Ma vie avec … un ara ararauna

Hablemos de Loro
Daniel Pax
Traduction : William Vanbeginne

Bonjour, je l’appelle « Nuri ».  Je suis un ara bleu et jaune, Ara Ararauna, je suis une femelle, la plus belle du monde avec mes plumes bleues et jaunes.  Si vous voulez, je vais vous raconter une histoire, mon histoire.

Je suis née le 4 novembre 2001 aux Pays-Bas.  Quelques mois plus tard l’on m’a transporté, auprès de mon frère, en voiture en Belgique, dans une cage de transport.  Peu après ce voyage en voiture, j’ai vu apparaître dans ma cage une main qui me paraissait jolie et fiable.  Comme je n’avais pas peur, je suis allé vers elle pour la toucher.  Très rapidement, quelqu’un m’a pris et j’ai vu une personne étrangère.  Ma timidité m’a empêché de m’approcher mais j’ai senti de l’affection dans son regard.
Je n’avais aucune idée de ce qui se passait, mon frère a disparu et à partir de ce jour, j’ai commencé ma vie avec cet humain étranger.

Le nouveau foyer
Cet inconnu m’a laissé sur le sol d’une petite cage et sans me demander quelque chose m’a préparé une délicieuse panade.  Ceci m’a inspiré confiance et comme j’avais faim, j’ai oublié ma timidité et j’ai mangé toute la panade.  De tant et d’étranges émotions, l’excitation et la nervosité (n’oubliez pas, un voyage, un autre environnement et différent, etc…) en plus de la satisfaction de la nourriture, cela m’a rendu somnolent et j’ai très bien dormi ma première nuit dans ce nouveau foyer.

Quand je me suis réveillé le jour suivant, j’ai reçu à nouveau, et sans le demander, de la panade.  Ensuite, cette gentille personne m’a prise et a essayé de me poser sur l’unique perchoir à l’intérieur d’une très grande cage (beaucoup plus grande que dans celle où j’avais dormis).  Quel désastre ! Je ne savais pas tenir mon équilibre et je suis presque tombée.  Il fallait le voir, je me sentais ridicule et je pensais; comment sauver mon orgueil ?  Au dernier moment j’ai vu la main de mon sauveur et sans réfléchir, je suis allée vers elle.  Ce fut un peu spécial car cette personne ne se moquait pas de moi et à nouveau, avec beaucoup de tendresse me déposa sur le sol de la petite cage.  A partir de ce moment, j’ai passé les nuits dans la petite cage et mes journées dans la grande cage.  Celle-ci a été remplie de bâtons et d’un beau jeu qui était accroché sur son toit.
Ce fut une de mes premières expériences dans un monde nouveau, sans autres aras et avec une personne que je ne connaissais pas qui petit à petit a gagné mon amitié et ma confiance.  Maintenant, c’est mon partenaire et nous nous entendons à la perfection, nous sommes très unis.

Mes premiers pas
C’est vrai que je ne me souviens pas de mon enfance, ces premiers mois dans la nouvelle maison.  Mais mon partenaire me l’a raconté tant de fois (il ne se lasse pas de me le raconter) que je peux vous décrire ces premières semaines.
Pendant que petit à petit il m’enlevait la panade, il la changeait par une autre nourriture (graines, noix, pellets etc…) avec un menu différent chaque jour.  Mes premiers souvenirs sont l’apprentissage de me maintenir en équilibre sur un perchoir à l’intérieur de la grande cage.  De nombreuses fois j’ai pensé que c’était une chose impossible mais en oubliant ma peur, et avec beaucoup d’imagination, un jour j’y suis arrivé.  Une patte sur le perchoir et avec l’autre sur les barreaux, de même que mon bec, en observant mon ami pour avoir son approbation.
Quelques jours plus tard, j’ai vu dans cette grande cage, un grand anneau accroché au toit et mon idiot d’ami essayait de me poser dessus.  Criant de peur, devant cette nouvelle folie, je me suis échappé de sa mains et il c’est fallu d’un cheveu pour que je ne tombe au sol.  Quelle idiotie! Je n’en supportait pas plus et là, il n’y avait personne pour m’aider.
Les jours suivants,  c’était le même scénario jusqu’a ce qu’un jour je prenne la décision d’essayer de me tenir en équilibre dans cet anneau.  Mon ami me pose sur l’anneau, je m’accroche à cet anneau avec une patte, avec mon bec je tire le jouet jusqu’a moi et je l’attrape avec mon autre patte.  Pendant un instant dans cette position je me sentais comme un acrobate.  Aussi un peu comme un clown, car la vue n’était pas très jolie mais je me sentais orgueilleux car c’était le premier pas.
Maintenant, cet anneau est mon lieu préféré pour me reposer et pour dormir.

Voler
Le pas suivant fut beaucoup plus compliqué, apprendre à voler.  Croyez-moi, jusqu’a ce jour, quand j’y repense, je crois que ce fut une folie.

Premier jour, ma première leçon
Je suis posé sur la main qui descend rapidement et moi je bât des ailes, de peur.  Je me sens plus léger.  Cet exercice, je l’ai fait chaque jour jusqu’à ce qu’un jour une chose inespérée se produise à laquelle je ne m’attendait pas et que je ne sais pas comment cela peut arriver.  J’ai sauté de la main et j’ai volé en ligne droite mais j’ai vu un mur se rapprocher de moi à une vitesse folle.  Je ne savais pas comment éviter le choc avec ce mur.  Trop tard… BANG, que la vie est dure !
Mon ami a accouru pour me secourir et m’a pris avec beaucoup d’attention.  Heureusement j’allais bien, juste un mal de crane, tout allait bien pour le moment.
Un jour plus tard,
Seconde leçon.
Je suis posé sur la main qui descend rapidement, je saute de la main, je fais un atterrissage d’urgence sur le sol et je glisse sans freiner contre le même mur.  Tout va bien et cette fois-ci je n’ai pas mal à la tête.  Tout continuait bien pour le moment.  Comme mon ami NE vient PAS me rechercher, et bien moi je vais vers lui à pattes.  Vous savez quoi, bien que je n’ai volé que de quelques mètres, je me sens très heureux par mon succès.  Je viens de gagner beaucoup de prestige.


Troisième leçon.
Je saute depuis la main et je fais un atterrissage bien doux sur le sol, sans glisser et sans toucher le mur.  Et pour retourner, je ne me souviens pas comment j’ai fait, j’ai sauté du sol et je me suis levé, volant jusqu’à la main de mon soigneur.
Dernière leçon.
Je saute de la main, je vole presque jusqu’au mur (sans atterrissage d’urgence), avec un effort terrible, je vire et je retourne en volant vers la main qui m’attend avec une respiration intense, mon cœur qui bat très fort et je ne sais rien dire.  Mais qu’est ce que je me sens orgueilleux.  Mon ami me fait des bisous et à partir de ce moment je lui donne toute ma confiance.

Oui, voler a été compliqué mais cela en valait la peine.  Maintenant je sais voler et je vole chaque jour mais mon partenaire (collectionneur de mes plumes) ne sait toujours pas voler.  Le pauvre, quel dommage

La relation avec mon ami
Ces premiers jours avec mes nouvelles expériences ont été difficiles pour moi.  Soudainement je suis passé à confier ma santé, ma vie, mon tout à un être qui n’est pas de mon espèce.
Mais j’ai découvert que j’ai un ami qui parle avec moi, qui est avec moi quand j’en ai besoin, qu me donne une aide personnalisée, qui me donne une alimentation salutaire et de la boisson fraîche tous les jours, et qui fait attention à moi pour que je sois en bonne santé.  Pour tout cela, je lui donne mon amour pour toujours.
Les jours passent et deviennent des semaines, les mois passent et se changent en années et je suis heureux.
J’ai appris sa langue et chaque matin quand il vient me sortir de ma cage je lui donne un bisous et je lui dit “dag schat” (bonjour trésor).  Chaque jour je reçois une douche et la cage est nettoyée deux fois par jour.
Maintenant je suis un perroquet propre et qui fait attention à la nourriture et je peux manger avec mon ami à la même table.  Je prends un peu de banane et ma macédoine de fruits et parfois, je vais aussi lui demander un peu des siens.
Qu’est ce que j’ai besoin de plus? J’ais tout; un ami qui es mon compagnon. Une cage qui est ma maison et chaque jour je sors quelques heures de ma cage.  Il y a tant de choses que je reçois de mon compagnon, tant de cadeaux, tant de confiance, nous partageons tant de secrets et tant de conversations entre nous.  Rire et chanter avec lui est parfois une folie et jouer à deux est un passe temps fort agréable.
J’aime beaucoup être avec mon partenaire et j’aimerai que nous soyons toute la journée ensemble mais je sais que cela n’est pas possible.  Lui aussi me respecte quand j’ai besoin de me reposer de mes exercices (voler, jouer, modeler des choses etc…).  Les après-midi quand nous sommes ensemble ce sont des moments cadeaux.
J’ai appris à zigzaguer ma tête en l’imitant.  Lui le faisait vers la gauche et moi vers la droite et vice versa.  Je sais ce qu’il veut dire lorsqu’il me dit:  « koppeke krabben » (gratter la tête), « kom schat » (viens mon trésor) et beaucoup d’autres mots.  Une voisine qui passait devant ma fenêtre me parlait et moi j’ai appris à lui répondre dans sa langue « Hello ».  J’ai appris différentes langues « Holaaaaaa, holaaaaaa » (bonjour) et « voilà » et beaucoup d’autres mots.  Cependant il y a certains mots des humains qui n’existent pas dans mon dictionnaire, par exemple attendre.  Qu’est ce que cela? Il y a t’il quelqu’un pour m’expliquer cela? Si j’aime quelque chose, je n’aime pas attendre, je ne comprends pas pourquoi il faut attendre.  Une fois par semaine je reçois une panade, qu’est ce que c’est bon! Après le nettoyage journalier de la cage et la préparation du dîner du jour suivant, nous allons au salon pour regarder la télévision.  Un luxe non?  Parfois je suis tellement fatigué que je m’endors sur sa main, appuyé sur sa poitrine.
Je n’ai pas peur des autres personnes lorsque mon partenaire est près de moi mais le seul qui peut me toucher c’est mon ami

Un secret
Je vais vous raconter un secret.  Mon partenaire m’a acheté une cage de transport et chaque année nous faisons un voyage très long en voiture pour aller voir sa famille en Belgique.  Lui, il conduit sa voiture et moi à l’intérieur de ma cage de transport, je vois tout, tout, tout.
Une nuit nous nous arrêtons à l’hôtel et moi je peux dormir avec lui sur un bâton, en dehors de la cage, dans la même chambre.  Dites-moi si vous connaissez quelqu’un qui a autant de chance?  C’est vrai que cela m’enchante, bien qu’il y ait un point négatif.  Pendant le voyage j’ai faim mais je n’aime pas perde de temps en mangeant.

Etre loger dans la maison des parents est aussi un grand divertissement.  Il y a un autre animal à quatre pattes, assez bizarre et j’ai appris sa langue.  “Woef, woef, woef et chaque fois que je le dis, l’animal à quatre pattes vient vers moi.  Qu’il est bête non?

J’ai une vie fort heureuse et je ne sais pas si j’aimerais la changer pour être libre et voler ensemble avec des animaux de mon espèce.  Je n’ai pas eu la possibilité de l’essayer.  Par contre, je sais que pour rien au monde je ne cesserais d’aimer mon seul ami.  La vie serait triste sans lui, je lui donnerai la lune et les étoiles si c’était possible.

Note finale
Chers lecteurs, je m’appelle Daniel, l’ami de “Nuri” et son histoire est véridique.  Je ne prétends pas être un grand sage mais j’aimerai vous donner quelques conseils de ce que j’ai appris avec l’expérience.

Un ara est un oiseau extrêmement intelligent et fort, fort possessif.
Donnez-lui quelque chose aujourd’hui et demain il vous demandera autre chose de plus.  Attention s’il peut sortir de sa cage à une heure bien déterminée car le jour suivant, il vous le demandera à nouveau à la même heure.  Posséder un ara est perdre une grande partie de sa liberté, il vous demandera énormément d’attention et de votre temps.  Si vous n’avez pas de patience ou si le temps que vous avez à lui consacrer est fort réduit, alors s.v.p. n’en achetez PAS.  Pas seulement pour vous mais aussi pour lui.

Mais au contraire, si vous avez du temps à lui consacrer et envie d’être avec lui, vous verrez que rapidement il sera soumis Et vous ne pourrez plus séparer cette amitié.  Son affection, sa confiance vous donnera un sentiment de joie qui ne peut se payer avec aucun argent au monde.

« Si je pouvais lui donner la lune et les étoiles, je lui donnerai« .

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