L’Amazone à front bleu

Logement, alimentation, comportement et élevage

Parkieten Revue mai 2021

Carsten Vedder, Kassel (D)

Retravaillé par Freddy Lebon

Traduction :  William Vanbeginne

Mon expérience des soins et élevage des amazones à front bleu

Amazona aestiva (Linnaeus 1758)

Introduction

L’amazone à épaulettes rouges ou amazone à front bleu comme il est généralement apellé, oui …l’épaule rouge, pas l’épaule jaune ou épaule jaune, rouge mais rouge et est de loin l’espèce d’amazone la plus détenue en Europe et la plus importée.  Alors que les années passées, de façon prédominante un seul oiseau était détenu, surtout en cage pour le rendre « apprivoisé », actuellement suivant les règlements légaux, il ne s’agit plus d’une forme de logement conforme à l’espèce et oui, cette manière est à éviter de manière urgente.

L’espèce et ses diffusions

Deux espèces sont décrites scientifiquement :  L’amazone à front bleu (Amazona aestiva aestiva), (Linnaeus, 1758) et l’amazone à front bleu à ailes jaunes (Amazona aestiva xanthopterix), (Berlepsch, 1896).  La forme nominale vit dans la partie ouest du centre du Brésil, au sud de l’état fédéré Piaui ; donc de l’ouest de Pernambuco jusqu’au sud-est de Mato Grosso et l’ouest du Paranà.

L’amazone à front bleu à aile jaune se retrouve plus à l’est, du nord et est de la Bolivie et du sud-ouest du Brésil en passant par le Paraguay jusqu’au nord de l’Argentine (région Cordoba).  Les biotopes des deux espèces sont très variés.  Leur habitat est constitué de forêts vierges humides, de zones de forêts sèches, de forêts de palmiers, de savanes légèrement plantées d’arbres, de forêts arrachées et de régions agricoles avec ici et là encore quelques arbres.  En règle générale, ces amazones sont des habitants de régions basses mais ils se retrouvent aussi dans les régions montagneuses du Brésil et de la Bolivie jusqu’à une hauteur de 1600 m au-dessus du niveau de la mer.  Ils vivent en général en couples ou en petits groupes familiaux.   En dehors de la saison de reproduction, dans certaines régions l’on peut rencontrer de grands groupes qui alors, ensemble, vont se retrouver dans des arbres dortoirs.  Ceux-ci sont ici et là partagés avec l’amazone du Venezuela (Amazona amazonica).

Depuis la région Gran Chaco en Argentine, il y a l’information que les amazones à front bleu à ailes jaunes se retirent, après la saison de reproduction (de mars à octobre) dans les vallées au pied des montagnes des Andes.

Note de F. Lebon : ceci se passe dans quelques régions plus précisément à l’est de Gran Charco car tous les amazones front bleu à ailes jaune ne le font pas.  De même il y a des groupes d’oiseaux qui recherchent la présence des Amazona tucamana et errent un moment avec ces derniers.  Il est un fait qu’après la période de reproduction, de grands voyages errants sont entrepris dans leur zone de distribution qui est énormément grande.

Dans les régions où ils ne sont pas chassés, les amazones à front bleu sont peu timides, cela se remarque à leurs petites distances de vol.  La période de reproduction principale tombe dépendamment de leur territoire d’octobre à mars.  Les pontes sont composées de 2 à 5 œufs qui sont couvés de 25 à 26 jours.  La durée que les jeunes restent au nid est de 50 à 65 jours.

Description

En opposition avec la courbure de l’aile rouge de la forme nominale, la courbure de l’aile de l’amazone à front bleu à ailes jaune est bien entendu jaune.  Dans la partie supérieure de la courbure de l’aile l’on voit souvent quelques plumes rouges dans le jaune mais chez certains spécimens ce n’est pas le cas.  En règle générale, le jaune des parties de la face est beaucoup plus extensif mais est aussi très variable.  La longueur totale des deux espèces est de 37 cm.  L’amazone à front bleu se retrouve encore en grand nombre dans la plupart des régions de sa zone de distribution et avant les contraintes commerciales était exportés en grand nombre vers l’Europe.  Le 6 juin 1981 ils ont été enregistrés en annexe II de la convention de Washington.

En aviculture

L’amazone à front bleu est l’espèce d’amazone qui se retrouve le plus en aviculture et l’espèce qui y est aussi la plus reproduite.  Le premier succès de reproduction mondial a eu lieu en 1880 chez Renouard en France.  Même si cette espèce se met facilement en route pour reproduire, il faut cependant veiller à tous les besoins de bases pour pouvoir parler d’un élevage en captivité « réussi » (élevé par les parents).  A cette fin, il faut des oiseaux en bonne santé, à maturité sexuelle, d’espèces ou sous-espèces pures et surtout les couples doivent pouvoir vivre harmonieusement ensemble.  La maturité sexuelle chez cette espèce se situe généralement entre la troisième et cinquième année.  De même, un logement axé sur l’espèce en plus d’un bon nichoir, et mieux encore différents nichoirs, est indispensable.  Un autre facteur important est l’alimentation appropriée qui doit être suffisamment alternée et qui doit être ajustée aux saisons. 

En règle générale, ici chez nous, au centre de l’Europe les amazones à front bleu nichent entre mars et juin.  Il est conseillé de les loger dans une volière métallique car chez cette espèce leur appétit pour ronger est grand.  Les dimensions de la volière doitven être minimum 3m x 2 m x 2m (L x l x h) et accolé, un abri de nuit ou un abri où ils peuvent se mettre à l’abri.  En leur donnant régulièrement des branches fraiches (saule ou branches d’arbre fruitier) l’éleveur veille à les occuper, une possibilité de ronger et un entretien optimal du bec.

Mon expérience avec la détention et l’élevage de l’amazone à front bleu remonte déjà jusqu’en 1983.  Mon premier couple, je suis allé le chercher à l’époque au Vogelpark Walsrode, mais malheureusement, le mâle n’était pas en harmonie avec son partenaire.  De même, vis-à-vis de moi, il montrait une agressivité exagérée.  J’ai décidé l’année suivante de donner ce mâle à un parc animalier où il pouvait se défouler dans une très grande volière.  Peu de temps après, j’ai fait l’acquisition, à nouveau à Walsrode, d’un nouveau mâle et cette fois-ci j’ai eu la main heureuse car les deux amazones s’entendaient très bien.  Cela a quand même duré encore 2 ans, jusqu’en janvier 1986 avant que ma première femelle amazone front bleu naisse et soit élevée avec succès par ses parents.  L’année suivante, (1987), ce sont deux jeunes qui ont été élevés sans problèmes.  Après une année de pause, ce couple expérimenté a à nouveau élevé 2 poussins.  Ensuite pour des raisons, entre autre professionnelles, cela a pris un peu de temps avant que je puisse recommencer à détenir des oiseaux (2002).

Pour commencer j’avais acquis un couple d’amazones à nuque jaune (Amazona auropalliata) et puis je suis à la recherche d’un couple adulte d’amazones à front bleu à ailes jaunes (Amazona aestiva xanthopterix).  Ce couple malheureusement ne s’entendait pas très bien, ce qui fait que j’ai décidé d’échanger le mâle.  L’année suivante, ce couple recomposé a élevé sans problème 3 jeunes.  Ce couple reproducteur, je l’ai donné en 2003 à un très bon ami collègue, éleveur et pendant 2 ans ce couple lui donner sans problèmes des poussins.  Les 7 années qui ont suivi je n’ai gardé que le couple d’amazones à nuque jaune, qui malgré une très bonne harmonie n’ont montré aucune activité de reproduction.  Ce n’est qu’en 2010 que j’ai décidé de loger à nouveau dans mes volières un couple d’amazones à front bleu à ailes jaune.  J’avais trouvé un mâle, né en 2008 que j’ai essayé d’accoupler à une femelle plus âgée qui était un ancien oiseau de compagnie.  Pendant les 2 années suivantes, aucune harmonie entre les deux oiseaux n’était à déceler.  Je les ai donc séparé et à l’automne 20212, le mâle avait entre-temps 4 ans, je l’ai logé avec un « bébé amazone » femelle.

La volière mesurait 5m x 3m x 2m (L x l x h) avec un abri de nuit accolé à la volière de 3m x 4m x 2,5m (L x l x h).  Les deux amazones se sentaient particulièrement bien dans ce nouvel environnement et l’harmonie entre les deux oiseaux était bien visible.  Maintenant c’était à mon tour … Je devais avoir de la patience et rester calme.  La femelle devait maintenant arriver à maturité sexuelle.  Seulement 3 ans plus tard je notais déjà un comportement de reproduction.  Je me disais que c’était quand même rapide mais enfin.  En 2015 la femelle couvait une ponte constituée de 4 œufs fécondés.  Trois jeunes sont nés qui ont été élevés sans problèmes.  J’avais proposé 3 nichoirs et c’est le nichoir naturel placé horizontal qui a été choisi.  Je l’avais placé ainsi car c’était facile pour moi de contrôlé le nichoir depuis l’extérieur.  Pendant qu’ils ont élevé leurs poussins, le couple n’a montré aucune agressivité envers moi.  Un couple aussi « gentil » est particulièrement inhabituel pour des amazones.  La période de couvaison et celle suivante dans le nid c’est passée si facilement et sans problèmes que j’étais moi-même préoccupé et que j’ai effectué des contrôles réguliers mais les jeunes étaient parfaitement en bonne santé et les jabots étaient toujours bien remplis.

Le mélange de nourriture était naturellement ajusté aux besoins journaliers et nécessaires.  Pendant la période de mi-mars à mi-octobre, en plus du mélange classique de graines, des extrudés et différents fruits et légumes ont été proposés.  Pendant la phase de couvaison, des graines germées et de la pâtée à l’œuf a été ajoutée à leur alimentation, de même que quelques crevettes.  Bien naturellement, du grit, des os de sèches et des pierres à picorer pour pigeons étaient à leur disposition toute l’année.

Pendant l’année 2016 il y a eu également une ponte de 4 œufs et cette fois-ci 2 jeunes sont nés.  Les deux poussins, des mâles ont eux aussi bien évolué et biens grandi.  En 2017 ce sont 5 œufs qui ont été pondu mais seulement un jeune mâle a été élevé.  Pour l’année 2018 je me souhaite que la tendance négative entre le nombre d’œufs pondus et le nombre de jeunes élevés va stopper.

Stade de développement des jeunes amazones

Après leur naissance, les jeunes sont couverts de duvet blanc sur la tête et le dos.  Le reste des parties du corps sont de couleur rose et nu.  Le bec est de couleur corne, jaune.  Au 13^ème jour le bec commence à devenir plus foncé, au 16^ème jour les premières hampes sont visibles sous la peau et un jour plus tard les yeux s’ouvrent sous forme d’une fissure.  Le 26^ème jour les yeux sont totalement ouverts et deux jours plus tard, le duvet gris semblable à de la fourrure est totalement développé.  Le bec est maintenant totalement noir et les hampes des ailes s’ouvrent.

Après 33 jours, les premières plumes de la tête sont visibles.  Au bout de 7 semaines, le plumage est totalement développé et une semaine encore plus tard, les premiers jeunes se préparent à quitter le nid.  Les éleveurs expérimentés laissent alors les jeunes oiseaux encore au moins 2 à 3 mois avec les parents à voler dans la volière.

La pose de la bague aux jeunes oiseaux va se faire entre le 11^ème et le 15^ème jour de vie.  Pour cela, l’on conseille des bagues de 11 mm en Inox.  Lorsque l’éleveur va vendre ses poussins à leur nouveau propriétaire, il va de soi qu’il va faire part des particularités de l’élevage des amazones.  Céder les oiseaux pour être enfermés seuls dans une cage est une chose que chaque éleveur sérieux va refuser.  Les loger par couple et par espèce est préférable car de notre temps il est facile à comprendre que l’homme ne peut pas être un remplaçant pour la communication entre les espèces d’amazones.  Les oiseaux solitaires dans une cage ont tendance à long terme à avoir un comportement agressif et des attaques soudaines envers leur soigneur.  Dans les magasins d’oiseaux ou chez des marchands il y a suffisamment de malheureux qui ont déjà voyagé dans tout le pays.  Des amazones gardées en couple dans de grandes volières intérieures et extérieures peuvent eux aussi être apprivoisés, devenir affectueux et apprendre à parler alors que ceci ne devrait, en fait, pas être le cas.  D’un autre côté, tous les individus ne conviennent pas pour cela et il y a une très grande différence entre les caractères et ceci chez toutes les espèces d’amazones.  Donc en fait, tout comme chez l’homme !!!

De plus, lors de la détention d’un oiseau dans le living, personne de la famille va être immunisé contre la poussière de plume ou développer un anti-corp contre celle-ci.

La seule chose qui est d’application pour moi c’est : les loger dans de grandes volières intérieures et extérieures !  Pour cela, il ne faut pas oublier de respecter les règlements de construction locaux et surtout d’aller jauger le « climat » avec vos voisins.

Les amazones à front bleu sont des perroquets de très bonne humeur et actifs, qui font entendre leurs cris métalliques, sonnants et fort surtout le matin tôt et le soir.  De plus, lors de l’achat, chez les amazones, il faut surtout bien faire attention aux espèces et sous-espèces de telle manière à garder les races bien pures.  Si ces différentes choses ne sont pas possibles, ne pensez pas à garder les espèces d’amazones.  NE COMMENCEZ PAS !

Il faut encore mentionner que la vraie forme nominale, Amazona aestiva n’a que peu de jaune sur la tête et une un front bleu très large, jusqu’à la moitié du crane.  Sur la courbure de l’aile il a quelques plumes rouges, sans jaune.  Cette espèce se retrouve très rarement chez les amateurs.

Note de F. Lebon : la forme nominale ressemble en effet à cela et cette espèce se retrouve encore dans la partie est du Brésil.  Du fait des grandes randonnées à travers leur zone de distribution, pas mal de croisements avec le front bleu à ailes jaunes ont lieu.  En plus de cela il y a pas mal de variations dépendamment de la région où ils vivent.  Il n’y a que très peu d’amazones à front bleu qui sont dessinés et colorés de la même manière.  Ceci fait que dans les années antérieures il y a eu un certain nombre de sous-espèces qui ont reçu des noms pourtant des examens génétiques nous ont montré qu’il n’y a pas de différences entre ces différents oiseaux.  Deux espèces sont donc reconnues : aestiva et xanthopteryx.  De petites plumes rouges sur les ailes jaune vive d’un amazone à front bleu à ailes jaune peut donc être un croisement avec une forme nominale.  Des courbures de l’aile jaune pures qui arrivent jusqu’à la moitié de l’aile ou des jaune pures mais seulement de petites taches peuvent être cette fois-ci des variations.  A l’époque des grosses importations les oiseaux de même dessins et couleurs n’ont quasiment jamais été accouplés entre eux.  Actuellement l’on parle d’ailes jaunes Boliviens, d’ailes jaunes Argentins etc… mais ceci n’engage que leur provenance et il ne s’agit certainement pas de sous-espèces.  Les amazones à front bleu ont posé beaucoup de problèmes aux ornithologues mais un « amazone unique » n’existe pas. 

La préservation d’ailes jaune purs est dans nos mains et le pool génétique est relativement grand.  Accoupler des oiseaux identiques en couleur est donc aussi le message.

Conclusion

Pou ceux qui veulent commencer l’élevage des amazones, l’amazone à front bleu est parfaite pour gagner de l’expérience.  C’est une espèce à conseiller, qui va se reproduire facilement … MAIS … les gens ne doivent pas oublier qu’une espérance de vie de 40 ans voire plus chez ces perroquets est tout à fait normale.  N’oubliez donc pas que donc pendant des années des soins sont nécessaires, votre vie, votre temps libre, votre envie de voyager et d’autres occupations vont donc changer totalement et être déterminé.  Moi-même j’ai eu la chance que mes amazones à front bleu ont été élevés par leurs parents.  Ce n’est que quand l’élevage naturel menace de mal se passer que l’élevage à la main est une alternative que l’on peut employer.  En tous cas, ces jeunes élevés de cette manière ou par n’importe quelle manière, doivent le plus possible être mis en contact avec des jeunes élevés par les parents.  Les jeunes oiseaux apprennent l’un de l’autre et avec cette mesure, les fautes faites plus tard ou un comportement agressif peuvent être évités ou du moins diminués.