L’amazone à cou rouge ou l’amazone de Bouquet

Amazona arausiaca (P.L.S. Müller, 1776)

P.R. mars 2011
H.W.J. van der Linden
Traduction :  Philippe Sautelet

Néerlandais : Roodkeelamazone, blauwkopamazone
Anglais: Red-necked amazon
Allemand : Blaukopfamazone

Territoire: Dominique (Petites Antilles)

Description de l’espèce
Taille environ 40 cm.
Mâle et femelle: la couleur générale du plumage est verte; les plumes de la nuque et du manteau présentent un bord très fin noir mat. Le front, la couronne, les lores, le haut des joues et la gorge sont bleu violet. La gorge présente une tache rouge, plusieurs fois  en forme de bandeau irrégulier, se prolongeant chez certains oiseaux jusqu’au-dessus de la poitrine. Le bord des ailes est vert jaunâtre. Les rémiges primaires sont vert foncé, progressivement bleu violet mat vers les extrémités; les couvertures primaires sont vert foncé. Les couvertures secondaires sont vert foncé, les trois couvertures primaires extérieures sont rouges à la base devenant progressivement jaunes et bleu violet à leur extrémité, la quatrième est jaune avec un voile vert. L’extrémité est bleu violet. Les trois premières couvertures secondaires présentent ensemble un miroir alaire rouge. Les petites couvertures sont vertes, les côtés inférieurs des rémiges sont bleus. Les plumes de la queue sont vertes avec des extrémités vert jaunâtre, les plumes latérales de la queue ont une tache rouge près de la base de la plume sur le dessous, seulement visible lors de l’ouverture de la queue. Les plumes extérieures de la queue présentent un reflet bleu sur leur partie supérieure. Les plumes du dessus de la queue sont vertes, les plumes du dessous de la queue sont vert jaune. Le bec est de couleur corne jaunâtre à la base pour devenir gris à son extrémité, la mandibule inférieure est de couleur corne; la cire est grise. La couleur de l’œil est pratiquement noire, l’iris est orange; le cercle oculaire est gris. Les pattes sont grises, les griffes sont gris noir.

Biotope
L’amazone à cou rouge, appelée aussi amazone de Bouquet, occupe la forêt tropicale primaire près des contreforts abrupts du massif montagneux Morne Diablotin dans le nord de la Dominique et dans la région Morne au Diable située encore plus au nord. Depuis quelques années, on la trouve de nouveau aussi dans de petites zones à l’est, sud-est et dans le milieu de l’île et plus au sud dans le parc national Morne Trois Pitons. Les oiseaux vivent normalement entre 300 et 800m, parfois, on les rencontre également à 1200m, mais durant les mois d’octobre à décembre, lorsque la nourriture se fait plus rare, ils descendent dans les plaines et on peut même les voir dans les bois de mangroves le long de la côte. Les oiseaux préfèrent se percher dans le feuillage dense de grands arbres perpétuellement verts.

Etat de la population sauvage
La perte de leur espace vital naturel, surtout aux hauteurs les plus basses, dû à la déforestation au profit de plantations de bananes et de citrons est le plus grand facteur direct qui menace la pérennité de l’amazone à cou rouge. En plus, leur petit espace vital joue également un rôle important.
L’île de la Dominique a une surface de 751 km2. Les différentes zones de reproduction comptent ensemble une surface  d’environ 70 km2. La question est de savoir si un espace vital assez petit peut offrir des possibilités suffisantes aux oiseaux pour pouvoir survivre à long terme. Il y a assez d’exemples de par le monde qui montrent qu’avec un espace vital si petit, les populations d’oiseaux ont peu de chance de survie sur le long terme.

La diminution de la qualité de l’environnement par des et les destructions allant de pair ont aussi contribué dans une large mesure au recul en nombre de l’espèce.
David, l’ouragan le plus dévastateur de mémoire d’homme, qui fin août 1979, souffla sur l’île avec des vitesses de vent inconnues jusqu’alors, arracha en quelques heures dans la forêt tropicale quelques 5 millions d’arbres après estimation. La conséquence de ceci fut qu’une grande partie des ressources alimentaires et des possibilités de nidification furent anéanties. Dans le nord de l’île, presque la moitié de la population disparut et sur le reste de l’île, c’est presque la population entière qui fut perdue.
Début 1980, après enquête des employés de l’administration dominicaine des forêts, la population restante des amazones à cou rouge estimée à moins de 150 individus desquels une partie se trouvait en faible condition physique de par la sous-alimentation.
Plus tard dans l’année, la Dominique fut à nouveau confrontée à un ouragan, un peu moins puissant que David, mais cette fois aussi, il ne resta pas grand chose des sources de nourriture et pour la deuxième année consécutive, une pénurie alimentaire régna.

Les ennemis naturels représentent aussi une menace pour l’espèce. Le prédateur le plus important est l’opposum (Didelphis marsupialis), celui-ci opère surtout pendant la période de nidification. Ils enlèvent les œufs et les jeunes du nid pour les manger ensuite. Egalement la petite buse (Buteo platypterus)est un prédateur connu des jeunes amazones. Les boas présents sur l’île (Boa constrictor) et les rats (Rattus rattus) font aussi annuellement de nombreuses victimes.
Heureusement, la contrebande de ces amazones pour le commerce international devient rare et la chasse de ces oiseaux pour la consommation appartiendrait au passé.

Le nombre d’amazones à cou rouge s’est environ multiplié par cinq durant les trois dernières décennies. La population totale est momentanément estimée entre 750 et 800 exemplaires. La plus grande partie de la population vit dans le nord de la Dominique, une population notablement plus restreinte se trouve dans le sud de l’île.
Surtout dans le sud, de nombreuses petites zones sont à nouveau occupées par l’espèce après le passage de l’ouragan dévastateur de 1979. 
Malgré l’augmentation de la population totale, l’espèce reste extrêmement vulnérable.

CITES Appendix I

La règlementation européenne en matière de détention et de commerce d’espèces d’animaux et de plantes menacées à l’état sauvage.
L’amazone à cou rouge est reprise dans l’Annexe A du Règlement Européen de Base. Dans le Règlement de Base (EG) nr. 338/97, les règles sont établies pour l’importation, l’exportation, la réexportation, le transit, le transfert de propriété et les transactions commerciales.

Mode de vie
Ces amazones vivent en couple ou en petits groupes. Sur leur territoire, ils occupent différentes zones en fonction de l’offre alimentaire.
La période de reproduction s’étend de début janvier jusqu’en juin. Ils nichent dans de grands arbres comme les « Dacryodes excelsa » et les « Sloanea berteriana » habituellement entre 11 et 25 m du sol. L’entrée du nid est souvent cachée par une couche protectrice de plantes grimpantes comme le clusia et elle est alors difficile à apercevoir du sol. Elle a un diamètre de 45cm environ; la ponte compte de 2 à 3 œufs. La durée de couvaison n’est pas connue précisément mais elle se situe probablement entre 26 et 28 jours. Les oisillons restent au nid 90 jours environ, peut-être même quelques jours de plus. 
Les deux parents s’occupent des jeunes. Les premiers temps après l’éclosion des jeunes, le mâle nourrit la femelle en dehors du nid sur une branche à proximité, ensuite la femelle nourrit les jeunes. Après 14 jours environ, le mâle nourrit les jeunes directement au nid. On remarque que les visites au nid par le mâle sont clairement plus courtes que pour la femelle. Au fur et à mesure de la croissance des jeunes, le temps de visite au nid par la femelle diminue, tandis que celle du mâle change à peine.

Aviculture
La première représentation de l’amazone à cou rouge date déjà de 1758, elle fut réalisée par George Edwards, un ornithologue bien connu en son temps qui a écrit en 1743 son « Natural History of Birds ».
Cette amazone est toujours restée un oiseau très rare en volière. Selon Rosemary Low, pas plus d’une douzaine de ces oiseaux n’est arrivée en Angleterre depuis lors. Le couple Nichols de San Antonia, Texas, qui étudia en détail durant de nombreuses années les espèces menacées d’amazone sur le territoire des Caraïbes, possédait en 1976 un couple de ces oiseaux. Le “Weltvogelpark Walsrode” reçut également en 1976 deux couples, dont un fut installé dans un endroit accessible au public. L’autre fut maintenu hors de la vue du public dans un but de reproduction. En 1982, ce couple fut transféré au centre de reproduction du “Carribean Wildlife Preservation Trust” en république dominicaine afin d’essayer de mettre les oiseaux en état de reproduction, sous des conditions météorologiques plus favorables que celles présentes en Europe. Les oiseaux furent logés dans une volière de 4 m de long, 1 m de large et 2 m de haut avec un abri attenant de la même hauteur avec une superficie de 1m².
L’alimentation de ces oiseaux se compose d’une variété riche de légumes et de fruits: morceaux de carottes, poivrons, concombres, mange-tout, oranges, raisins, ananas, papayes, mangues, melons, pastèques, bananes, complétés par des morceaux d’épis de maïs pas encore mûrs à l’état laiteux et une cuillère à café de graines germées de tournesol par oiseau.
Déjà la première année après leur arrivée dans le centre de reproduction, des comportements d’accouplement furent observés à plusieurs reprises, aussi bien sur le sol que sur les perchoirs. Les oiseaux visitèrent régulièrement le nid. Trois œufs y furent pondus qui malheureusement se sont avérés clairs.
Dans les années 1980, le “Jersey Wildlife Preservation Trust” en Angleterre possédait deux amazones à cou rouge.
Jusqu’à aujourd’hui, aucun résultat de reproduction de cette espèce d’amazone n’a encore été enregistré.

Mutations
On a signalé un exemplaire lutino à l’état sauvage.

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