Mon expérience avec l’Aratinga Erythrogenys

P.R. mars 2018
JP. Kruitz
Traduction : William Vanbeginne

Ces oiseaux sont souvent aussi appelés aratinga Guyaquil. Guyaquil est une grande ville en Equateur, le long de la rivière de Guayas. En Allemagne, cette espèce est dénommée uniquement Guayaquil aratinga. Ces magnifiques oiseaux se retrouvent en Equateur le long de la côte de l’océan Pacifique. Au plus on va vers le sud et au plus la tache rouge sur la tête devient grande. Pour cette raison l’on voit régulièrement de grandes différences dans la couleur de la tête. Par le plus grand des hasards, pendant l’automne de 2005 j’ai eu la possibilité d’avoir un couple d’erythrogenys. La femelle était nettement dans une moins bonne condition que le mâle. J’ai pu les obtenir pour un prix honnête car personne ne les voulait. Les aratingas ont la réputation d’être bruyants. Je n’avais encore aucune expérience avec cette espèce. C’étaient mes premiers aratingas. Les oiseaux ont été installés dans une grande volière extérieure avec un nichoir pour y passer la nuit. Chez l’éleveur précédent ils étaient logés dans les mêmes conditions. Les oiseaux allaient en effet la nuit dans le nid et j’attendais le printemps pour voir comment les choses allaient se passer.

Précédemment le nom de ces oiseaux était Aratinga erythrogenys mais depuis quelques années c’est devenu Psittacara erythrogenys. Ici un couple. Oiseaux et photo de JP. Kruitz

Cela a été une surprise vraiment désagréable car, à un certain moment, pendant une période de gel j’ai retrouvé la femelle morte dans le nid. Déçu, j’acceptais ma première expérience. Les aratingas ne supportent pas si bien notre climat hivernal. Lors de l’examen de la femelle morte, j’ai constaté que ces oiseaux ont un plumage plus fin que par exemple celui que nous avons l’habitude des perruches Australiennes. Le pauvre animal était plus que probablement mort de froid.
Pourtant la chance était quand même de mon côté. Un de mes amis, éleveur d’oiseaux, qui était au courant de ce qui venait de m’arriver avait vu dans une animalerie, un oiseau seul dans une cage. Il pensait qu’il pouvait s’agir d’un Erythrogenis et m’a mis au courant.
Naturellement j’ai sauté dans ma voiture et en effet, quand j’y suis arrivé je l’entendais déjà crier ; prends-moi avec toi, je suis si seul ici. A la maison, j’ai directement placé le nouveau venu avec mon mâle et les deux oiseaux s’entendaient merveilleusement bien. Le couple a alors été logé dans ma grange d’élevage, protégée où je peux garder la température au-dessus de zéro avec un chauffage électrique.

Un couple et leur nichoir. Photo : JP. Kruitz

Au bout de deux mois, j’ai su qu’il s’agissait d’une femelle car elle avait pondu 3 œufs et le couple a élevé sans problèmes 3 beaux jeunes. Encore toujours c’est mon couple préféré surtout parce que la femelle est si apprivoisée et que le mâle a perdu une grosse partie de son caractère craintif. Pendant l’élevage ils protègent leur territoire. C’est à ce moment-là un vrai combat pour pouvoir faire un contrôle du nid ou de les soigner. Tous les matins, je les ai sur ma tête et une fois qu’ils sont soignés ils sont calmes à profiter de leur nourriture. J’ai énormément de plaisir lorsque les oiseaux montrent leur caractère et ceci me plait tellement chez les aratingas. Une fois que l’on a gagné leur confiance ils montrent leur comportement imposant et ce sont des oiseaux brillants à garder. Pour le moment j’élève avec deux couples non consanguins qui l’année passée m’ont donné 8 jeunes magnifiques.

Un peu d’info concernant l’élevage
Plusieurs éleveurs m’ont fait savoir que l’élevage de ces oiseaux est difficile. Il faut savoir qu’une bonne condition de ces oiseaux est une première exigence. Les oiseaux doivent être âgés d’au moins 3 ans. Mon second couple, plus jeune, a eu des œufs à l’âge de 3 ans et ils ont très bien couvés mais les œufs étaient fécondés. La quatrième et l’année dernière ils ont élevé à chaque fois 4 jeunes. Les Erytrogenys nichent en règle générale assez tard. Cela peut prendre jusqu’à mi-juin avant qu’ils ne commencent à nicher. Les dimensions du nichoir sont 50 à 60 cm de profond et 30 x 30 cm au sol avec un trou d’entrée de 8 cm. Le nid a été rempli d’une couche de 10 cm de copeaux de bois que les oiseaux retravaillent eux même.

Une volière avec les jeunes oiseaux.Photo : JP. Kruitz

Tous mes nichoirs sont montés d’un chauffage qui travaille une fois sous les 8° C et se coupe à 10° C (voir la photo). De cette manière les oiseaux gardent mieux leur condition et les femelles n’ont quasiment aucuns problèmes de mal de ponte. De même un éclairage LED rallonge la journée à 12 heures ce qui correspond à la durée de lumière dans leur territoire d’origine. Une fois que les Aratingas se sont mis en route à élever, il n’y a par la suite pas vraiment de difficulté pour qu’ils élèvent les petits. Concernant la nourriture il y a déjà eu bon nombre de parutions alors que chacun a sa propre méthode et chaque marque de pâtée à l’œuf nous dit avoir la meilleure composition. Vous pouvez uniquement avoir de bons résultats de reproduction si vous avez de la patience afin de donner aux « futurs » couples reproducteurs le temps de grandir eux même et de, grâce à des soins optimaux, arriver dans une condition maximale.
Ce qui est extrêmement important chez les aratingas c’est de leur donner chaque jour des fruits frais. L’on dit que 30 % de leur menu journalier doit être constitué de fruits et de pâtée. Réfléchissez à ce que la nourriture germée en fait partie. Les oiseaux sont relativement sélectifs. Les vieilles pommes qui sont déjà un peu tâchées, ils n’en mangent certainement pas. Ce doivent être des belles pommes sucrées et croquantes. D’ailleurs dans la nature, ils ont l’habitude de choisir les plus beaux fruits et les plus délicieux, c’est leur instinct et cela a formé leur goût. A côté de cela vous laissez travailler votre fantaisie. N’oubliez pourtant pas que les aratingas ont souvent besoin de beaucoup de temps pour s’habituer à une nouvelle nourriture ou fruit, donc ne perdez pars trop vite courage.

Cet aratinga Guayaquil reçoit un morceau de pomme. Les fruits forment une partie importante de leur menu. Photo : D. Loodts.

Les aratingas ont, concernant le bruit qu’ils produisent, un nom un peu notoire. Lorsque c’est le cas, cela concerne quelques-uns des grandes espèces. Chez les plus petites espèces le bruit est tout à fait normal. Une Princesse de Galle sait, elle aussi, bien se faire entendre et pourtant je n’ai encore personne entendu se plaindre du bruit qu’elle émet. Il y a des éleveurs qui deviennent inquiets lorsque les oiseaux se font entendre. Moi-même je deviens inquiet lorsque je n’entends plus rien. Un oiseau qui ne fait pas de bruit est un oiseau mort et à celui-là, il n’est plus possible d’en profiter.
L’Erytrogenys a plus ou moins un son grattant qui, du fait qu’il n’est pas perçant ne me dérange pas du tout. Même chez les plus grandes espèces d’Aratingas il y a des oiseaux calmes. Une fois qu’ils ont l’habitude de leur logement et de leur soigneur, c’est plus que tolérable. La seule chose, ils veillent comme des oies et lorsqu’il y a des étrangers dans leur voisinage, ils le font savoir irrémédiablement. Uniquement si vous vivez dans un quartier fort habité alors je vous conseille de faire attention. Vous pouvez, si possible les loger dans une grange d’élevage. Alors, pour vos voisins, au niveau bruit il n’y aura pas de problèmes. Les Aratingas sont assez rare et pour le maintien et notre beau hobby, ce serait intéressant qu’il y ait un peu plus de ces magnifiques oiseaux, ici en Europe
Les aratingas, lors de bons soins, sont des oiseaux solides, de bons et fiables reproducteurs et ont du fait de leurs intelligence et leurs couleurs un formidable charisme et donnent par leur trait de caractère et comportement beaucoup d’amitié et de satisfaction en retour.

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