La mue, les plumes font l’oiseau

Parkieten Revue. août 2018
Piet Rozendaal
Choix des photos : Loodts Dirk
Traduction : William Vanbeginne

Les oiseaux se différencient des autres êtres vivants du fait qu’ils possèdent des plumes.  Pourquoi est-ce que les oiseaux ont des plumes.  Les plumes servent pour l’isolation de la chaleur, le mouvement et le camouflage.  Le nombre de plumes chez un petit oiseau est la plupart du temps moins que chez un grand.  Chez les oiseaux de chant cela varie de 1.100 à 4.600 alors qu’une poule en a environ 8000 mais le géant aigle des mers Américain par contre n’en a que « seulement » 7.000.  Le plumage le plus concentré se retrouve chez les oiseaux d’eau, ceci parce qu’ils ont besoin d’une isolation plus élevée.  Pour cette raison, un canard sauvage a environ 12.000 plumes et un cygne certainement 25.000.  Malgré que les plumes soient très légères, elles forment une grande partie du poids du corps de l’oiseau.  Ainsi par exemple chez l’aigle des mers Américains déjà nommé ci-dessus, son poids est de 4 kg et il y a 1 kg qui est constitué de plumes, ce qui forme plus de deux fois le poids de ses os.

Ici un cacatoès rosalbin lutino (Eolophus roseicapilla) montre ses plumes.  Photo anonyme


La plume
Les différentes sortes de plumes ont des noms différents.  Les plumes qui couvrent les oiseaux et qui lui donne sa forme s’appellent les plumes de contour.  Sous ces plumes de contour il y a les plumes de duvet pelucheuses comme isolation.  Les plumes les plus longues des ailes ont le nom de plumes primaires ou rémiges, les plumes courtes des ailes sont les plumes secondaires.  La base de ces plumes des ailes sont couvertes de plus courtes nommées plumes couvrantes.  Les plumes de la queue sont nommées les rectrices.

L’axe central de la plume, est composée d’une base creuse, le calamus et le reste de cet axe est nommé le rachis.  Lorsque le rachis est encore vivant, il aura une couleur mauve-bleue et va saigner lorsqu’il est endommagé.  La lame est constituée de barbes indépendantes qui sont recouvertes de petits crochets qui s’assemblent comme une tirette.  Lorsqu’une plume est en désordre l’oiseau doit uniquement passer la plume par son bec et toutes les barbes se retrouvent à leur place.
Les plumes du corps ont à la base une partie en duvet.  Cette partie et d’autres plumes de duvet sont laineux.  Ceci provient du fait qu’elles ne sont pas pourvues de crochets et donc ne s’agrippent pas l’un à l’autre.  Les plumes de duvet isolent contre le froid et le chaud.  En particulier les cacatoès, callopsittes et perroquets Gris du Gabon ont un duvet spécial qui par nature forme une poussière fine, grasse et étanche.  Ces plumes grandissent et se régénèrent continuellement et leur poudre est répandue sur les plumes lorsque l’oiseau les nettoie.

A l’aide de son bec et de sa langue, la plume chez cet ara ararauna est nettoyée et à nouveau les barbes sont remises à leur place.  Photo : G. Verlinden.


La mue 
Pour un oiseau, ses plumes sont sa possession la plus chère mais pourtant, même avec un soin soigneux, elles sont, avec un emploi normal, usées au bout d’environ un an.  Les plumes commencent leur vie comme une hampe mais quand elles sont totalement formées, tout comme vos cheveux meurent et ne peuvent pas être réparées.  Pour cette raison les oiseaux changent leurs plumes lors de la mue.

La mue est un processus complexe qui est difficile à comprendre entièrement.  Certains oiseaux vivent dans un climat rude ou sont dépendant de certaines sources d’alimentation qui ne sont disponibles temporairement.  Ces oiseaux ont évolués pour muer précisément dans la bonne saison quand il y a de la nourriture en abondance et lorsque les jeunes ont quitté le nid.  Les perroquets et les perruches sont moins exigeants car ils sont originaires de régions où la température est tropicale toute l’année et ainsi leur nourriture est toujours disponible.  Mais le mécanisme fondamental des psittacidés lors de la mue reste le même.  Ce n’est que ces dernières années que l’on est arrivé à comprendre un peu le processus de la mue.  Une mue normale n’a rien à voir avec le changement de température ou de nouvelles plumes qui doivent pousser en dehors les anciennes.  Elle a tout à voir avec un rythme hormonal naturel que tous les animaux ont.  Tous les animaux ont, profondément en eux, une horloge.  Celle-ci s’appelle l’horloge journalière ou l’horloge photo périodique et elle retient les heures du jour.  Ensuite ils ont encore une horloge biologique (circadienne) qui retient très minutieusement quel est le mois de l’année.  Cette horloge biologique est comme une secrétaire personnelle.  Elle informe les oiseaux quand c’est le moment exact pour se reproduire, le meilleur moment pour muer et chez certains espèces d’oiseaux avec comme exception les psittacidés, quel est le meilleur moment pour s’envoler vers le sud avant l’hiver.  Cette horloge tictaque depuis sa naissance.  Cependant, pour rester à l’heure elle doit recevoir les indications de son environnement sous la forme de lumière du soleil et la longueur des jours.  Elle réagit le mieux à certaines longueurs d’ondes de la lumière et aussi, à un certain point, à l’intensité de la lumière.  Mais le plus important, semble-t-il, est la forme de la courbe de la longueur de la lumière pendant l’année.  Une lumière normale blanche du soleil ou « full spectrum light » contient toutes les couleurs de l’arc en ciel.  A l’intérieur de ces couleurs de l’arc en ciel, l’horloge biologique réagit le mieux sur la couleur rouge (environ 640 nm).
Beaucoup de propriétaires de psittacidés sont d’avis que les psittacidés rejettent « de temps en temps » une plume.  La différence se trouve dans la manière de détention, ainsi un perroquet comme animal de compagnie va muer, ici et là une plume lâche.  Les oiseaux d’élevage en volière extérieure vont muer toutes leurs plumes dans le courant d’un mois, peu de temps après qu’ils auront élevés leurs jeunes.  Ils vont pondre des œufs a un moment bien précis, couvent et muent à un moment précis.  La différence se trouve dans la lumière que les deux différents groupes vont avoir.  Les animaux de compagnie vont avoir de la lumière jusqu’à ce que la famille aille au lit.  Généralement l’éclairage est simplement une lampe, donc pas une lumière à spectre complet et l’intensité en est variable.  Donc leur horloge biologique a des hauts et des bas.  Les oiseux à l’extérieur ont par contre la lumière naturelle du soleil, de telle manière que les horloges biologiques des oiseaux peuvent mieux entretenir le temps.  Le cycle de reproduction, annuel, chez les oiseaux commence avec la prolongation des jours – sentis par l’horloge biologique – qui met en route leur cycle annuel de reproduction et de mue.  Une fois que ce processus est en route, l’horloge ne peut plus être mise au point à nouveau.

Au plus près on se trouve de l’équateur, au moins de différence il y a entre la longueur des jours d’été et des jours d’hiver.  Les perroquets ne sont pour cette raison pas aussi « disciplinés » dans l’obéissance envers leur horloge biologique que certaines autres espèces d’oiseaux.  Ceci provient probablement du fait qu’ils vivent dans des régions où la nourriture est généralement présente en abondance et que la quantité d’heures de jour ne change pas beaucoup suivant les saisons.  Les horloges biologiques aviaires sont très sensibles et même une différence de lumière du jour de 30 minutes est déjà observable chez certains oiseaux.
L’horloge biologique se trouve chez les oiseaux dans l’épiphyse ou la glande pinéale et joue un rôle important dans le contrôle des rythmes journaliers et saisonniers.  La glande pinéale est un petit organe qui se trouve à l’avant du cerveau.  Chez les oiseaux, la glande pinéale se trouve près de la peau et veille que le peu minuscule de lumière qui traverse le dessus du crane active « l’hormone du printemps » (ecdysone) et travaille ainsi comme horloge biologique.  Il n’y a donc pas d’interaction nécessaire avec les yeux pour enregistrer le cycle de jour et de nuit.  La glande pinéale des oiseaux contient aussi du matériel magnétique qui sert comme système de navigation.  Les humains ont aussi une glande pinéale mais notre glande pinéale travaille d’une autre manière et pas indépendamment comme chez les oiseaux.  Les humains et autres mammifères ont aussi une horloge biologique mais celle-ci se trouve à un autre endroit dans notre cerveau.  L’hormone Mélatonine informe l’oiseau quand il doit muer.  Mais elle ne provoque pas la perte d’une plume ou la repousse.  Cette hormone primaire est produite par la glande pinéale.

Les plumes commencent leur vie comme hampes comme on le voit chez ce Loricule à tête bleue âgé de 14 jours (loriculus galgulus).  Photo : J. Stelder.

Normalement combien de fois les perroquets muent-il ?
Cela dépend.  Les perroquets qui sont détenus à l’intérieur et qui reçoivent de la lumière artificielle ont des périodes de mues étendues qui peuvent différencier chaque année.  Ils peuvent parfois garder certaines plumes plus d’un an.  Ceci parce que leur horloge biologique ne tourne plus minutieusement.

Néanmoins les perroquets et les perruches qui sont exposés à la lumière naturelle du soleil muent en une fois, à la fin de l’été.  Pourtant il y a des exceptions et vouloir savoir quand des psittacidés sauvages vont faire tomber leurs plumes est une tache presque impossible.  L’on dit que les cacatoès noirs exécutent une mue complète sur deux ans de temps.  Concernant les callopsittes sauvages l’on dit qu’elles muent deux fois, une fois avant l’élevage et une après que leurs poussins aient quitté le nid.  Du fait que l’élevage et la mue sont reliés étroitement par le même cycle hormonal, il est possible que les petites perruches qui nichent plus d’une fois par an ont probablement aussi plusieurs mues.

Dans un stade plus avancé les hampes se cassent et les plumes apparaissent comme 
chez ces Pyrrhura molinae cinnamon au nid. Photo : E. Tack.

Il y a-t’ il un ordre dans lequel les plumes muent ?
Oui, lorsque les plumes muent normalement alors les oiseaux perdent autant de plumes aux deux côtés du corps.  Il n’y a pas de taches dépourvues de plumes et les nouvelles apparaissent rapidement.  Les oiseaux muent leurs plumes donc symétriquement.  Cela veut dire que lorsqu’ils perdent une ou deux plumes à une aile et qu’elles changent, ce sont les mêmes plumes aux deux côtés.  De cette manière les oiseaux peuvent continuer à voler en équilibre pendant qu’ils muent et les vieilles plumes protègent les nouvelles, remplies de sang, contre des dégâts.  Les plumes primaires des ailes sont souvent les premières qui tombent pendant la mue, généralement les intérieures d’abord.  Ensuite les rémiges secondaires et les plumes de la queue suivies des plumes du contour.  Le fait de perdre seulement quelques plumes du corps à la fois, l’oiseau reste protégé contre le froid et la pluie.  Au fil de l’année, la lumière du soleil pâlit un peu les plumes, la couleur des nouvelles plumes est plus intense.  Ceci permet de voir plus facilement quelles sont les plumes les plus nouvelles.

Est-ce que la nouvelle plume pousse l’ancienne ? 
La réponse n’est pas si simple.  La clef pour la formation d’une nouvelle plume est la disparition de la vielle plume.  Lorsque cette plume est lâche ou est arrachée, le processus de croissance d’une nouvelle plume commence directement.  Antérieurement à la mue, les vaisseaux sanguins porteurs des plumes sèchent et la suture aux tissus environnants se lâche.  Lors d’une mue naturelle, le follicule de la plume commence la production d’une nouvelle plume encore avant que l’ancienne ne soit totalement lâche.  Donc, dans un certain sens, la nouvelle plume donne une dernière poussée à l’ancienne.

Un couple qui s’entend bien vont se soigner l’un l’autre les plumes, surtout aux endroits où ils n’arrivent pas eux-mêmes comme chez ce couple d’amazona amazonica. Photo : D. Loodts.



Que dois-je faire avec une plume qui saigne 
Des plumes qui n’ont pas fini de croitre s’appellent des plumes de sang parce qu’elles contiennent encore toujours des tissus vivants.  Du fait qu’elles poussent si rapidement, les hampes contiennent beaucoup de sang, ce qui fait qu’elles ont cette couleur foncée bleuâtre.  Les hampes saignent lorsqu’elles sont abimées.  Ceci peut arriver lorsque de nouvelles plumes de l’aile sont coupées que l’oiseau vient juste de changer.  Avant de couper l’aile d’un perroquet, chaque plume doit être contrôlée afin d’être sûr qu’il n’y ait pas une plume qui n’a pas fini sa croissance entre les autres.  S’il y en a une, il faut attendre jusqu’à ce que celle-ci ait fini sa croissance.  Lors d’une mue naturelle, les plumes qui ont fini leur croissance protègent les hampes qui s’ouvrent envers des dommages lorsque l’oiseau bat ses ailes.  Lorsqu’une aile a été coupée, les nouvelles plumes ne sont pas protégées et souvent craquent ou sont endommagées.  Des plumes qui saignent apparaissent aussi lorsque le perroquet se mâche les plumes lorsqu’il stresse ou s’ennuie.  Des hampes endommagées ne vont pas guérir par elles même.  Elles vont continuer à saigner lorsqu’elles seront déplacées ou bougées.  Il faut donc retirer la hampe endommagée, laissez le faire à votre vétérinaire ou un amateur expérimenté si cette tâche se trouve en dehors de vos capacités.  Enlever cette hampe endommagée peut être très douloureux pour l’oiseau si ce n’est pas fait très rapidement et à dessein.

Voici ce qu’il faut faire :
1)    Votre psittacidé doit être maintenu de telle manière qu’il ne puisse pas vous mordre mais de manière qu’il puisse librement respirer.
2)    Attraper la plume avec une petite pince ou un autre instrument, près de la peau de l’oiseau et tirer.
3)    Effectuez une pression à l’endroit de la plume pendant une minute ou deux après l’avoir arrachée jusqu’à ce que la coagulation commence.

Lorsqu’une plume endommagée reste à sa place, dans le meilleur des cas elle va se développer difforme.  Un développement plus mauvais est lorsque l’oiseau va continuer à mâcher le moignon, ce qui va causer une plume interne.  Celle-ci doit être enlevée chirurgicalement et souvent le follicule de la plume est perdu car celui-ci est souvent enlevé lors de ce processus.

Est-ce que mon perroquet a besoin d’une attention spéciale pendant la mue ?
Les plumes sont une partie importante du poids de l’oiseau et demandent donc beaucoup d’énergie pour leur remplacement pendant la mue.  Donc, en plus d’élever des poussins, vos oiseaux ont besoin d’une exigence alimentaire plus élevée pendant une mue complète.  La mue est aussi une période pendant laquelle le stress dans le corps de l’oiseau est augmenté. 

Votre psittacidé ne doit pas éprouver de problèmes pendant une mue normale lorsqu’il est nourrit avec une alimentation bien équilibrée.  La mue est souvent un moment pendant lequel les grands perroquets vont manger non équilibré, beaucoup de graines de tournesol et des graines de carthame ou les plus petits perroquets et perruches vont manger principalement du millet.  Si la nourriture est donc un problème à ce moment-là ont peut prendre en considération de leur donner temporairement une diète à base d’extrudés (pellets).  La plupart des perroquets profitent, surtout pendant la mue, d’un bain ou d’être aspergés avec de l’eau.  Veillez à ce que leurs ongles ne soient pas trop longs car les oiseaux se grattent lorsque les hampes commencent à sortir car cela leur démange.  Normalement si vous avez un couple adulte qui s’entend bien, un partenaire va aider l’autre à se débarrasser des hampes des nouvelles plumes où il n’arrive pas.  Chez un oiseau seul, vous pouvez prudemment reprendre ce rôle en passant vos doigts entre les nouvelles plumes de la tête et du cou et en le gratouillant et ainsi arriver au même but.

Quelles sont quelques causes d’une mue anormale ?
La cause qui survient le plus pour un cycle anormal de mue est la lumière artificielle en dehors d’un lever et coucher de soleil saisonnier.
La cause qui survient le plus lors d’une croissance anormale d’une plume est une mauvaise alimentation.  Une autre cause fréquente d’un mauvais plumage est un stress chronique.

La mue Française est un vieux terme qui date des années 1870 lorsque les éleveurs Français de perruches ondulées ont remarqué que les bébés de perruches ondulées ne développaient pas de bonnes plumes ou les développaient fort tard.
Nous savons maintenant que la mue Française est le résultat d’un virus qui attaque certaines parties du corps.  Dans certains cas, les poussins meurent soudainement.  Chez d’autres le virus a un caractère permanent et ils deviennent porteurs du virus.  Cependant la plupart ne survivent pas longtemps car ils ne sont pas capables de produire de bonnes plumes.  Dans des cas légers, ce sont les rémiges des ailes et de la queue seulement qui ne poussent pas.  Le virus responsable est le Polyoma Virus  

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