La perruche élégante

(Neophema elegans)

P.R. 2013
Auteur : Peter Odekerken
Traduction:  Philippe Sautelet



‘Elégante’ est un nom touchant pour cette petite australienne séduisante qui est assez populaire en aviculture et actuellement une des espèces difficiles à acquérir dans leur forme la plus pure.

Description
Le mâle et la femelle de cette espèce se ressemblent très fort et il est très difficile de les distinguer, surtout si l’âge des oiseaux est inconnu. Si par exemple un jeune mâle se trouve à côté d’un mâle plus âgé qui est en pleine couleur, cela apparaît comme un couple. En général, les mâles sont jaunes et couleur olive sur le croupion et la poitrine. Ils présentent une bande bleu foncé sur le front surmontée par une bande bleu pâle qui se poursuit jusque derrière l’œil. Entre les yeux et le bec, il y a du jaune clair. Le dessous du corps est également jaune avec une tache orange entre les pattes. La courbure alaire est bleu foncé qui passe au bleu plus clair en remontant sur l’aile. Les extrémités des rémiges primaires et secondaires sont noires. Le côté supérieur de la queue est bleu vert pâle alors que le côté inférieur est jaune pâle pour devenir gris foncé vers le corps. Les pattes sont grisâtres, le bec est gris foncé, un peu plus clair à la base et sur la mandibule inférieure. L’iris est noir.

En comparaison avec la femelle, le jaune du mâle est un peu plus vif tandis que les femelles sont un peu plus verdâtres. Chez les mâles, la bande bleue sur le front est un peu plus grande que les femelles et continue un peu plus loin derrière l’œil. De plus, la tache orange des mâles est beaucoup plus grande et plus vive que les femelles où elle peut parfois manquer. Les femelles possèdent une ligne blanche sur le dessous de l’aile que nous ne retrouvons pas chez les mâles.

La taille de l’élégante va de 22 à 25cm et elle pèse environ 50gr. La couleur bleue sur les ailes est assez frappante et sert de point de repère quand les oiseaux se suivent en vol.

Les jeunes sont de couleur plus terne que les adultes, avec un bec jaune et une queue courte. La bande frontale est également moins vive. En général, les jeunes mâles sont déjà un peu plus colorés que les femelles, ce qu’on peut mieux observer en comparant entre eux les jeunes d’un même nid.

Mode de vie dans la nature
Les perruches élégantes vivent sur des territoires ouverts avec des bois dispersés dans le sud-ouest de Victoria, l’est du sud de l’Australie et le sud-ouest de l’ouest de l’Australie. Elles occupent différents habitats allant des dunes et marais côtiers jusqu’à l’intérieur du pays avec des territoires comme le Flinders Ranges dans le sud de l’Australie. On les rencontre aussi dans les pâturages où elles se postent sur les clôtures avant de se poser au sol pour manger les graines des herbes sauvages.

Je trouve qu’il est souvent difficile de les observer. Cela est probablement dû à leur petite taille et les couleurs qui leur permettent de se fondre dans l’environnement. Quand elles sont au sol, vous les apercevrez parfois si vous êtes, manière de parler, perché après qu’elles se soient envolées apeurées. Leur cri d’alarme (psitt) avertira le reste du groupe de votre présence.

Lorsque j’étais en excursion dans le Flinders Ranges avec Brian Reichelt et sa femme, nous avons vu régulièrement des élégantes. Brian et sa femme me racontèrent qu’elles étaient généralement très présentes et en effet, j’ai pu observer régulièrement ces oiseaux magnifiques. Et un matin tôt, tout un groupe vola autour de moi et certains se posèrent même au dessus de ma tête. Je viens du Queensland et là, nous n’avons pas souvent la chance de profiter des oiseaux sauvages du groupe des néophèmes comme nos voisins du sud. Seule la turquoisine se rencontre régulièrement chez nous.

La perruche élégante se retrouve parfois en compagnie d’autres espèces comme la perruche à ailes bleues (Neophema chrysostoma) et la perruche à ventre orange (Neophema chrysogaster) dans les zones côtières. Quoique la cohabitation avec cette dernière espèce a été encore peu observée à cause des grands changements dans le paysage des zones côtières qui ont fait diminuer fortement les populations de perruches à ventre orange. En opposition avec cela, l’emprise de l’homme sur le paysage de l’ouest de l’Australie a créé plus d’espaces ouverts (pâturages) dont l’élégante profite. Malgré tout, dans la partie est de l’aire de répartition, leur nombre est un peu en régression. De nombreuses observations dans cette région sont parfois aussi des confusions avec la perruche à ailes bleues.

Les élégantes se rencontrent parfois en grands groupes de bien 100 oiseaux, particulièrement en dehors de la saison de reproduction, mais habituellement, ils vivent en petits groupes de 6 à 10 individus. Ce sont plutôt des oiseaux craintifs qui sont difficiles à observer, surtout si vous voulez les filmer. Elles se fondent parfaitement dans le décor, sûrement dans l’herbe sèche jaune, et elles partent en flèche si vous les approchez. Souvent, elles atterrissent alors pas très loin mais si vous persistez à les suivre, elles s’envolent pour disparaître complètement. Leur vol est rapide et ondulant comme les autres néophèmes. Des observations de dortoirs communautaires ont été rapportées où de petits groupes se rassemblent avant que chacun ne reprenne sa propre route au lever du soleil.

Il existe une preuve scientifique que l’espèce déplace son territoire vital en direction de zones où les saisons sont plus douces, probablement pour survivre aux périodes difficiles de sécheresse. Ce phénomène se présente surtout aux frontières de l’aire de répartition. Elles sont généralement considérées comme sédentaires.

Les élégantes se nourrissent de graines, de petits fruits et baies, mais aussi de verdures comme des feuilles. On a déjà vu des élégantes se nourrir de plantes agricoles comme le tournesol mais elles ne font pas autant de dégâts que leurs plus grands congénères.

La saison de reproduction commence habituellement en août ou début septembre et se termine en décembre ou début janvier. Les nids se retrouvent dans les petits arbres creux ou les branches situés entre 2 à 10 mètres du sol. Sur une couche de bois vermoulu, elles pondent de 4 à 6 œufs que la femelle couve pendant 18 jours pendant que le mâle recherche de la nourriture. Il vient régulièrement au nid et appelle la femelle jusqu’à ce qu’elle vienne pour lui donner la becquée. Le nourrissage se fait de manière irrégulière jusqu’à ce que les jeunes puissent se tenir au chaud de par eux-mêmes. C’est alors que autant la femelle que le mâle partiront en quête de nourriture et qu’ils viendront très régulièrement au nid pour nourrir les jeunes. Dès que les jeunes sont plus grands, ils attendent leurs parents à l’ouverture du nid pour être nourris.

En captivité
Cette espèce est populaire et connue mondialement en aviculture. Un problème souvent récurent est l’impureté des oiseaux de couleur sauvage: souvent dans une nichée, il y a une mutation. Des élégantes purement de couleur sauvage sont difficiles à obtenir.

Les élégantes ne sont pas des oiseaux exigeants et elles peuvent même être placées en compagnie d’autres espèces de perruches non-agressives ou même d’oiseaux chanteurs. On peut même les loger avec les espèces du genre Polytelis (perruche mélanure, princesse de Galles, …), et cela ira certainement si la volière est assez grande. J’ai récemment acheté un couple que je vais placer en compagnie d’un couple de pinsons dans une grande volière avec des plantations. Je préfère toujours les grandes volières où les oiseaux peuvent bien voler, indépendamment de l’espèce. C’est pourquoi je conseille pour un oiseau rapide comme l’élégante une volière de minimum 3,6m de long sur 0,9m de large et 2,1m de haut. Les élégantes qui sont maintenues dans des logements plus petits peuvent être en surpoids par manque d’exercice. Et en conséquence, les résultats de reproduction seront moins bons.

La plupart des perruches australiennes devraient à vrai dire être installées dans des volières avec un fond ferme (pas de fond grillagé) ou au moins disposer d’un récipient avec du sable. La perruche élégante est une espèce qui reste au sol et qui aime y chercher sa nourriture en grattant dans le sable. D’autre part, on doit être conscient que cela comporte des risques d’infection par les vers. Il est donc nécessaire de régulièrement les vermifuger préventivement. Bien que c’est, l’inconvénient des sols sablonneux, ceci stimule leur comportement naturel et contribue indéniablement au bien-être des oiseaux. Vous pouvez éventuellement limiter la surface au sol et construire la volière de sorte que cette partie soit quotidiennement bien exposée aux rayons du soleil. De cette manière, le sol sablonneux sèchera correctement et les œufs des vers ne survivront pas longtemps dans un sol sec et chaud. Lors de longues périodes humides, comme c’était le cas ces dernières années dans l’est de l’Australie, il faut être très attentif aux infections liées aux vers et aux bactéries!

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