour quelle raison, uniquement chez les espèces néo-tropicales Bolborhynchus, psilopsiagon et forpus  sous cette forme et qui n’apparaît que rarement chez les espèces de vieux monde.

Conclusion

La détention et la reproduction des perruches citron ont semblé être sans problèmes chez l’auteur.  De même dans la volière de l’ancien propriétaire, en 2011 de nombreux poussins ont vu le jour sous les anciens couples et parmi eux de nombreux mâles.  Mais aussi de la malchance a eu lieu:  Un mâle plus âgé du groupe des 8 oiseaux de l’auteur est décédé le 2 novembre, totalement amaigri.  Un jeune mâle a suivi 9 jours plus tard, qui lui aussi était totalement amaigri.  Suivant une déclaration du vétérinaire traitant, les deux semblaient avoir de toute évidence une infection de mites.  Si cette perte aurait pu être évitée et si d’autres maladies pouvaient être prises en considération comme cause du décès, restera incertain.

La prochaine saison de reproduction nous donnera peut-être d’autres observations sur leur comportement et d’autres perceptions concernant la manière de détenir cette espèce.

Photos : source: internet

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *