Le ara de Coulon ou ara à tête bleue

Primolius Couloni

William Vanbeginne

Depuis pas mal d’années, les aras nains sont présents dans la plus grande partie de ma collection. Depuis 2010, je possède les différentes espèces et déjà en 2007 je recherchais un couple de Coulons.  Je m’étais laissé dire que pendant leur première année de vie, ils sont un peu plus “fragiles”, du moins en première génération, ce qui fait que je recherchais un couple un peu plus âgé.  En 2007, l’on m’a proposé une femelle de 2 ans et un mâle de 4 ans.  Les oiseaux étant en parfaite condition, et en ordre de documents Cites et sexage, je les ai donc achetés.

Origine et habitat:
L’ara de Coulon est natif de l’ouest du Pérou (excepté au nord), le nord ouest de la Bolivie (principalement à Pando) et le lointain ouest du Brésil (seulement à Acre).
Son habitat se retrouve au sud ouest de l’Amazone et adjacent aux contreforts de l’est des Andes.  Ils préfèrent les ouvertures des forêts humides, le long des rivières ou dans les clairières mais ils ont aussi été observés dans des marais de palmier Moriche et aux périphéries des villes.  On les rencontre dans les plaines mais aussi jusqu’à des altitudes de 1.550 m.  Comme beaucoup d’autres perroquets, l’ara de Coulon est connu pour visiter les falaises d’argile.

Description:
Il s’agit d’un oiseau d’environ 41 cm de long.  Son plumage général est de couleur vert (souvent coloré olive, surtout sur la partie inférieure), avec la tête, les plumes des ailes et la couverture primaire de couleur bleue.  La partie supérieure de la queue à la base marron, le centre, étroit, vert et la pointe bleue.  Le dessous de la queue et de l’aile est verdâtre, jaune, similaire à celle d’autres espèces d’aras nains (par exemple le manilata et l’auricollis).  Le bec est de couleur corne, gris pâle avec la base noire (il y a beaucoup de variation mais la mandibule supérieure chez les adultes est typiquement plus pâle).  L’iris est blanchâtre avec un cercle marron, souvent à peine visible.  Contrairement à la plupart des aras, la peau de la face et des joues est de couleur gris foncé.  Les pattes sont  rosâtres ternes.  Les jeunes ressemblent aux adultes mais ils ont l’entièreté du bec qui est noir, les pattes plus grises, l’iris plus foncé et la peau faciale et les joues blanches.

Peu de choses sont connues sur sa reproduction dans la nature mais un possible nichoir a été rapporté dans une cavité d’un bambou et un second dans un trou d’un arbre.  En captivité, leur cycle de reproduction semble être annuel avec une ponte de 2 à 4 oeufs.  Dans la nature, on les voit par petits groupes de 2 à 4 individus avec des records occasionnels de groupes jusqu’a 60 individus.  Son cri est aigu mais plus doux que la plupart des autres aras.

Statut:
Jusqu’il y a peu, il était considéré comme plutôt commun, mais une révision en 2006 par BirdLife International propose qu’il serait rare avec une population totale fortement diminuée et étant de 1.000 – 2.500 individus.  Pour cette raison, il a été remonté comme “menacé” en 2007 dans la liste rouge de l’IUCN.  Il n’y a que peu de choses qui sont connues sur cette espèce mais Tobias & Brightsmith (2007) ont évoqué que les estimations précédentes étaient trop basses et que leur nombre actuel serait de 9.200 – 46.000 individus matures.  Pour cette raison, ils ont proposé que la catégorie “vulnérable” serait plus appropriée.

Logement:
Arrivés chez moi, après la période de quarantaine, les oiseaux ont été logés dans une volière de 2,25 m de long, 90 cm de large et 2 m de haut.  Comme il s’agit d’oiseaux sud-américains, je leur ai directement fourni un nid bûche de +/- 1m de haut et un diamètre intérieur de 30 cm.  Très rapidement ils s’y sont rendus pour aller dormir.
Cette volière est rallongée d’une volière extérieure de 1,5 m de long que je peux fermer avec un système de guillotine fait en verre renforcé.  De cette manière, les oiseaux voient un semblant de treillis  et ne vont pas se fracasser la tête, pensant qu’ils peuvent sortir. Les oiseaux sont vraiment à leur avantage lorsqu’ils sont au soleil dans la volière extérieure, le bleu de la tête est alors brillant.
Ces deux oiseaux se sont très rapidement habitués à leur nouvel environnement et à moi-même.  Ils sont très friands de fruits et de noix et au bout de quelques jours venaient déjà en chercher entre mes doigts.  Je crois aussi que les deux oiseaux ont été élevés à la main.

Nourriture:
Mes aras nains reçoivent 50% d’un mélange de graines pour perroquets et 50% d’un mélange de graines pour grandes perruches.  Le tout est bien mélangé.  Chaque jour ils reçoivent leur ration de graines.  En plus de cela, comme je vous l’ai déjà mentionné plus haut, ils adorent les fruits et les noix.  Comme fruits je leur donne de la pomme, orange, mandarine, raisins, banane, kiwi, figues de barbarie, melon, pastèque etc…  donc surtout des fruits de saison.  Ils reçoivent aussi des légumes mais en plus petite quantité.  Par contre, ils raffolent des noix, surtout des noix de cèdres, mais je leur donne aussi des noix de Grenoble, noisettes, noix du Brésil, noix de pécan que je casse par un bon coup de marteau.  Décortiquer et casser en petits morceaux, ils le font eux même.

Reproduction:
Lorsque je les ai logés dans leur volière, je leur ai fourni directement un nichoir car comme tous les oiseaux sud américains, ils doivent avoir un nichoir à leur disposition pour aller y dormir.  Au bout de quelques jours, c’était chose faite, le soir lors du contrôle de mes oiseaux je ne les trouvais plus, les deux étaient au nid.
Ces deux oiseaux, s’entendaient à merveille.  Comme la plupart des aras nains, ils sont toujours ensemble.  Où l’un se trouve, l’autre se retrouve.  Ils étaient ensemble à la mangeoire, ensemble à profiter du soleil ou de la pluie dans la volière extérieure.  Ils ont passé ainsi leur première année chez moi.  En janvier 2009 j’ai fait une présentation sur les aras nains en Espagne à Valls (Barcelone) lors d’un congrès Psitticultura et ceci à la demande d’un ami.  Une fois ma présentation faite, mon ami Lucien, qui venait soigner mes oiseaux, m’envoie un SMS m’informant que mes Coulons avaient un premier oeuf.  J’étais super content !!!.  La femelle a ensuite encore pondu 2 oeufs.  Au bout de 15 jours, après la ponte du 3ème œuf, j’ai contrôlé les oeufs mais ils n’étaient pas fécondés et je les ai retirés.  Quatre semaines plus tard, à nouveau, elle a pondu 3 oeufs mais à nouveau ils étaient non fécondés.  J’ai mis cela sur le jeune âge de la femelle, car elle n’avait quand même, que 3 ans.
En janvier 2010, jour pour jour, la femelle a pondu son premier oeuf, suivi de 2 autres.  Quinze jours plus tard, lors du contrôle du nid, à ma grande déception, à nouveau non fécondé.  Cinq semaines plus tard elle a re-pondu 2 oeufs qui n’étaient pas fécondé non plus.  Pour cette année 2010 cela allait, à nouveau, ne rien donner. 


A mon grand étonnement, quelques semaines plus tard la femelle couvait 3 oeufs et je l’ai laissée faire.  Ce n’est qu’après 3 semaines que j’ai contrôlé les oeufs, et cette fois-ci un oeuf était fécondé.  Comme il s’agissait de la première fois qu’elle allait avoir un poussin et que je ne savais pas comment elle allait réagir avec celui-ci, j’ai décidé de placer l’oeuf en couveuse.  De cette manière je pouvais bien suivre le développement de l’embryon grâce au “Buddy” et le 1er mai, le petit est né, sans aide, dans la couveuse.  Quand je l’ai vu, je me suis dit un petit maracana, il y ressemblait comme 2 gouttes d’eau !!  A sa naissance il pesait 12 gr.  Toutes les deux, trois heures il a été nourri suivant le schéma d’élevage à la main que nous utilisons pour tous nos oiseaux.
Voici ci-dessous, le tableau de prise de poids du poussin à partir du jour 1 et vous constaterez qu’il a bien vite grossi

01/05 : 12 gr                02/05: 12,8 gr             03/05: 14,4 gr
04/05: 16,2 gr             05/05: 17,9 gr             06/05: 19,7 gr
07/05 : 22,1 gr            08/05: 26,2 gr             09/05: 29,1 gr
10/05: 34,2 gr             11/05: 39 gr                 12/05: 45,5 gr
13/05 : 51 gr                14/05: 59,8 gr             15/05: 71,5 gr
16/05: 78,8 gr             17/05: 85,7 gr             18/05: 92 gr
19/05 : 103 gr             20/05: 114 gr              21/05: 121 gr
22/05: 128 gr              23/05: 138 gr              24/05: 148 gr
25/05 : 154 gr             26/05: 166 gr              27/05: 172 gr
28/05: 178 gr              29/05: 189 gr              30/05: 191 gr
31/05 : 203 gr             01/06: 205 gr              02/06: 210 gr
03/06: 221 gr              04/06: 228 gr              05/06: 239 gr
au sevrage, l’oiseau pesait environ 270 gr

Elever cet oiseau était un vrai plaisir, aucun problème n’est survenu pendant cette période.
A l’âge de 3 semaines (le 20), j’ai bagué le petit d’une bague durcie de 9 mm.
Le seul moment qui a été un peu plus délicat, c’est le moment du sevrage car il ne voulait pas manger seul, je pense aussi que nous n’osions pas trop le forcer dû à sa rareté.  Pendant les vacances d’août, il est allé chez des amis car il ne mangeait pas encore seul et comme il ne connaissait pas Myriam, qui lui donnait encore une fois à manger le soir, il la mordait.  Au bout de 2 jours, Myriam a décidé de ne plus lui donner, car l’oiseau mordait plus que ne mangeait et le jour suivant, il mangeait tout seul !!!

Lorsque le poussin était âgé d’une semaine, j’ai prévenu le service CITES de la naissance de celui-ci et quelques semaines plus tard, lorsque j’étais sûr qu’il allait bien, j’ai demandé le certificat CITES du poussin que j’ai obtenu 10 jours plus tard.

Un autre point qui était maintenant très intéressant était de connaître le sexe de l’oiseau car dans les naissances des coulons, il y a beaucoup plus de mâles que de femelles.  Les anciens pays de l’est sont bien en avance sur nous dans l’élevage des Coulons et je savais que sur 10 oiseaux il y a 7 à 8 mâles.
Après sexage par ADN, l’oiseau né chez moi s’est révélé être une femelle

 

J’écris cet article en décembre 2010 et d’ici quelques semaines mon couple de Coulon devrait me confirmer s’ils suivent le même schéma que ces deux dernières années.  Je suis sur des charbons ardents et espérons que lors de cette prochaine saison j’aurais encore des poussins de ce magnifique petit ara.

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