Cacatoès de Leadbeater

P.R. mars &avril 2018
Dr. Thomas Hillman, Ludinghausen (D)
Retravaillé par Freddy Lebon
Choix des photos: Dirk Loodts
Traduction : William Vanbeginne

Les cacatoès de Leadbeater sont pour les amateurs de cacatoès les oiseaux les plus ardemment désirés et chez moi cela a été aussi le cas. Lors de l’achat de ces magnifiques oiseaux, un souhait très longtemps nourris s’est enfin réalisé. Pour nos lecteurs et lectrices, j’ai écrit cet article avec plus d’informations sur leur vie dans la nature et de mes expériences de l’élevage et des sois de cette espèce de perroquet.

Photo : G. Verlinden


Distribution
Le territoire de distribution du cacatoès de Leadbeater s’étale sur les déserts et demi-déserts d’Australie et se tortille uniquement sur l’ouest et le centre du sud du continent jusqu’aux régions côtières. Si l’on regarde le nombre d’oiseaux par états fédérés alors il semble que ce sont New South Wales et Victoria les ports d’attaches préférés des cacatoès de Leadbeater. La forme nominale (cacatua leadbeateri leadbeateri) vit surtout dans l’est alors que la sous-espèce (C. l.mollis) (d’après Forshaw 2002) se retrouve surtout à l’ouest et l’intérieur de l’Australie du côté est jusqu’à la presqu’île Eyre et le Lake Eyre au sud de l’Australie.

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Un cacatoès de Leadbeater sauvage avec une pomme de pin. Photo : E. Van Der Stricht.


Note du traducteur (F. Lebon) : Il y a quelques années, sur base de son plumage rose et suivant les études et recherches effectuées à ce moment-là, le cacatoès de Leadbeater a été séparé du cacatoès blanc et à nouveau classifié dans son propre génus lophocroa. Dans la check liste de Joseph Del Hoyo parue en 2014 (HBW et Birdlife international Illustrated checlist) le cacatoès de Leadbeater a à nouveau été classifié dans le génus cacatua. De nouvelles études moléculaires (effectuées très récemment) ont montré que cette espèce est très fortement apparentée aux autres espèces du genre cacatua. Mais, disent-ils, il est possible qu’à cause de son plumage, qu’un génus séparé peut-être attribué à cette espèce dans le futur. Dans la nature, les oiseaux ont croisés avec le cacatoès rosalbin (eolophus roseicapilla). La sous-espèce mollis n’est plus reconnue car pour les 22 couples capturés de toutes les parties d’Australie et lors des examens des nombreux oiseaux empaillés dans les musés l’on retrouve des oiseaux avec beaucoup, peu et même sans jaune dans la huppe. Antérieurement les Cacatoès de Leadbeater étaient même divisés en 3 sous-espèces sur base de leur grandeur et quantité de jaune dans la huppe, mais à part cela il n’y a pas de différences génétiques, ce qui fait qu’il n’y a pas de données pour l’établissement de sous-espèces. Vigors a même décrit en 1831 le cacatoès de Leadbeater comme plyctolophus leadbeateri.
En tous les cas cela devient une soupe avec des boulettes !!!

Couple reproducteur dans leur grande volière près de leur nichoir. Photo: Jan

Statut
Les cacatoès de Leadbeater appartiennent dans leur pays d’origine comme une espèce plus rare et sont strictement protégés dans tous les états fédérés. Sur la liste rouge IUCN (situation de 2013) la population est notée comme stable alors qu’en fait un enregistrement exact de leur nombre n’a pas encore eu lieu. Pourtant la grandeur de la population de la forme nominale a été évaluée à 50.000 exemplaires. Le dérangement de leur habitat surtout dans le sud de l’Australie et à l’est du pays est le facteur le plus menaçant pour leur population. Le vol des nids et les captures pour le marché local ne comptent pas et ne jouent qu’un rôle très secondaire.

Manière de vivre et biotope
Le biotope du cacatoès de Leadbeater comprend de nombreux différents habitats mais en tout cas la plupart des oiseaux sont rencontrés dans des régions de savanes d’eucalyptus ou des savanes de buissons d’acacias avec peu d’arbres comme des buissons d’eucalyptus, callistris ou casuarina. Des superficies totalement sans arbres sont généralement évitées (Vogels, 1995).
La nourriture des cacatoès de Leadbeater vivant dans la nature est (suivant Matthias Reinschmidt, 2007) de manière prédominante végétale : des graines d’herbes, des graines de mauvaises herbes, des noix, des fruits, des baies, des fleurs, des bourgeons et les racines de plantes herbacées qu’ils déterrent. Les insectes et larves sont elles aussi pas dédaignées. Vogels (2005) nous fait remarquer que les graines des petits melons (cucumis myriocarpus) et de citrullis ianatus sont particulièrement appréciées par les cacatoès de Leadbeater (et par d’autres cacatoès Australiens). En plus de cela, ils apprécient aussi les graines de pins et sapins importés et les graines des espèces d’eucalyptus endémiques. Rowley et Chapman (1991) ont découvert pendant une étude de plusieurs années en Australie de l’ouest que cette espèce de cacatoès se nourrit toute l’année principalement d’une sorte de blé, une plante avec des racines et feuilles noueuses (emex australis) et une sorte de calebasse sauvage (potiron) (citrullus lanatus).

Les cacatoès de Leadbeater se trouvent la plupart du temps par couples mais aussi de petits vols de 10 à 50 individus sont visibles. Une situation spéciale a lieu lors de temps très secs car alors des groupes peuvent se former avec des troupeaux de plus de 500 pièces surtout dans l’état de Victoria (Vogels 2005). En dehors de la période de reproduction qui varie fortement suivant les pluies, depuis mai au nord jusqu’à août/décembre au sud de l’Australie les couples forment de petits vols où les jeunes oiseaux pas encore matures sexuellement se rajoutent.

Dans la nature les cacatoès de Laedbeater couvent par couples avec une distance minimale d’environ 1 km des autres couples qui couvent. Dans le même arbre il peut, par contre, y avoir aussi des nids de rosalbins, callopsittes ou de perruches ondulées. Comme trous pour nicher de grands troncs ou de grands trous dans des branches sont choisis qui peuvent se trouver entre 8 et 19 m de hauteur et surtout à proximité de cours d’eau, criques ou sources d’eau. La ponte est généralement constituée de 3 à 4 œufs. Le temps de couvaison est de 23 à 24 jours et la femelle couve généralement la nuit alors qu’elle est relevée par le mâle tôt le matin. La femelle part alors à la recherche de nourriture et en fin d’après-midi une nouvelle relève a lieu. (Rowley et Chapmann 1991). Environ 57 jours après la naissance les jeunes quittent le nid et pendant environ 6 mois, ils vont suivre leurs parents à la recherche de nourriture et ensuite les jeunes vont rejoindre des vols d’autres jeunes oiseaux.

Couple devant un nid naturel. Photo : P. Vanesch


En aviculture
Les cacatoès de Leadbeater sont détenus par l’homme depuis de longues années. Déjà en 1834, dans les archives du Zoo de Londres l’on trouve de la documentation sur leur maintien et logement. Depuis l’interdiction d’exportation du gouvernement Australien dans les années 1960, les importations d’autres pays sont aussi devenues très rares. Des cas de reproductions documentées existent déjà depuis 1901 en Angleterre. En Allemagne dans les années 1980 les oiseaux de propre élevage sont devenus un peu plus importants. Le parc à oiseaux Walsrode a des succès réguliers depuis 1980. Tout comme Karl Diefenbach (1982) je suis aussi d’accord que le lien de confiance entre l’homme et l’animal, spécialement pour la femelle, doit être optimal et ceci a une conséquence très positive sur le comportement de reproduction

Le plus important est naturellement l’harmonie entre les deux oiseaux et aussi un très bon logement. Une recherche de Rowley et Chapman a montré que des couples qui reproduisent vont jusqu’à 10 km de leur arbre, où il y a le nid, à la recherche de nourriture. Ce comportement veut dire qu’en aviculture aussi les oiseaux doivent avoir le plus d’espace possible. Dans la station de reproduction du Loro Parque (La Vera) qui héberge la plus grande collection de cacatoès Leadbeater en Europe avec ces 30 à 50 exemplaires, les couples sont logés dans des volières entre 6,6 et 10 m de long et une largeur de 1,5 m. Dans ma collection, les cacatoès sont logés dans une volière intérieure chauffée de 3 x 2 m avec une volière extérieure de 5 x 1,5 m. La volière extérieure est plantée de bambous et les côtés (comme aussi à La Vera) de la volière extérieure sont protégés par des plantes. Pour la construction de la volière extérieure, il faut employer un treillis costaux et de minimum 2 mm d’épaisseur.

Alimentation
L’alimentation sera, comme dans la nature, PAUVRE EN GRAISSES. Toute l’année, je donne un mélange pour grandes perruches SANS graines de tournesol, où je rajoute en saison de reproduction et durant la matinée de la nourriture à germer de Versele Laga. De même pendant la saison de reproduction chaque jour je leur présente de la pâtée à l’œuf de Witte Molen que j’humidifie avec des carottes rappées. Les protéines animales sont données sous la forme d’insectes séchés. En plus de cela, chaque jour ils ont à leur disposition des fruits et de la verdure. Ce qu’ils aiment particulièrement ce sont les pommes sucrées, poires, carottes, fenouil, baies rouges, baies de sorbier, mûres, rozebottels et baies de pyracantha. Comme verdure, de jeunes pissenlits, de la bourse à pasteur et des graines d’herbes mi mûres. Les fruits sont enrichis 3 x par semaine de Korvimin. Un bloc de minéraux Claus se trouve tout le temps à leur disposition. Ce qui est très important c’est que les animaux doivent être occupés. C’est pourquoi plusieurs fois par semaine je leur donne des branches fraiches de saule, noisetier ou d’arbres fruitiers et ainsi les soins en minéraux sont optimalisés

L’élevage
La reproduction du cacatoès de Leadbeater réussit régulièrement depuis 1980 mais ne vous imaginez pas que cela se passe sans problèmes. Il est à conseiller (mais malheureusement très cher) de composer un petit groupe de jeunes oiseaux non consanguins de telle manière que les couple de cacatoès puissent se rechercher et se former.

Il y a quelques années j’ai racheté un couple d’un ami éleveur. Le couple était constitué d’une femelle élevée à la main de 4 ans et d’un mâle 100% élevé par les parents également de 4 ans. L’harmonie entre les deux oiseaux était très bonne, ils allaient manger ensemble, se nettoyaient mutuellement les plumes, se reposaient et dormaient ensemble. En fait ils étaient toujours côte à côte. Dans nos contrées, la parade commence déjà en février ou mars et c’est un jeu d’échec assez impressionnant. Le mâle parade avec la huppe bien levée et les ailes relevées, ce qui montre clairement les couleurs magnifiques du dessous des ailes en direction de la femelle. En même temps la tête est bougée en courtes saccades de gauche à droite.
Quelques semaines plus tard, suit la ponte des œufs. Avant que le couple ne se mette à pondre, différents nichoirs sont étudiés, dont différents nids bûches. A mon grand étonnement, le choix final s’est porté sur un tuyau en plastique avec un diamètre intérieur de 30 cm. Chez mon couple reproducteur, la première ponte a eu lieu lorsqu’ils ont eu 8 ans ( !). A partir de ce moment ce couple a chaque année une ponte de 4 œufs et malgré les notes qu’il y a dans la littérature, la plus grande partie du temps couvé par la femelle. Mon mâle n’a probablement que très peu d’envie de couver. Pourtant tous les œufs sont toujours fécondés et chaque fois à nouveau 2 jeunes meurent presque immédiatement. La cause de ce phénomène est toujours imprécise. Les deux jeunes qui restent sont élevés par les parents sans aucun problèmes jusqu’au moment où ils vont quitter le nid car alors commencent ceux-ci. Le mâle devient agressif vis-à-vis de ses jeunes, ce qui fait que je dois prendre à chaque fois la décision d’un divorce. Monsieur va dormir seul alors que Madame va continuer seule à élever les poussins jusqu’à ce qu’ils aient trois mois de plus et qu’ils soient indépendants

Couple de cacatoès de Leadbeater. Photo : P. Vanesch


Conclusion
Je ne sais pas avoir de cacatoès de Leadbeater dans mes volières. Leur plumage de couleurs et leur comportement majestueux me motivent à chaque fois à nouveau.
En résumé, l’éleveur a besoin pour ces oiseaux d’une volière adéquate en grandeur et forme. Faites surtout attention à la nourriture et au niveau de graisse pour essayer d’approcher le plus près possible leur style de vie naturel. A ce moment-là, il semble qu’ils ne soient pas une sorte d’oiseaux si difficile à soigner.
Ce qui est plus difficile c’est la reproduction. Il est certainement indispensable de bien observer le mâle reproducteur et de bien surveiller tous ses mouvements.
Reinschmidt et Seert (2000) prétendent (après une étude) de pouvoir restreindre de manière significative le « taux d’agressivité » du mâle lorsque dans un voisinage proche et visible des cacatoès rosalbins sont logés. Leurs proches voisins dans la nature, …
Mmm, cela se pourrait, … ils nichent souvent dans le même arbre.

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