Quelle est la cause de l’infertilité chez les perroquets ?

P.R. juin 2016
Tony Silva
Retravaillé par Nico Rosseel

Traduction : William Vanbeginne

L’infertilité est l’épine dans l’œil de chaque éleveur. Il n’y a probablement rien de plus frustrant que de devoir jeter une ponte complète car les œufs ne semblent pas être fécondés. Le problème d’œufs non fécondés arrive chez tous les espèces mais se retrouve le plus chez les aras, amazones et éclectus. Tony Silva a presque chaque jour des questions au sujet de pontes non fécondées chez les éclectus.
Personne n’a le moyen miracle qui va résoudre le problème mais généralement il est possible d’aider à le réduire un peu dans les soins aux oiseaux, revoir leur diète, peut-être contrôler s’il n’y a pas un petit problème médical et enfin peut-être réfléchir au fait qu’il s’agit bien d’un couple qui s’entend bien.
Nous allons revoir chaque point :

Le soin des oiseaux
Les perroquets sont des oiseaux qui dans l’évolution ont réalisé de nombreux pas pour devenir ce qu’ils sont maintenant. Ce sont des oiseaux qui se sont développés pour voler, pour avoir une interaction entre eux et qui, de par leur comportement curieux, vont étudier des choses.
Bien entendu, une règle ne serait pas une règle s’il n’y avait pas des exceptions. Ainsi le Kakapo (Strigops habroptila) est une des espèces, peu nombreuses, qui vit en solitaire. La plupart des autres espèces vivent en couples ou en groupes. Dans tous les groupes les partenaires sont choisis de manière très stratégique et les oiseaux ne se contentent pas d’une relation d’une nuit. Disons qu’un partenaire n’est pas trouvé par hasard. Chez le kakapo par exemple le mâle va effectuer une parade pour les partenaires potentiels. Ce sont alors les femelles qui vont décider si la démonstration est assez attractive pour que ce mâle devienne le père de la future ponte. Si ce mâle ne convient pas au profil du mâle idéal alors rien ne se produira.
De cette manière se passe le choix du partenaire chez des oiseaux solitaires. La possibilité de laisser se choisir les oiseaux et donc un partenaire pour la vie est souvent la clef du succès. Si les oiseaux ne s’entendent pas alors le lien de couple a été cassé.

Un choix libre du partenaire est souvent la clef du succès. ici un groupe d’araraunas.
Photo: N. Rosseel

Pour illustrer ceci avec un exemple, Tony Silva a acheté un ara Macao duquel le vendeur lui raconta qu’il avait essayé de l’accoupler à 5 possibles partenaires. Tous avaient été choisis par l’éleveur et logé avec l’oiseau déjà présent. Elle n’a jamais pondu un œuf fécondé avec aucun de ces partenaires.
Lorsque Tony Silva acheta cet oiseau, elle a été logée dans une volière avec 3 possibles partenaires mâles. Très rapidement il a vu qu’elle s’est approché d’un des mâles. Elle est allée vers sa direction, ils ont ouvert tous les deux les ailes, ont commencé à crier et enfin ont commencé à se nettoyer les plumes. 17 jours plus tard elle a pondu un œuf fécondé. Ceci était le premier après 67 non fécondés !
L’infertilité est donc souvent le résultat de deux oiseaux qui vivent en paix ensemble mais sans le « lien d’amour ».
Les perroquets sont de nature des oiseaux actifs. Dans une cage ils ont souvent une vie passive. Les oiseaux s’ennuient en fin de compte et se démotivent. En leur donnant des jouets et des enrichissements, en leur proposant une plus grande volière ou cage il est déjà possible de rencontrer une grande partie de leurs exigences. Les perroquets sont des oiseaux qui vivent dans les arbres et donc se sentent bien dans des volières suspendues. Les espèces qui vivent au sol, qui se nourrissent donc dans la nature au sol, par contre peuvent souvent être confronté au stress dans les hauteurs.
En créant un environnement correct pour deux oiseaux qui « ne se voient pas » vous pouvez souvent les transformer en un couple harmonieux qui va se reproduire.

Veillez à un environnement correct, cela stimule les couples et donne plus d’œufs fécondés. Photo : N. Rosseel

Chez les perruches américaines et les caïques (Pionites sp.) par exemple vous pouvez réveiller fortement le lien de couple en leur offrant beaucoup d’enrichissements.
Un des oiseaux joue avec ou s’y intéresse et ceci réveille la curiosité de l’autre oiseau. Ils voient et entendent l’excitation mutuel dans la nouveauté et souvent ceci peut être justement le déclic qui va faire que le couple va se mettre à reproduire. Souvent encore mieux … un couple qui se sent bien et qui enrichi le comportement qui peut être stimulé par l’environnement va stimuler les autres couples dans les alentours à faire la même chose. En fin de compte l’accouplement est une partie de l’entretien du lien de couple.
Chez les rosalbins (Eolophus roseicapillus) on voit parfois que la fécondation tarde si l’on ne présente pas suffisamment de branches fraîches. De même remplir le nichoir peut certainement aider. En leur présentant des branches pourvues de leurs feuilles, le mâle et la femelle doivent travailler ensemble au nid pour le vider et le préparer. Les branches doivent d’abord être rongées et le nid sera fait des feuilles. Tout ce processus va rapprocher un couple et augmente le lien de couple.

Des branches sont un stimulant pour certaines espèces. Ici un cacatoès leadbeater (lophochroa leadbeateri).
Photo : N. Rosseel

Les perroquets sauvages ne trouvent en règle générale pas de nichoir prêt à l’emploi où la femelle va pouvoir pondre ses œufs. Dans la nature ils doivent commencer par trouver un trou pour nicher adéquat et ensuite le préparer de telle manière qu’ils puissent y nicher. Mettez des morceaux de bois dans le nid (la nature ne prévoit pas de copeaux de bois ni de sciure de bois) et ainsi le couple est forcé à préparer le nid pour l’employer. Ceci va prendre des heures.
Il y a bientôt 20 ans, Tony Silva avait différents couples d’aras ararauna qu’il a fait examiner avec un endoscope pendant la saison de reproduction. Trois couples ont eu un nid standard avec de la sciure et les nids de ces couples ont montré très peu d’activité dans les organes
de reproduction des oiseaux. D’autres couples, qui ont été obligés à passer plus de temps dans le nichoir sombre pour y ronger des morceaux de bois ont montré beaucoup plus d’activité lorsque l’on a vérifié avec l’endoscope leurs organes de reproduction. La fertilité du second groupe d’oiseaux, ceux qui ont donc dû travailler pour préparer leur nichoir avant l’emploi était 1/3 plus élevé que celle des couples qui ont reçu un nichoir prêt à l’emploi.
Chez les amazones par exemple il est connu que les mâles se stimulent aussi bien de visu que par le son au courant de la saison de reproduction.
Lorsque la reproduction commence enfin, alors il faudrait essayer qu’ils ne puissent plus se voir mais bien s’entendre. Chez des oiseaux qui étaient connus qu’ils produisaient des œufs non fécondés lorsqu’ils étaient logés dans des volières où ils ne pouvaient ni se voir ni s’entendre, cela a eu un résultat énorme lorsqu’ils ont été déménagés où ils pouvaient se voir et s’entendre.
Chez l’Eclectus, (Eclectus roratus) la femelle est dominante. Elle est nourrie par différents mâles et elle va aussi s’accoupler avec différents mâles. Par ce contact avec différents mâles elle va éviter de rendre la vie impossible à un seul mâle. Vous pouvez par exemple relier différentes volières avec un tunnel en treillis. Dans chaque volière vous pendez un nichoir de telle manière que les femelles puissent choisir. Les mâles peuvent donc se mouvoir librement dans toutes les volières et ainsi aller visiter les femelles, les nourrir et s’accoupler avec lorsque cela les chante.
Ce système a déjà fait ses preuves dans le passé. Lorsque la femelle est en plus encore un oiseau imprégné, il y a le risque que son agressivité envers le mâle soit encore plus grande.
Pour éviter ce problème au plus vite, il est important d’accoupler les oiseaux le plus jeune possible de telle manière que les oiseaux puissent évoluer ensemble. Ainsi le mâle peut apprendre à comprendre le comportement de la femelle et ainsi apprendre à maitriser sa peur envers elle.

Remarque : Veillez à toujours acheter des Eclectus purs. Les croisements entre les différentes sous-espèces sont génétiquement totalement sans valeur.

Veillez à ce que vous compreniez la base du comportement des espèces que vous élevez. Ceci peut faire la différence entre des œufs fécondés et non fécondés.

Nourriture
En captivité, il arrive souvent qu’un éleveur essaie de nourrir toute sa collection avec la même composition de nourriture. Ceci simplifie sans conteste les soins journaliers de vos oiseaux.
Malheureusement toutes les espèces ne sont pas semblables et elles ne mangent pas toutes la même chose. Les cacatoès rosalbins (Eolophus roseicapillus) ont évolué vers des perroquets qui mangent des graines d’herbes très pauvres en graisse

Les cacatoès rosalbins (eolophus rosecapillus) ont besoin d’une nourriture pauvre en graisse. Photo: N. rosseel

Les aras par contre avec leur gros bec ont besoin des noix de palmes très riche en graisse dans leur alimentation. A ces deux espèces il est donc impossible de présenter la même composition de nourriture. Si l’on donne à un rosalbin une nourriture trop riche en graisse, cela va influencer sa fertilité dans le mauvais sens. Mais le contraire est aussi vrai, si vous donner à un ara une nourriture qui est trop pauvre en graisse vous n’obtiendrez pas de succès. La bonne nourriture est donc la clef du succès !

Ceci veut dire qu’un bon mélange de graines ou des extrudés de qualité peut servir de base pour le besoin de l’animal. Par exemple un mélange de graines sans graines de tournesol convient certainement à un rosalbin mais pour des espèces qui ont besoin de plus de graisse dans leur nourriture, rajoutez alors des graines riches en graisses.
Les extrudés sont aussi disponibles en versions contenant des taux de graisses plus élevés ou plus bas. Pour la plupart des espèces, les extrudés peuvent être un bon remplaçant d’un mélange de graines.
Dépendamment de l’espèce vous pouvez leur donner un complément de fruits, légumes, noix, pain complet, …

Un ara militaire mexicanus dans sa mangeoire bien varié. Photo : Nico Rosseel

Soins de santé
Si vous avez un couple qui s’est reproduit avec succès dans le passé et qui soudainement pond des œufs non fécondés ou un couple que vous avez laissé se choisir, suivant la méthode que nous avons décrit antérieurement, et qui pond quand même des œufs non fécondés, alors il faut se poser des questions.
Faire une culture provenant d’un écouvillon du bec ou du cloaque peut vous apporter souvent des informations. Dans 37% des cas qu’une culture a été effectuée chez des couples ayant des œufs non fécondés, nous sommes arrivés à résoudre le problème médical et le couple s’est ensuite reproduit avec succès.

Un couple harmonieux
Si deux oiseaux ne s’entendent pas, et bien il n’y aura pas de reproduction.
Des oiseaux qui sont loin l’un de l’autre, qui ne vont pas manger ensemble, qui se pourchassent ou qui montrent vraiment de l’agressivité ne vont avoir que rarement des œufs fécondés comme suite logique.
Si c’est le cas, alors il est conseillé de changer les partenaires et ainsi veiller à ne pas devoir pendant des années jeter des œufs non fécondés.

Chez un couple harmonieux, des accouplements, comme chez ces Agapornis Nigrigenis seront fréquents.
Photo: N. Rosseel

Comme vous avez pu le lire, la reproduction avec succès n’est pas une science étanche. Identifier le problème et le résoudre est un chalenge mais si vous arrivez à le régler il s’agit d’une victoire pour chaque éleveur qui va mener, espérons-le, à de beaux succès et c’est ceci qui rend l’élevage des oiseaux tellement fascinant.

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