Gris du Gabon : 1ère expérience de reproduction

Passionné par les perroquets et en particulier par le Gris du Gabon, j’ai pris la décision au moment où j’ai fini de construire mes volières de tenter de constituer moi-même un couple à partir d’oiseaux acquis à droite et à gauche. Pour cette espèce, qui est assez difficile dans le choix de son partenaire, chacun sait que l’idéal est d’acheter un couple déjà formé, plus ou moins jeune ou de réunir dans une grande volière, plusieurs mâles et femelles afin de les laisser se choisir. Certains se tournent vers les couples dits « reproducteurs » mais avec toutes les questions que cela suppose : s’agit-il bien d’un véritable couple reproducteur ? Pourquoi l’éleveur décide-t-il de vendre un couple qui à priori donne satisfaction ? Si on considère qu’il y a beaucoup d’oiseaux issus des importations, quel âge ont véritablement les oiseaux proposés ? Les oiseaux cédés ne sont-ils pas trop stressés, voire âgés pour espérer en tirer quelque chose ?
Bref, beaucoup de questions qui ne trouvent pas nécessairement une réponse satisfaisante d’autant plus que les avis divergent même parmi les éleveurs obtenant de bons résultats. Certains ne jurent que par les couples constitués de 2 oiseaux d’import, d’autres recherchent avec plus ou moins de succès exclusivement des oiseaux EPP bagués. La plupart s’accordent tout de même pour avancer que les oiseaux EAM sont souvent de piètres reproducteurs et éleveurs. De plus, les Gris sont réputés comme difficiles à faire reproduire en dehors de boxes, de faible volume, type 1m³.

Faisant fi de ces « vérités » , et ne souhaitant pas non plus voir des oiseaux  passer la plupart du temps dans le nid, j’ai fait l’acquisition en octobre 2011 chez un particulier de 2 Gris adultes EAM bagués de 2000, non sexés.
Le propriétaire les détenait dans 2 cages séparées dans un couloir, exposé au courant d’air et aux passages.
L’entente n’était pas cordiale entre les 2 au point qu’ils étaient sortis séparément afin d’éviter le conflit. Ils avaient tous les 2 leurs préférences en matière de personnes et ne se laissaient pas franchement manipuler. J’avais donc devant moi 2 gris à priori EAM mais pas franchement socialisés.

Je suis reparti avec ces 2 oiseaux en espérant secrètement qu’il s’agisse au mieux de 2 femelles car chacun sait qu’elles sont très difficiles à trouver ou d’un couple afin de pouvoir procéder éventuellement à un échange.
Arrivés chez moi, ils ont été installés chacun dans une volière de 1.20 m de long sur 1 m de large et 2 m de haut avec accès à une volière extérieure de 3 m de long, dans l’attente des résultats du sexage par ADN.
Ceux-ci me sont parvenus quelques jours après et m’apprirent que j’étais en présence de 2 mâles, ce qui expliquait certainement en partie leur répulsion mutuelle.
Leur caractère était assez différent, l’un cherchant de toute évidence un peu plus le contact que, l’autre beaucoup plus distant et sauvage. 

Je me mis en quête de femelles adultes et eut la chance d’en trouver une très rapidement, baguée de 2003  auprès d’un grand éleveur. Cette femelle EPP se trouvait seule dans une volière intérieure car cet éleveur avait cédé le mâle à un ami pour incompatibilité avec celle-ci et en raison de la trop grande familiarité de ce mâle envers son soigneur.
J’ai installé cette femelle dans une volière de quarantaine également dans l’attente d’en trouver une seconde.

Un jour de novembre soit environ un mois après ces acquisitions, alors que je nettoyais les volières intérieures, l’un des 2 mâles, le moins sauvage, s’en échappa et se retrouva sur le dessus de la volière de la femelle. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que celle-ci s’en approcha aussitôt. Le comportement de l’un envers l’autre ne laissait aucun doute : ils avaient l’air de s’apprécier et recherchaient le contact.
Je pris donc la décision de les réunir dans une volière et ce fut fait dans les jours suivants sous ma surveillance. L’entente était vraiment parfaite, à l’image d’un couple constitué depuis des années.
Toutefois, j’hésitais à leur mettre à disposition un nid, craignant de précipiter les choses mais devant leur comportement je me décidai à le mettre quelques semaines après.
Le fond de celui-ci était garni de copeaux de bois.

J’assistais aux parades et aux accouplements dès le mois de janvier. Le 11 février, le 1er œuf fut pondu, suivi d’un 2ième le 14 février, puis d’un 3ième le 17 février.
Sachant par expérience qu’il est long et parfois difficile de constituer un couple d’oiseaux adultes qui plus est enclin à se reproduire, j’étais vraiment étonné de la rapidité à laquelle ce mâle et cette femelle se lançaient dans l’aventure.
Face à l’agressivité des 2 oiseaux et plus particulièrement du mâle, je pris la décision de ne pas mirer les œufs. La femelle, qui s’était déplumée sur le poitrail afin de faire son nid, couvait assidûment mais j’avais le pressentiment en observant quand je le pouvais les œufs, que ceux-ci ne semblaient pas fécondés.
J’en eût la confirmation en les retirant le 20 mars. Je n’étais pas trop déçu car la femelle avait démontré ses qualités et cela lui avait fait une bonne expérience. Je plaçais beaucoup d’espoir dans ce couple nouvellement constitué. Je pris par ailleurs la décision d’enlever le nid afin d’être sûr que ce couple observerait une période de repos.
Ce fut le cas et durant le printemps et l’été, il profita de la volière extérieure, surtout la femelle.

En novembre, je perçus des signes de forte agressivité du mâle qui se remettait à défendre son territoire becs et ongles et je pris la décision de repositionner le nid. Je décidai aussi de fermer la trappe d’accès à la volière extérieure, le mâle semblant ne pas apprécier les sorties de la femelle alors qu’il attendait de longues journées sur le perchoir d’accès au nid. En effet, dès qu’elle rentrait pour la nuit ou pour se nourrir, il lui donnait de furieux coups de becs pour certainement lui signifier sa désapprobation.
La femelle commença rapidement à explorer le nid et le 14 décembre, le 1er œuf fut pondu, suivi d’un 2ième le 18 décembre et enfin d’un 3ième le 21 décembre. Trois œufs comme la 1ère fois et à l’observation, je fus quasiment sûr que l’un au moins était fécondé. Le mâle était très agressif et je ne pouvais ouvrir la trappe du nid qu’il arrivait à une vitesse incroyable, prêt à me pincer la main ou les doigts.
La femelle couvait parfaitement et le 15 janvier, j’eus le bonheur d’entendre des piaillements provenant du nid. A l’observation, aucun des œufs n’était éclos mais j’avais l’espoir que rapidement un poussin verrait le jour. Ce fut fait le 19 janvier puisque je pus observer une petite boule de duvet gris sous la femelle. Les 2 autres œufs n’étaient pas éclos mais tous les espoirs étaient encore permis pour le dernier pondu. Ce ne fut pas le cas mais j’étais déjà satisfait de sortir un jeune de ce couple constitué par mes soins depuis peu.
Le poussin semblait bien vigoureux et je l’entendais de temps en temps piailler alors que le mâle semblait rentrer régulièrement dans le nid certainement pour nourrir la femelle et le jeune.
Hélas, ma joie fut de courte durée puisque le 23 janvier, je découvris l’oisillon mort.
Je décidai de retirer le nid sous le courroux des parents afin de tenter de comprendre.
Je suppose que le jeune, issu du 2ième oeuf est mort faute d’avoir été nourri ou correctement nourri ; dans le 1er œuf, je découvris un poussin au dernier stade de son développement ; Il est de toute évidence resté collé à la coquille et n’a pas réussi à sortir. J’imagine qu’il s’agit de celui que j’ai entendu alors qu’il était encore dans l’œuf. Enfin, le dernier œuf était non fécondé.

Je peux avancer des hypothèses : la mort du poussin serait dû à l’inexpérience des parents qui n’ont pas su le nourrir, même si d’autres explications pourraient être avancées. Quant au poussin mort de l’œuf, je peux peut-être mettre cet échec sur le dos d’un taux d’hygrométrie insuffisant ; en effet, quelques jours avant les éclosions prévisibles, celui-ci était entre 30 et 35 et afin de le faire remonter, j’ai posé un bac d’eau sur le convecteur qui se trouve dans le cabanon abritant les volières. Le taux d’hygrométrie est légèrement remonté mais je n’ai jamais réussi à le faire passer au dessus de 40.
C’est pourquoi, lorsque je remettrai le nid dans quelques semaines, je pense ajouter sous les copeaux de la tourbe blonde dont j’entretiendrai l’humidité afin que le taux soit plus élevé et demeure constant tout au long de la couvaison.

Ce couple doit encore faire ses preuves et j’entends bien poursuivre l’expérience pour lui donner toutes ses chances…

Franck N. 

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