Le Lori de Duivenbode

Chalcopsitta duivenbodei


P.R. décembre 2014
Bert Van Gils
Traduction : William Vanbeginne

Introduction
Le Lori de Duivenbode (Chalcopsitta duivenbodei), parfois aussi nommé lori brun, n’est pas aussi coloré que membres de la famille des Loris, avec comme nom scientifique Loriidae.
Pourtant, ceux qui ont la chance d’être en possession de cette espèce, sont souvent fort impressionnés par leur beauté.
Il existe une sous-espèce reconnue avec un nom difficilement prononçable : Chalcocpsitta duivenbodei syringanuchalis. Celle-ci diffère de l’espèce nominale par sa tête et dos d’un brun plus foncé, avec en plus un reflet de couleur violet.
Le lori de Duivenbode se retrouve depuis le nord-ouest Papoea en Indonésie jusqu’à la baie Astrolabe en Papoea Nouvelle-Guinée. La sous-espèce se retrouve surtout dans les parties orientales de ce territoire. Il n’existe que très peu de photo ou de vidéos de cette espèce dans la nature.

La vie dans la nature
Il n’y a en fait que très peu de choses connues sur la manière de vivre du lori de Duivenbode à l’état sauvage car les territoires où ils se retrouvent sont très isolés. C’est une espèce qui vit dans les régions basses et la forêt vierge jusqu’à une hauteur de 200m au-dessus du niveau de la mer. On le rencontre aussi de temps en temps le long des côtes où ils vont visiter régulièrement les plantations de noix de coco bien que ce ne soit pas encore confirmé par les scientifiques. Les régions où ils habitent sont, sans exceptions, particulièrement chaudes et humides.
En règle générale, le lori de Duivenbode se retrouve en petits groupes de 4 à 6 oiseaux. Souvent l’on voit aussi 3 à 4 oiseaux ensembles, alors il s’agit d’un couple adulte accompagné d’un ou deux petits de l’année. La plupart des cas de reproduction, notifiés datent d’avril mais il est probable qu’ils ne se reproduisent pas à des moments stables mais plutôt quand les circonstances sont favorables avec suffisamment de nourriture.
Ce sont des oiseaux bruyants et très jouettes, surtout les couples, les uns envers l’autre. La cour du mâle est constituée de battements d’ailes ce qui va faire que le jaune du dessous de l’aile va être bien visible. Il va ouvrir grand sa queue et sautille de bas en haut sur la branche où sa femelle est posée et toujours de plus en plus près d’elle. Pendant ce spectacle il va se faire entendre bruyamment.

Nourriture en captivité
Comme nourriture de base pour le lori de Duivenbode, je commence avec des graines pour déjeuner qui sont en fait destinées aux humains : Pro Nutro TM, très bas en taux de fer, une chose qu’il faut bien faire attention chez les loris. A ce mix je rajoute des biscuits finement moulus, des germes de blé, un mélange de lait en poudre, malt et de la farine de blé et un petit peu de sel. De même j’y rajoute une formule qui donne un supplément d’hydrates de carbone, de protéines, minéraux et vitamines. Ce produit s’appelle « Sustagen Hospital Formula » et est plus destiné comme nourriture liquide puissante pour les humains qui ne supportent pas de nourriture solide à cause d’une maladie.
A cette nourriture de base je rajoute encore un mélange de légumes surgelés qui ont été dégelés que je mouds finement avec un mixeur. Le tout est encore amélioré au niveau goût avec un peu d’eau sucrée ou de miel.
Chaque soir les loris reçoivent encore un petit extra en fruits comme de la pomme, poire, melon, Mango, raisin ou orange. La plupart des oiseaux aiment cela de même que la betterave ou des épinards. Un petit morceau de cake sec (le bien connu « sponge cake ») qui est humidifié par du jus de fruit sans sucres ajoutés est donné au moins une fois par semaine et même chaque soir lorsqu’ils ont des jeunes. Du maïs sucré est aussi fort apprécié lorsqu’ils ont des jeunes.

Logement
Une volière pour les loris de Duivenbode doit avoir au moins 3,6 m de long x 1 m de large x 2 m de haut. La forme du nichoir n’est pas vraiment importante. Prévoyez un nid avec comme superficie au sol de 20 x 20 cm et un peu de matériaux pour le couvrir. Pour cela j’emploie de la tourbe mélangé à des copeaux de bois de pins grossiers. Avant chaque saison de reproduction j’achète un grand sac de copeau de bois comme ceux qui sont employés dans les écuries de chevaux et ceci directement d’un ébéniste local. De cette manière, vous pouvez être certain que les copeaux ne sont pas traités avec l’un ou l’autre produit. L’an prochain je vais aussi essayer avec de la litière pour chat mélangé aux copeaux de bois. D’après un éleveur expérimenté, les parents vont finement ronger ces matériaux pour en faire un lit douillet pour les œufs. En plus, ceci absorbe beaucoup d’eau des fientes très liquides des jeunes. Ceci me semble, en théorie, fonctionner convenablement, donc je suis curieux de voir les résultats avec l’année prochaine.

La reproduction
Comme la plupart des grandes espèces de Loris, le lori de Duivenbode pond 2 œufs qui sont couvés pendant 24 jours. Les jeunes quittent le nid généralement vers 10 semaines. En règle générale, les parents font bien leur travail mais personnellement je trouve qu’il y a quand même régulièrement des problèmes qui interviennent lorsqu’ils se reproduisent pendant l’hiver. Le problème est alors de garder les petits au chaud. A l’âge d’environ 2 semaines après l’éclosion, la femelle est encore souvent à côté de ses poussins dans le nid mais elle ne va plus s’assoir au-dessus. Il est probable qu’à ce moment-là les poussins sont déjà un peu trop grands. La difficulté est que cette espèce provient de nature d’une région où il fait très chaud. Leur manière de vivre et leurs instincts de reproduction ne sont donc pas prévus pour les températures froides et certainement pas lorsqu’ils se reproduisent pendant les hivers froids de chez nous.
Chaque matin je nourris mes oiseaux, en hiver un peu plus tard qu’en été. Les parents viennent directement manger et pendant ce temps-là je peux faire un contrôle du nid lorsqu’il y a des jeunes. Je peux ouvrir les portes des nichoirs à partir du couloir dans lequel je nourris et de cette manière je ne dois pas rentrer dans la volière à chaque fois. En règle générale, je touche rapidement les poussins pour voir s’ils ont assez chaud. Si ce n’est pas le cas et que les poussins ne réagissent pas au toucher, alors vous avez certainement un problème. Les jeunes, à ce moment-là, ne sont certainement plus en état de quémander après de la nourriture chez les parents et alors se trouvent dans une position périlleuse. Si en plus il s’agit d’une journée froide avec peu de soleil, les poussins ne pourront pas se réchauffer. En cas grave alors je passe à l’élevage à la main. Je n’en suis pas un grand fanatique mais laisser mourir les poussins est pour moi encore plus grave.
En règle générale tout se passe bien et je les laisse, même après qu’ils aient quitté le nid, encore un bon moment avec les parents. Dans la nature ils apprennent aussi beaucoup de choses de leurs parents pendant cette période. Prenez en compte qu’au bout d’un certain temps le couple peut à nouveau se mettre en route pour une nouvelle nichée. A ce moment-là ils peuvent montrer une certaine agressivité envers les jeunes. Essayez de bien observer les oiseaux et enlevez les jeunes de la volière des parents. Dans la plupart des cas, cela se passe quand même bien au niveau agressivité. Il n’y a pas longtemps j’ai même eu un jeune un peu plus âgé qui est resté avec ses parents tout le temps de couvaison de la seconde ponte et sans aucuns problèmes. Je pense qu’à ce sujet nous avons encore beaucoup à apprendre de nos oiseaux. Dans la nature, il y a eu des rapports de cas de jeunes qui ont aidé leurs parents à élever une seconde ponte ! Ceci est, entre autre, le cas du Méliphage à oreillons bleus mais je suppose que cela doit être la même chose chez certaines espèces de psittacidés. Je dois quand même conseiller de bien faire attention aux signes d’agressivité lorsque des jeunes un peu plus âgés restent depuis longtemps avec leurs parents dans la même volière. Moi-même je reste toujours bien alerte.

Conclusion
Les loris ne sont peut-être pas détenus en si grand nombre que la plupart des espèces de perroquets et perruches granivores du fait de leur nourriture spéciale et de leurs fientes. Il s’agit pourtant d’oiseaux exceptionnels avec un caractère agréable que l’on ne retrouve pas toujours chez toutes les espèces de granivores. En plus ils sont particulièrement jolis.
La détention et la reproduction des loris peuvent avoir de ma part un peu plus de publicité dans notre monde des oiseaux. Différentes espèces sont déjà menacées dans la nature, principalement à cause de la perte de leur habitat mais aussi par la chasse et la capture. Ce serait vraiment dommage si ces espèces devraient disparaitre en aviculture parce qu’il n’y a pas assez d’intérêt des éleveurs. A ce moment-là il n’y aura plus cette population en captivité disponible pour éventuellement, plus tard, pouvoir réinsérer certains oiseaux dans la nature. Notre hobby est né de la capture d’oiseaux dans la nature. Nous profitons déjà maintenant de ces magnifiques oiseaux en captivité et nous pouvons les faire reproduire. Mais si un jour devait arriver, ce serait à notre tour de faire une faveur et d’empêcher qu’une espèce disparaisse.

Essayez un couple de loris, si vous êtes bien préparés, vous ne le regretterez certainement pas.

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