L’amazone à joues jaunes

 (Amazona autumnalis autumnalis)

P.R. janvier 2013

En collaboration avec : Euro parrot

Traduction: Philippe Sautelet

(Néerlandais : Geelwang amazone)

(Anglais: Red-lored amazon)

(Allemand : Gelbwangenamazone)

Introduction

L’amazone à joues jaunes est l’une des quelques 28 espèces d’amazones. Et il y a encore toute une série de sous-espèces dont certaines sont contestées. En plus de l’espèce nominale, on connaît 3 sous-espèces: l’amazone de Salvin (amazona autumnalis salvini), l’amazone d’Equateur (amazona autumnalis liliacinae) et l’amazone diadème (amazona autumnalis diadema) (T. Arndt en M. Reinschmidt déclarent que l’amazone diadème est une espèce à part entière dans le groupe des amazones). L’amazone à joues jaunes est un oiseau que je voulais avoir depuis que je possède des perroquets et des perruches. Depuis 2003, mes volières en compte un couple. C’est une amazone qui me passionne particulièrement et que j’aurai dans ma collection aussi longtemps que je détiendrai des oiseaux. Ces oiseaux ont des yeux foncés avec un cercle oculaire blanc comme neige, des plumules noires sur la cire et des plumes jaunes, rouges et bleu violet. De par ses couleurs magnifiques entre autres, je trouve que c’est l’une des plus belles espèces!

Photo: Philippe Sautelet

Note de La Rédaction

Dans la littérature française, l’appellation de cette amazone diffère souvent. On retrouve les noms suivants : amazone à joues jaunes (comme en néerlandais et en allemand), amazone à front rouge, amazone à lores rouges (comme en anglais) et même erronément amazone à lores jaunes qui est le nom correct de l’amazona xantholora. Personnellement, je préfère l’appellation amazone à joues jaunes car c’est la caractéristique principale qui permet de la distinguer des autres sous-espèces d’amazona autumnalis et aussi des autres espèces d’amazones.

Traduction du nom latin

L’amazone porte le même nom que le fleuve amazone bien connu. Autumnalis signifie “automnal”. Automnal provient en fait des couleurs de la tête de l’oiseau (jaune, rouge et bleu violet).

Description

Pour la description, les photos devraient être suffisantes. (NDLR : Comme j’estime que cette amazone mérite mieux que de simples photos, vous trouverez ci-dessous une description complète de ce beau perroquet en italique).

Il n’y a pas de dimorphisme sexuel. L’ensemble du plumage est vert, plus vert jaunâtre sur le dessous du corps. Le front et les lores sont rouges. La couronne et la nuque sont vertes avec le bord de chaque plume bleu violet. Le haut des joues et les couvertures auriculaires sont jaunes, quelquefois mélangés à de l’orange. La quantité de jaune est fort variable d’un individu à l’autre. Les primaires ont l’extrémité bleu foncé. Les secondaires également, mais les cinq premières sont rouges. La queue est verte avec l’extrémité jaune verdâtre. Les rectrices externes sont bleues avec l’extrémité verte. L’iris est orange, entouré d’un cercle oculaire blanchâtre. Le bec est couleur corne, et gris à l’extrémité de la mandibule supérieure. Les pattes sont grises.

Photo: Philippe Sautelet

Habitat

La présence dans la nature de l’amazone à joues jaunes a déjà été décrite précédemment dans Euro Parrot et je n’y reviendrai donc pas. (NDLR : Pour les mêmes raisons, une description de son aire de répartition suit ci-dessous en italique).

Elle fréquente la côte est des Caraïbes, du Mexique jusqu’au nord du Nicaragua. C’est un oiseau forestier mais on le trouve aussi dans les régions déboisées. C’est une espèce commune mais son nombre diminue dans certaines régions suite à des captures importantes pour l’exportation.

Je rajouterai ici que l’amazone d’Equateur ne se porte pas bien à l’état sauvage. Des estimations indiquent qu’il n’y aurait plus que 600 oiseaux environ à l’état sauvage. C’est l’amazone la plus menacée sur la terre ferme. Pour l’amazone d’Equateur, il ne faut pas de CITES parce qu’il s’agit d’une sous-espèce. (NDLR : je trouve cela assez surprenant car cette sous-espèce a des caractéristiques fort différentes de l’espèce nominale en taille et en couleurs, contrairement aux deux autres, l’amazone de Salvin et l’amazone diadème, beaucoup plus proches de l’espèce nominale. Elle mériterait d’être protégée comme une espèce à part entière en voie de disparition. Cela reflète la difficulté de la classification de nombreux perroquets en tant qu’espèce à part entière ou comme sous-espèce. Ce problème existe entre autres aussi pour les amazones à front jaune et leurs nombreuses sous-espèces). L’amazone d’Equateur se retrouve fréquemment en captivité mais le programme EEP est à ma connaissance suspendu (dommage). Espérons que cette espèce sera conservée autant en captivité qu’à l’état sauvage.

Photo: Philippe Sautelet

Mon expérience

Fin 2003, j’ai pu acheter un mâle seul. Suite à mes recherches, j’ai acheté une femelle seule en janvier 2004. Les deux oiseaux provenaient d’élevages néerlandais. Le mâle était de 2003 et la femelle de 2002. Les oiseaux ont été logés dans deux volières contiguës. Les perchoirs étaient placés à la même hauteur dans chaque volière. Après quelques semaines, les deux dormaient côte à côte, ce qui était le signe pour les mettre ensemble. Malgré que le mâle était un oiseau d’élevage néerlandais, il était très nerveux la première année.

Les oiseaux disposaient d’un abri de 1 m de large, 2 m de long et 2,5 m de haut. Les dimensions de la volière extérieure étaient de 1,25 m de large, 3 m de long et 2 m de haut. Le sol était couvert d’herbe. Les perchoirs étaient en chêne ou en saule. J’essaie de remplacer les perchoirs annuellement car les oiseaux les rongent souvent. Des branches de saule leur sont fournies hebdomadairement pour assouvir leur besoin de détruire. Les oiseaux en font souvent usage pour leur nid. Dans l’abri, j’accroche un nichoir de 30 cm de large et 60 cm de haut. La trappe d’inspection est située à l’extérieur de l’abri de sorte que je ne doive pas rentrer dans la volière pour examiner le nid.

Les amazones peuvent bien se faire entendre. Chez moi, cela se passe principalement au lever du soleil quand les oiseaux s’activent, avant le repas du soir et quand il pleut et qu’ils prennent leur douche. Après que le couple eut reproduit une première fois, les liens du couple se sont fort resserrés. Ils se nettoient et se nourrissent mutuellement beaucoup plus maintenant.

Normalement, les amazones se reproduisent dès l’âge de 3 à 4 ans. Il y a naturellement des exceptions. W. Horsfield a déjà décrit un couple d’amazones de Prêtre qui reproduisit pour la première fois alors que la femelle n’avait que 18 mois. Chez moi, les premiers résultats de reproduction arrivèrent en 2007. La femelle avait alors 5 ans et le mâle 4 ans. Les années précédentes, ils ne montraient que peu d’intérêt l’un pour l’autre ou pour le nichoir. Ils se nourrissaient bien réciproquement de temps en temps mais sans plus.

Mon élevage commence à partir de février en augmentant le pourcentage de pâtée aux œufs, de graines germées, de fruits et de légumes. Je ferme aussi l’accès au nid au moyen de planches de saules (épaisseur de 2 à 3 cm). L’avantage de ceci est que l’on peut voir facilement si les oiseaux s’intéressent au nid et selon certains, ce serait bon pour la mise en condition de reproduction. En 2007, j’ai observé les premiers accouplements à partir de fin mars. Le 22 avril, le premier des trois œufs a été pondu et les deux suivants avec un intervalle de 1 à 2 jours. Les trois œufs étaient fécondés et le premier a éclos après 27 jours. Durant les premières semaines après la naissance des jeunes, les parents reçurent beaucoup de nourriture tendre. Les jeunes grandirent sans problèmes et après 14 jours, je les ai bagués en 11 mm. Après 58 jours, le premier est sorti du nid. 8 semaines après l’envol, les jeunes ont été séparés des parents. Il s’agissait probablement de trois mâles. Deux mâles ont été vendus et j’ai acheté une femelle (aussi de 2007) pour le troisième. J’étais donc fin 2007 l’heureux propriétaire d’un deuxième couple d ‘amazones à joues jaunes. Les trois mâles qui ont été élevés par mon couple présentaient peu de jaune sur les joues, tandis que les joues des parents étaient bien jaunes avec quelques plumes rouges.

Après que les jeunes soient sortis du nid en 2007, j’ai enlevé le nichoir de l’abri. En février 2008, j’ai remis le nichoir. 2008 fut une année d’élevage très décevante pour ce couple. Le mâle fut en condition de reproduction peu après l’accrochage du nichoir contrairement à la femelle. Des bagarres entre les oiseaux s’ensuivirent. Et comme ils se battaient beaucoup, je les ai nourris de manière moins riche, ce qui causa vraisemblablement le fait que la femelle n’a pas pondu cette année-là. Je n’ai d’ailleurs vu aucun accouplement en 2008.

Cela s’est amélioré les années suivantes. Le rituel de reproduction commence fin mars et la ponte entre fin avril et mai. Vous trouverez dans le tableau ci-dessous les résultats de ces dernières années.

 20072008200920102011
1er œuf22 avril2 mai20 mai22 avril
Nbre d’œufs 3333
Couvaison27 jours28 jours25 jours26 jours
Nbre de jeunes3333
Bagués14 jours12 jours14 jours
Sortis du nid58 jours54 jours54 jours

Pour mettre toutes les chances de reproduction de son côté, il faut veiller à : les oiseaux doivent en éprouver le besoin, bien s’entendre, accepter le nichoir, assurer la couvaison, recevoir une alimentation correcte, etc… Si ce n’est pas respecté, ils ne pourront pas se reproduire. La formule du succès peut différer d’un éleveur à l’autre même si les ingrédients de base sont identiques. Durant les premières nichées, j’ai nettoyé les nichoirs si c’était nécessaire. Lors des nichées suivantes, c’est devenu plus difficile car la femelle essayait de m’en empêcher. En enfermant la femelle dans la volière extérieure, j’ai pu le faire plus tranquillement et aussi baguer les jeunes.

2009 fut décevant. Les jeunes sont morts après 21 jours. Les parents ne voulaient manger que peu de pâtée et donnaient trop de graines aux jeunes. Ils ont eu des difficultés à les digérer et ils sont morts. Les années suivantes, j’ai adapté leur nourriture en mélangeant la pâtée avec des légumes, du maïs cuit, des carottes et des œufs. Tout ceci a bien été accepté durant l’élevage.

En 2010, j’ai séparé les oiseaux pendant 30 jours car le mâle était trop agressif et la femelle fut blessée au bec. Après avoir replacé le mâle, des œufs fécondés ont été pondus dans le nichoir après 14 jours.      

En 2011, le jeune couple s’est accouplé. Le 16 mai, le premier œuf a été pondu et deux suivirent. Après 30 jours, le premier a éclot et après 21 jours, j’ai enfin pu les baguer. Dès que je voulais inspecter le nid, la femelle devenait agressive envers les jeunes. Ceci causa la mort de deux jeunes. Ensuite, je n’ai plus surveillé le dernier jeune qu’après avoir fermé le trou d’envol. Et ce n’est qu’environ 15 minutes après le contrôle que je ne redonnais l’accès au nid. Je n’ai alors plus eu de problèmes avec le jeune survivant. Environ 10 semaines après, le jeune est sorti du nid. Je l’ai aussi gardé et accouplé à une femelle. Espérons que cela réussira dans quelques années.

Photo: Philippe Sautelet

Nourriture

Avant de partir travailler le matin, je leur donne des fruits et des légumes variés comme les pommes, oranges, mandarines, bananes, raisins, mûres, poires (bien contrôler la présence de moisissures) et carottes. Ils en mangent avec plaisir. En fin d’après-midi, ils reçoivent un mélange de graines composé de 80% de Premium Amazon Loro Parquemix (de Prestige Versele Laga) de 20% de mélange pour grandes perruches (sans tournesol) de Deli Nature (Beijers). (NDLR : j’ai trouvé récemment chez Aviseed un mélangé spécial pour amazones que je vous recommande tout particulièrement. Il est très diversifié et très équilibré. Il respecte une faible teneur en graisses car les amazones ont une tendance marquée à l’obésité).

Je donne aussi à mes oiseaux de petites quantités de granulés de Nutri Bird (P15). Le week-end, ils reçoivent de l’alimentation naturelle comme des pâquerettes, des pissenlits, des centaurées jacées, du mouron des oiseaux, des baies d’églantier et de sureau (en petites quantités). Les oiseaux l’apprécient beaucoup. Je jette les baies de sureau et les pâquerettes sur le toit de la volière de sorte qu’ils doivent se donner de la peine pour les atteindre. Les amazones se pendent souvent sur une seule patte. Les oiseaux ont de la pâtée aux œufs Cédé à leur disposition toute l’année. Elle est mélangée avec Multivitamine Roosvicee, des graines germées, de l’œuf cuit ou des légumes cuits (carottes ou maïs ou des mélanges de légumes tout prêts pour la soupe du supermarché). Les blocs minéraux et les os de seiche sont bien grignotés mais du bout des lèvres, pardon du bec. Sporadiquement, ils reçoivent du grit (NDLR : je suis personnellement contre car il peut causer des occlusions) et des minéraux.

Conclusion

C’est une amazone agréable à détenir pour la reproduction, mais comme avec de nombreuses amazones, il faut un mode d’emploi. Leurs cris sont assez désagréables pour les voisins éventuels.

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