L’Amazone vineuse

Amazona vinacea, Kuhl 1820

Les amazones vineuses sous le soleil argentin

P.R. novembre – decembre 2015

Lars Leperhoff, Ittigen, Zwitserland

Retravaillé par Freddy Lebon

Traduction: William Vanbeginne

Introduction par Freddy Lebon : Depuis longtemps, l’auteur, Lars Lepperhoff est intéressé par les amazones vineuses ; il a fait reproduire cette amazone régulièrement, aussi bien par les parents qu’à l’aide de l’élevage à la main.  Le rêve d’un jour pouvoir observer des amazones vineuses dans la nature est devenu réalité.  Le rédacteur de l’association suisse d’oiseaux EXOTIS, qui édite la revue « Geflederter freunds » est partit sous le soleil argentin.

Il faut dire en passant que l’amazone vineuse a difficile à survivre depuis pas mal de temps du fait du manque des forêts d’araucaria, les forêts typiques côtières au nord de l’Argentine et du brésil à l’océan Atlantique.

Le thème de l’amazone vineuse comporte 3 parties.  La première contient les observations de l’auteur dans la nature.  La seconde partie parlera de l’élevage et du logement en aviculture.  Dans la troisième partie nous allons visiter 3 jeunes femmes au Brésil qui s’engagent pour rendre sauvage surtout les amazones vineuses qui ont été confisqués.

Atterrissage sauf.  Depuis le début j’étais déjà sceptique concernant les nouvelles informations dans la littérature spécialisée à propos de la vie dans la nature des amazones vineuses. (Amazona vinacea).  La plupart des informations provenaient du Brésil.  En Argentine vit une population restante, était-il signalé ou bien elle est très rarement vue en Argentine.  Parfois j’entendais des histoires que la population des amazones vineuses serait totalement éteinte en Argentine.

Entre-temps, j’avais atterris sans accident sur l’aéroport Iguacu.  La conversation dans la voiture qui me menait de l’aéroport à San Pedro, a été très intéressante.  Le chauffeur, Patricio Ramirez s’est avéré être un ornithologue fort expérimenté et compétent.  Il était mon guide et je trouvais que je pourrais compter sur cet homme un petit moment.  « Nous verrons les oiseaux » m’a-t-il dit prudemment avec un petit rire plutôt malicieux.  La voiture roulait en zigzag entre les camions et les motos le long de rangées de maisons où il ne semblait pas y avoir de fin.  Je me posais la question s’il n’y avait pas de règles de circulations ici ?  Patricio me raconta qu’Eldorado est le village le plus long au monde alors qu’il tenait à l’œil les scènes qui se déroulaient dehors et qui glissaient à côté de la fenêtre.  Au bout d’une quinzaine de kilomètres les rangées de maisons ont diminué.  Il a commencé à faire noir et à pleuvoir.  Les gouttes de pluies éclataient sur le pare-brise de la voiture et les camions en contre sens aveuglaient énormément.  Qu’est ce qui m’était passé par la tête?  Je n’étais vraiment pas à l’aise mais je suis quand même arrivé en début de soirée à mon hôtel qui se trouvait à un coin de rue à la périphérie de San Pedro.  Une petite chambre qui ressemblait à un cachot, c’est là que j’allais passer la nuit.  La fenêtre était très petite et placée très haute.  Patricio avait de petits yeux rouges et baillait.  « Je te vois demain à 5 heures » me lança t’il et il disparut.  Je fermais la porte branlante et craquante.

Je ne pouvais pas m’imaginer que l’on pourrait observer ici des amazones vineuses.  Je n’avais plus aucune confiance dans toute cette histoire, mais penser à tout cela serait pour plus tard car je fus vaincu par le fatigue et  tomba dans un profond sommeil.

Dans le royaume de l’Araucaria.  Le jour suivant, nous étions déjà en marche alors qu’il faisait encore noir.  Au bout de quelques minutes nous étions déjà dans la Selva Misionera, la forêt typique de cette région.  Vers 5h30 commence l’aube naissante et les étranges cimes d’arbres, propre à l’araucaria ou sapin Brésilien (aracaria augustifolia) se dessinaient dans le ciel couleur plomb.  Vers 6h brillaient les premiers rayons jaune foncé du soleil à partir de l’est au-dessus de la forêt.  L’araucaria, particulier et primitif montre une toute autre image que par exemple une forêt vierge toujours humide et verte avec des fleurs, baies et oiseaux colorés.  Les arbres araucaria étaient déjà sur la terre lorsque les dinosaures s’y promenaient.  Lorsque l’on regarde alors ici le paysage avec un peu de fantaisie, on se retrouve en pleine période Dino.  J’ai remarqué une vieille table en bois avec l’inscription « San Pedro parc national » qui a été constitué en 1991.  Nous nous trouvions dans la forêt protégée d’araucaria du département San Pedro dans la province Misiones.  Soudainement un cri résonne à travers la forêt, un son « creo, creo, creo » est émis de loin.  Je me suis arrêté net et raide mais Patricio souriait et hochait de la tête.  « Les amazones sont là et on les entend déjà de très loin » me dit-il.  Nous avons encore continué dans la forêt et sommes tombés sur un endroit ouvert et escarpé.  Patricio me dit : « L’araucaria joue un rôle très important dans la vie de l’amazone vineuse.  L’araucaria est l’arbre dans lequel ils nichent et ses graines sont une source importante de nourriture ».  En plus de cela, l’araucaria est un arbre délicat qui ne se s’épanouit pas dans le soleil d’acier.  Il ne fleurit qu’une courte période et lâche ensuite massivement les parties de pollens dans l’atmosphère.  Dans la forêt il semble alors que d’un coup il fait un peu plus obscur lorsque les arbres tous ensemble lâchent leur pollen.  Les jeunes arbres ne grandissent que dans l’ombre des arbres plus vieux.  Cela fait chaud au cœur que nous ayons encore cette espèce d’arbres car au contraire de la forêt vierge du sud-est du Brésil, la province d’Argentine Misiones a été fort frappée par le déboisement et la pollution.  La coupe de l’araucaria Brésilien a été tellement intensive ces 100 dernières années qu’actuellement il ne reste plus qu’un pour cent de la forêt initiale.  De toutes les espèces d’araucaria, l’araucaria augustifolia est l’espèce la plus importante pour la science.  Comme déjà dit plus tôt les graines sont la nourriture de base de cette espèce de perroquet.  Donc, la disparition de cette sorte d’arbre correspond à la disparition de l’amazone vineuse.  Les oiseaux sont devenus rares et pour cette raison placés sur l’annexe I de la CITES.  L’araucaria augustifolia grandit dans un sol où il y a beaucoup d’azote, phosphore, humus et matières organiques qui sont présentes.  Le PH du sol est plutôt bas et contient beaucoup de moellons de roches.  L’araucaria peut vivre jusqu’à 600 ans.  Du fait que le sol n’est plus partout le même, du fait du travail des hommes, vous verrez ces arbres en groupes, donc des restants de forêts.  Du fait que maintenant il est strictement interdit d’abattre cette sorte d’arbre, l’on voit parfois un exemplaire seul au milieu du village ou dans un champ de soja. 

Climat subtropical avec du gel en hiver.  Beaucoup d’arbres ont été abattus précédemment dans le San Pedro parc national, et cela peut se voir au grand nombre d’endroits ouverts dans la forêt.  Pour l’Araucaria, il est difficile de reprendre ces espaces où ils ont été arrachés.  Je ne remarque que de vieux et grands arbres, rarement un jeune arbre grandissant.  La région San Pedro est située environ 500 m au-dessus du niveau de la mer et le climat dans tous le département San Pedro montre beaucoup de ressemblances avec les régions du sud du Brésil où l’araucaria augustifolia fleurit.  Il s’agit d’un hiver doux riche en pluie et un été très chaud et humide.  La pluie qui tombe entre 1.000 et 1.600 m tombe principalement de décembre à mars, donc pendant l’été.  Patricio Ramirez qui vit à Iguaco me fait remarquer que la température pendant l’hiver peut descendre en dessous de zéro.  Ceci provient des courants d’airs froids d’Antarctique mais pendant la journée la température passe à nouveau la barre des 20°C et plus.  Du fait de la croissance luxuriante et d’une présence riche en cyathéales, le gel ne fait pas de dégâts.  Ma visite a eu lieu au début du mois de février et la température la nuit ne descendait pas en-dessous de 22°C et celle en journée montait jusqu’à 28 °C avec un degré d’humidité de 70%.  En général le ciel était couvert de nuages gris, mais de temps en temps le soleil faisait son apparition et envoyait ses rayons d’un jaune or vers la terre.  Dans le lointain j’entendais parfois le tonnerre mais j’ai été épargné de fortes pluies.  Dans la région Araucaria il n’y a que très rarement des périodes forts sèches.  Les forêts Araucaria ont sur le point de vue botanique un caractère de résidus (restants d’une période géologique antérieure).  En plus des Araucarias il y a encore une trentaine de sortes de plantes représentées du monde des plantes d’Antarctique.  Les botanistes sont donc d’avis qu’il y a eu une connexion entre la partie Brésilienne, la province d’Argentine Misiones jusqu’au sud des montagnes rocheuses des Andes.

Les toucans et les opossums comme pilleurs de nids.  A nouveau les cris d’amazones retentissent à travers la forêt.  Une fois, j’ai vu démarrer un vol d’amazones vineuses et disparaitre à l’horizon comme de petits points gris.  Nous savions qu’ils s’arrêtaient dans cette région mais pour pouvoir mieux les observer il fallait que nous partions à la recherche de leurs endroits de nourrissage.  Je sais maintenant que la « rare » amazone vineuse se retrouve dans les environs de San Pedro et les petits villages avoisinants.  Pour le moment d’autres populations ne sont pas connues.  Patricio me proposa de rechercher les oiseaux le lendemain matin dans les environs de la rivière.  Ils y trouveront probablement de la nourriture et moi-même j’avais le sentiment que nous allions pouvoir les voir à cet endroit.

Le lendemain matin les nuages avaient disparu et dans le beau ciel bleu, la forme particulière des araucarias se dessinait distinctement.  Des arbres qui montent de 30 à 40 m  ne sont pas des raretés.  Soudainement un toucan panaché (ramphastos dicolorus) est arrivé à tire d’aile dans un vol ondulé et se pose sur une branche morte d’un gigantesque araucaria et regarde avec méfiance la journée qui commence.  Patricio me demande si je suis ravi de voir cet oiseau coloré qui fait partie de la famille des pics.  « Les toucans appartiennent aux plus importants pilleurs de nids des amazones vineuses.  De bons nids biens profonds sont actuellement forts rares.  Pour cette raison, beaucoup de couples emploient aussi les trous moins profonds qui sont alors pillés par les toucans lorsque les parents quittent un moment le nid » m’explique Patricio.  Avec leur long bec les toucans attrapent sans problèmes les œufs et les jeunes hors du nid.  « En plus de cela, ce sont surtout les opossums à oreilles blanches et les singes qui menacent les nids et puis on ne parle pas encore du nombre important d’oiseaux adultes qui sont tués par les rapaces » me rajoute t’il.  Plus tard dans la journée nous découvrons dans un buisson dense de bambous une femelle de Manakin à longue queue (chiroxiphiab caudata) et un Piaye écureuil (piaya cayana) qui étaient cachés en dessous dans le buisson et qui soudainement s’envole vers la cime ou étaient leurs congénères.  Dans une flaque de boue prolifère du gingembre importé.  « Normalement ici fleurit Blechum brasiliensis »  m’explique Patricio.

Il est maintenant 9h du matin et cela fait un bon moment que nous n’avons plus entendu les amazones vineuses.  Pour Patricio aussi c’est une énigme où les oiseaux se trouvent dans la journée.  « Je les ai déjà souvent aperçus mais uniquement le matin et le soir » dit patricio plutôt laconiquement.

Un colis de nourriture variée :

Vers midi nous avons pris la route pour aller de San Pedro vers le parc provincial Pinalto.  A l’entrée de ce morceau de territoire naturel protégé, les fleurs de couleurs roses du kapokier (ceiba specioso) dominent de toute leur hauteur.  Un peu plus loin, il y a une petite hutte sombre et dans un lit de camp très spécial est couché et dort un des gardes du parc.  A l’extérieur, près de l’entrée il y a une paire de bottes en caoutchouc.  Apparemment c’est l’heure de la « siesta » et nous avons donc décidé de manger notre pique-nique.  Depuis un monticule nous laissons planer un coup d’œil sur le paysage vallonné et totalement boisé où l’araucaria manque totalement.  Patricio sait qu’ici ce n’est que très rarement que des amazones vineuses sont aperçues car elles n’y restent jamais très longtemps.  Nous savons que les cosses des graines de l’araucaria sont la partie principale de leur nourriture mais aussi d’autres arbres et plantes, une trentaine de sortes complète le menu de l’amazone vineuse.   Il est fort probable que les oiseaux volent jusqu’ici, le parc Pinalto, pour les graines et les fruits d’une sorte de palmier (syagrus romanzoffianum) mais aussi les espèces psidium, eugenia, campomanesia, erythrina et mimosa font partie de leur colis de nourriture.  Les oiseaux eux-aussi semblaient faire la « siesta » car on n’entendait aucun bruit.  Juste au-dessus de nous 2 pyrrhura frontalis se reposaient.

Plus tard, lorsque nous nous promenions par les sentiers surpeuplés de buissons, plus profondément dans la forêt, Patricio nous montra un arbre majestueux et nous dit : « voici l’arbre cancherana, qui pour beaucoup de perroquets et perruches est une source de nourriture.  La frontalis vous la verrez aussi régulièrement dans un tel arbre ».  Il s’agit ici de l’espèce cabralea canjerana, qui se retrouve sporadiquement dans la forêt.  Les arbres sont impressionnants, surtout les exemplaires plus vieux se font remarquer par leurs grands troncs.

Espionner les amazones vineuses depuis une tour d’eau :

Sur le chemin du retour, à travers le parc Pinalto, nous avons fait halte dans le petit village Tobuna.  Début février commence les grandes vacances en Argentine et l’école du village était totalement désertée.  Nous avons grimpé à l’aide d’une échelle presque totalement rouillée et où déjà quelques échelons manquaient sur une tour d’eau encore plus rouillée qui était érigée sur la cour de récréation de l’école.  Nous avons pris place sur le toit en béton d’où nous pouvions bien voir au-dessus des quelques maisons solitaires qui étaient disséminées entre la végétation verte et abondante.  Chacun avait apparemment sa propre pompe d’eau et partout était couché, pendaient et couraient des câbles électriques vers la maison.  Vers 18h30 le soleil a doucement commencé à se coucher vers l’ouest lorsque, sans bruits, 14 amazones vineuses sont passées d’ouest vers la direction est.  Dans le lointain nous en avons encore vu 6 voler du sud vers le nord.

Patricio rit aux larmes lorsque je dis que j’ai la tête qui tourne lorsque je regarde en bas et lorsque je me dis que l’on doit redescendre de cette tour fragile.

Je vois encore une sicale bouton d’or (sicalis flaveola) qui s’envole vers un sapin qui a été planté.  De même un tyran mélancolique (tyrannus melancholicus) prend place sur la cime d’un arbre à feuilles à la même hauteur que nous sommes et à peine nous tiens à l’œil.

Avec le visage blanc comme un linge de peur et transpirant comme un bœuf nous sommes arrivés à retrouver après un bon moment la terre ferme et nous avons roulé vers notre base à San Pedro à travers la nuit argentine.

Le lendemain nous sommes partis à la découverte du parc provincial Cruce-Caballero à une hauteur d’environ 650 m, aussi une région protégée où Patricio a pu voir des amazones vineuses pendant qu’ils mangeaient les fruits de l’anadenanthera columbrina, un arbre avec des fruits légumineux qui atteint une hauteur d’environ 20 m.  On ne voit pas ni on n’entend ici d’amazones vineuses mais pendant que je scrute à la jumelle la cime d’un magnifique arbre, à la recherche d’épiphytes, je remarque une conure pavouane seule (psittacara leucophalmis) qui avec le bec a moitié ouvert était occupé à haleter dans la chaleur du midi, en se cramponnant à une branche pourrie d’un figuier des banians.

Patricio me raconte encore que Kristina Cockle, une biologiste, a vu boire des amazones vineuses dans des trous d’arbres où pendant la saison des pluies l’eau avait infiltrée.

Ici encore nous avons fait une longue marche, qui a duré plusieurs heures, à travers le parc de 600 ha et ceci qui à l’aide de corridors est raccordé à d’autres régions protégées.

Des nuées d’amazones vineuses près de lieus de nourrissages :

Nous connaissions maintenant déjà les différentes sortes d’habitats et nous avions déjà une idée de leur comportement et manière de vivre mais jusqu’à présent nous n’avions vu et entendu que des amazones seulement dans le lointain.  Où avions-nous le plus de chance de pouvoir les observer de près ?  C’était maintenant ma dernière matinée dans le San Pedro parc et si on allait vers les régions basses, peut être pourrions-nous les approcher de plus près.  Et nous avons eu de la chance.  Naturellement nous étions déjà en route avant le lever du soleil.  Nous rencontrons déjà les premiers travailleurs sur un chemin de campagne.  Ils nous saluent gentiment et ne semblent même pas étonnés de notre présence.  A six heure il fait déjà clair mais par contre fort brumeux.  Nous entendons soudainement les cris d’un grand vol d’amazones vineuses.  Patricio se dirige dans la forêt et je le suis.  Nous restons accrochés dans des plantes grimpantes, trébuchons sur des racines et des morceaux de bois pourris.  Patricio me chuchote : « nous devons descendre, vers la rivière, je crois que c’est là qu’ils trouvent leur nourriture » et nous avons continué à traverser la forêt.  Soudainement je vois une vieille hutte abandonnée où peut-être antérieurement toute une famille a vécu.  Cela me semble tout à fait confus ce qu’est une région protégée et où les gens peuvent faire de l’agriculture.  Tout semble se mélanger complètement ici.  Nous sommes maintenant sur une hauteur et nous voyons l’espace de la vallée de la rivière Mbuna.  En dessous de nous, dans cette partie basse de l’herbe pousse jusqu’à certainement 2 m de haut.  Dans la Selva Misionera, la forêt d’araucaria de l’argentine côté atlantique, il existe des parties du sol qui sont formées de pierres de basalte pur et qui empêche la pousse des grands arbres.  Je suis surpris de voir, même, ici un cactus de l’espèce cereus peruvianus.  Il étend ses bras de branches vers le ciel et ils ressemblent à des grands doigts desséchés.  Sur le sol nous voyons aussi un grand nombre de belles fleurs basses.  A côté de cela une plantation récente de thé à travers laquelle nous devons passer.  Nous gardons les amazones bien à l’œil alors que nous faisons bien attention de ne pas écraser les jeunes plantes de thé.  Nous sommes maintenant arrivés près de la rivière et nous plongeons dans les hautes herbes, apparemment juste à temps car un cinquantaine d’amazones bruyants et criants passent au-dessus de nous et atterrissent dans un arbre près de l’eau.  Leur vol était très rapide.  Un peu plus loin il y a un rapace sur la cime d’un arbre, bien visible et près d’eux.  Il est maintenant environ 6 h 50 et nous voyons à l’horizon un groupe de perruches souris (myiopsitta monachus) qui surgissent.  Maintenant je peux enfin observer la belle amazone vineuse de couleur verte lorsqu’il mange les graines d’une sorte de buisson.  Régulièrement encore plus d’amazones se rajoutent en provenance de la forêt sombre et d’autres par contre retournent.  Enfin nous avions de la chance.  Nous nous trouvions en plein milieu de la région où les amazones s’arrêtent.  Nous les avions bien vu et entendu chaque matin mais à chaque fois d’un autre lieu et souvent de très loin, ce qui rend leur observation difficile.  Lorsque les nuages enfin disparaissent et que le beau ciel bleu apparait, un groupe d’une huitaine d’amazones s’envolent vers un arbre mort que le soleil réchauffe de ses rayons.  Les oiseaux sont très vigilants mais je peux les observer très bien avec les jumelles et enfin faire de magnifiques photos.  A côté de l’arbre mort, dans un arbre à feuilles, entre la verdure il y avait encore 2 exemplaires que je n’avais même pas remarqué.

Les oiseaux nous ont vus et ils se sont tous envolés en criant très fort.  C’était fini pour aujourd’hui et sur le chemin du retour nous voyons encore un groupe de Guira cantara (guira guira) avec les plumes du cou relevés qui sautillent à travers l’herbe.

Des graines d’araucaria comme nourriture de base :

Les amazones vineuses sont en effet devenues rares à Misiones et se retrouvent dans des régions qui sont fort occupées par l’homme.  Les régions naturelles protégées ne sont en fait que de petits fragments.  La reproduction à Misiones est plutôt restreinte.  Patricio, qui avec des scientifiques, a participé à une recherche nous raconta que durant cette saison-là, seulement 30 trous naturels dans les arbres étaient habités.  Sept de ceux-ci ont été inondés par des grosses pluies, sept autres ont été nettoyés par des toucans et des opossums et chez 14 autres, des pillages illégaux ont été constatés.  Donc seulement dans 2 trous d’arbres des jeunes ont été élevés et grâce à Dieu, ceux-ci ont pu quitter le nid, sain et sauf.

Par la suite, Mara Anfuso, la fille du propriétaire du zoo Guira-Oga à Ignacu déclare que les amazones vineuses sont rares et malheureusement encore toujours chapardés illégalement des nids pour le marché noir.  Dans le zoo, le Loro Vinoso, comme l’amazone vineuse est appelée en Argentine, est détenu et élevé.  Les couples reproducteurs sont tous des oiseaux qui ont été saisis.  Via de grands panneaux et des écriteaux, la population est informée de l’utilité de cette espèce de perroquet.  De même, de l’autre côté du parc, donc du côté Brésilien, la population est exhortée de laisser les oiseaux en paix.  Passé la frontière, le parc se nomme Parque das Aves et est situé à Foc do Ignacu et comme au Brésil l’on parle le portugais les panneaux d’informations mentionnent le nom de Papagaio de peito roxa.  Dans ce parc aussi ils ont des succès de reproduction avec les oiseaux qui ont été saisis.

Ce que j’ai pu aussi constater c’est que l’amazone vineuse à Misiones ne vit pas dans une région isolée, ils se retrouvent aussi bien dans les villages, près des fermes isolées et des régions habitées traversée par des chemins de terres et des rues.  J’ai pu voir des vols d’environ 50 pièces mais aussi de plus petits groupes.  En plus cela m’a frappé que très rarement un couple s’isolait du groupe.

Patricio nous informe que la période de reproduction tombe d’août à décembre et que ce n’est qu’à ce moment-là que les couples qui veulent se reproduire s’isolent.  Les jeunes oiseaux sont vus à San Pedro et Tobuna-parc en mars et avril.  Ils volent alors en grands groupes avec leurs parents.  Il y a des observations connues où des parents qui alimentent encore leurs petits vont ronger les graines d’araucaria pour ensuite nourrir les jeunes.

Sur les sommets des branches de l’araucaria pendent au début de jeunes cônes juteux qui ensuite se développent dans d’énormes grandes balles.  A l’intérieur de ces cônes il y a une quantité de graines qui lorsqu’ils sont mûrs forment la nourriture de base de l’amazone vineuse.  Ces graines sont très riches en hydrates de carbone et étaient, un jour, la nourriture de base de la population primitive dans cette région comme les Pehuenches dans les Andes et la tribu Kaingang au sud du Brésil.

Les amazones vineuses recherchent les graines les plus grandes et les plus mûres et rongent une très grande partie du cône de la graine.  Ils enlèvent la graine du cône, la tienne dans la patte et en épluchent l’enveloppe.  Souvent l’amazone est perché au-dessus de cette énorme boule de graines.

Pendant ma visite nous n’avons pu trouver nulle part un arbre dont le trou de nidification était occupé.  Les oiseaux nichent dans les arbres les plus grands et les plus hauts qui sont choisis minutieusement.

Apparemment ils profitent aussi des trous du très beau pic robuste (campephilus robustus).  De même si des branches de côté cassent alors le trou qui en découle est retravaillé et employé.  Les nids ont été trouvés dans des arbres des espèces Apuleia leiocarpa, araucaria augustifolia et Cabralea canjanera.  De bons nids bien solides peuvent avoir jusqu’à 2 m de profondeur et les couples peuvent souvent être observés dans ces environs.

La biologiste Canadienne Kristina Cockle a pu observer que chaque couple réemploie toujours le même nichoir et qu’il le surveille continuellement.  Lorsqu’il a été dérangé par un prédateur et que la nichée a été perdue, les parents reviennent vers le même nid et le surveille mais ils ne recommencent que rarement à nouveau.  Normalement les amazones vineuses pondent deux à quatre œufs blancs.  La femelle reste fixe sur le nid alors que le mâle fait la garde dehors et veille à la nourriture.  La femelle ne quittera jamais le nid plus de 30 minutes et pendant ce temps elle fera sa toilette et sera nourrie par le mâle.

Revendication particulière sur l’espace de vie :

Je ne peux pas juger si la population d’amazones vineuses va survivre à long terme à Misiones.  L’on estime que la population totale de San Padro, Trobuna et Santa Rosa est composée d’environ 250 exemplaires.  Une petite partie vit encore au Paraguay.  Dans la région Curitiba et Parana au Brésil vit la plus grande partie de la population qui est estimée à 2500 oiseaux.  On ne les retrouve qu’à l’endroit où fleurit l’araucaria.

Patricio Ramirez, mon guide a pu voir un jour des exemplaires de l’amazone de Tucuman dans les nuées de vineuses.  Normalement cette espèce d’amazone vit dans des régions plus élevées, entre 1.000 et 2.200 mètres au-dessus du niveau de la mer le long de parois de la cordillère des Andes au nord de l’Argentine et en partie en Bolivie.  Les parcs provinciaux que Patricio a visités avec moi n’ont été créés que ces 20 dernières années mais l’espoir est permis.

Malgré le peu de revenus et que les touristes ne vont visiter que les cascades, les parcs sont bien entretenus.  Les gardiens de parc sont bien formés et possèdent beaucoup d’informations concernant cette espèce de perroquet rare.  De plus, dans chaque hutte mise à disposition des visiteurs, des photos et des panneaux d’informations sont visibles concernant le « loro vinoso ».  Il semble aussi que les agriculteurs ont peu de problèmes avec les amazones mais ceci sera ainsi aussi longtemps que des parties de forêts d’araucarias seront laissés en paix par l’homme.

Cette espèce est aussi bien reproduite avec succès en aviculture ce qui fait que la population sauvage pourra être renforcée dans un futur lointain.

La région à Misiones est fortement exploitée par la population et ainsi une plus grande population d’amazones ne sera pas tolérée.  Je trouvais cela aussi intéressant que l’amazone vineuse n’était pas présente dans les alentours des chutes d’eaux.  « Naturellement » me dit Patricio, « à cet endroit il n’y a pas d’araucarias ».

Autour des chutes d’eau c’est le cousin, l’amazone à front bleu qui est présent (amazona aestiva).  Il est un fait que l’amazone vineuse fait revendication sur son territoire.

Je retourne dans mon petit hôtel sur le coin de rue à San Padro.  Encore une fois la porte crie et craque lorsqu’elle se ferme derrière moi.

Le temps pour retourner à la maison est arrivé …

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