Perruches cornues, perruches de Nouvelle Calédonie

Eunymphicus cornutus

P.R. octobre 2017
Andreas Volkmar, Bad Salzungen
Retravaillé par Freddy Lebon
Traduction : William Vanbeginne

La perruche cornue est une des deux espèces du groupe eunymphicus. Dans le temps on supposait qu’il y avait une espèce avec comme sous-espèce eunymphicus uvaensis mais actuellement les deux sont considérés comme des espèces indépendantes. La division des deux espèces n’est pas encore si vieille. Le biotope de la perruche cornue se trouve sur la Nouvelle Calédonie, un archipel situé sur la partie sud du Pacifique. Sur cette île tropicale d’environ 19.000km², qui est toujours un territoire d’outre-mer Français (le chef de l’état est donc François Macron) règne une température moyenne annuelle de 26°C et la température la plus basse est de 20°C (par exemple la nuit).
Dans ses forêts vierges très humides l’on retrouve cette perruche verte, jaune d’une longueur de 32 à 36 cm. Elle vit plutôt retirée et cachée, ce qui rend l’observation de cet oiseau plutôt difficile. Des observations de Heinrich Bregulla (1993) mentionnent que cet oiseau a comme nourriture principale les graines de l’arbre Kauri (agathis lanceolata) et les baies des arbustes Lantanas (lantana camara). Pourtant il y a des observations qui ont été notées de perruches cornues qui mangent d’autres sortes de baies. Ce qui compose donc sa nourriture principale n’est toujours pas certaine.
Les nids des perruches cornues sont retrouvés dans des trous d’arbres, des fentes entre les rochers et des talus en terre.
La perruche cornue d’Uvéa ou Ouvéa (eunymphicus uveaensis) habite l’île voisine Uvéa de 132 km² de superficie qui est située au nord de la Nouvelle Calédonie et qui appartient aux îles Loyauté. Grâce à des mesures de protection intensives et un degré de reproduction relativement haut (heureusement) les deux espèces se sont bien rétablies dans la nature. Pourtant les perturbations lentes de leur espace de vie, la capture et les dangers potentiels de leurs ennemis font que la liste rouge de Bird-Life International garde les deux espèces sur la liste rouge IUCN comme « vulnérable ».

Caractéristiques :
En plus de ses mouvements souples et agiles et à mon avis son plumage enchantant, le signe de reconnaissance le plus marquant de la perruche cornue ce sont les plumes de la tête rallongées en forme d’antenne. Ces antennes qui leur ont apporté le nom de perruche cornue sont présents aussi bien chez les mâles que les femelles mais peut être différents en longueur. Ma femelle perruche cornue avait des « antennes » plus courtes que le mâle mais ceci peut varier très fort d’un oiseau à l’autre. Pour pouvoir détenir des perruches cornues, l’éleveur doit être en possession du document Cites qui à la demande des contrôleurs doit pouvoir être enseignable.

Sensibilité pour une infection aux vers :
J’ai eu la possibilité de choisir mon premier couple chez un éleveur entre différents jeunes, où il y avait aussi des jeunes de la perruche cornue d’Ouvéa. Du fait que les perruches cornues se retrouvent souvent sur le sol, elles sont aussi sensibles aux infections aux vers, nous raconta l’éleveur. Il m’assura qu’il effectuait régulièrement une cure de vermifuge.
Très fier je suis retourné chez moi avec, à l’époque encore très chères, des perruches cornues. Là, comme chaque nouvel arrivant d’ailleurs, elles se sont retrouvées en période de quarantaine. Tard dans l’après-midi, j’ai remarqué que les deux oiseaux étaient près de la mangeoire, les yeux à moitié fermés et qu’elles ne faisaient que manger. J’ai directement pensé à une infection de vers et plus tard, cela c’est confirmé que j’avais raison.
Normalement pour de nouveaux arrivants en phase de quarantaine, j’attends 15 jours que les oiseaux s’habituent et puis je les vermifuge. Ici par contre c’était trop dangereux pour attendre trop longtemps. Le même jour j’ai traité avec un vermifuge. Une femme vétérinaire habitant dans les environs m’a procuré la préparation mais je devais confirmer par écrit qu’il s’agissait d’une urgence et qu’il y avait un danger de perdre les oiseaux. Le lendemain, sur le papier blanc que j’avais mis sur le sol de la cage de quarantaine il y avait environ 150 vers.
J’ai eu de la chance, mes perruches cornues, si chères, ont survécus à cette procédure. (Note de Freddy Lebbon : Andreas Volkmar a acheté ses premières perruches cornues au printemps 2002 et à cette époque elles étaient en effet encore très chères). Bien entendu j’ai pris contact avec l’éleveur / vendeur et je lui ai raconté ce qui s’était passé. Il voulait connaitre le nom du vermifuge que j’avais employé afin que dans le futur il puisse mieux traiter ses oiseaux. Je lui ai envoyé l’emballage de la préparation par poste. Environ 6 mois plus tard il a repris contact avec moi pour demander le nom de la préparation. Il avait perdu une femelle reproductrice de l’espèce Ouvéa, encore plus rare, suite à une infection de vers !!! Avec l’idée en tête de la sagesse de l’éleveur d’oiseaux « un couple n’est pas un couple » j’ai décidé en septembre 2003 d’acheter un second couple. Du fait que je voulais moi-même aller chercher les oiseaux, comme pour le premier couple et que c’était très loin de chez moi, le plus possible avait déjà été arrangé par téléphone.
Après avoir eu l’assurance que les oiseaux étaient 100% en ordre, j’ai démarré pour un long voyage en voiture. Quand je suis arrivé chez l’éleveur, je me suis directement retrouvé devant un problème. J’avais devant moi un couple de perruches cornues dont la femelle avait une patte boiteuse et qui était à peine plus grande qu’une perruche ondulée grassouillette. L’éleveur avait nourrit l’espoir que ceci ne me dérangerait pas. Après une discussion, courte mais sérieuse, j’ai pu choisir une femelle « normale » dans ses jeunes oiseaux et je suis retourné avec l’oiseau chez moi.

Logement :
Après la période de quarantaine, exactement comme avec le couple n°1, ils ont été logés dans une volière extérieure de 5,5 m avec y attenant un abri de nuit chauffé. Pendant la période d’hiver, lorsqu’il gèle, je ne veux pas garder de perruches sans chauffage, et je suis très fanatique sur ce point, les abris intérieurs sont chauffés entre 5 et 10°C. Si l’on réfléchit un peu où se trouve le territoire d’origine de ces oiseaux alors je trouve que c’est le minimum que l’on puisse faire pour eux. Les jeunes élevés chez nous sont un peu plus robustes mais ce sont et restent des oiseaux dont le plumage a été fait pour leur biotope. Depuis des générations, les inséparables et les perruches tête de prunes sont élevés chez nous et pourtant lors des premiers froids et gelées, ils perdent leurs ongles et doigts s’ils ne sont pas biens protégés !

Alimentation :
Je ne considère pas les perruches cornues faisant partie des espèces où une poignée de graines et un peu d’eau est suffisant comme par exemple les perruches ondulées. Ces oiseaux doivent recevoir une alimentation variée, constituée d’une part de nourriture pour perruches et d’une autre part de nourriture pour pigeons. Je leur présente toujours ce mélange sous forme trempée ou gonflée et pendant la période de reproduction sous forme germée. A mon avis, cette nourriture est mieux digérée et travaillée par l’organisme d’un oiseau. En plus de cela, chaque jour les oiseaux reçoivent un mix de fruits et légumes (à l’aide d’un robot de cuisine). Cette salade peut être composée différemment et grâce à l’approvisionnement actuel cela ne pose plus aucun problème.

Mes perruches cornues ne sont pas très exigeantes et lorsqu’elles ont l’occasion d’essayer quelque chose de neuf, il semble qu’après un peu de temps tout ce qui leur est présenté est mangé. Pendant la période de reproduction et lorsqu’ils ont des petits, je leur donne encore en plus une pâtée à l’œuf de propre composition. Du fait de l’apport journalier de fruits et légumes, les oiseaux ont suffisamment de minéraux et de vitamines, ce qui fait que je peux omettre les préparations artificielles. Il est certain que par cette manière de nourrir, il faut nettoyer, enlever les restants de fruits et nettoyer les mangeoires. Que ceci n’a pas encore été compris chez tous les éleveurs, j’ai pu le remarquer chez un éleveur très connu. Dans ces volières il y avait de grands récipients d’eau qui étaient fortement attaqués par une expansion d’algues.
Lorsque je lui en ai parlé, il m’a répondu qu’il donnait une fois par semaine de l’eau fraîche. Lorsque je lui ai demandé si lui aussi buvait une eau aussi verte, il ne m’a pas répondu.
En plus des baies du jardin, je donne aussi à mes perruches cornues des fruits de la forêt que je ramasse et dont à l’automne une bonne réserve est congelée. Ce sont surtout les baies de l’aubépine, les baies de sorbier et les « rozebottels » qui sont particulièrement appréciés. Le mouron et les pissenlits dont la fleur et les racines sont mangées sont toujours les bienvenus. Chaque année je sème pour mes perroquets quelques rangées de blette dans mon jardin dont les tiges sont particulièrement appréciées. De même les branches de pins et sapins sont généreusement rongés. Ils enlèvent les feuilles des branches fraiches de saule et elles sont pelées pour pouvoir gouter à la sève de la plante. La présence de branches veille à une longue occupation, ce qui est très important pour toutes les perruches et perroquets.
Pour moi il est intéressant de découvrir que les oiseaux deviennent confiants et curieux. Même s’ils sont forts actifs et qu’ils ne s’arrêtent pas une minute. Je trouve cela très important que les oiseaux puissent se défouler et qu’ils puissent déployer complètement leur comportement naturel. Sur le sol naturel de mes volières extérieures il y a de petites poules qui grattent, à la recherche de vers de terre et donc qui retravaillent les herbes et mauvaises herbes qui poussent ce qui fait que à nouveau des pousses vertes fraiches font leur apparition. Au moment qu’il y a des poussins à soigner, ces pousses vertes sont fort appréciées par les perruches cornues. A la fin de l’automne, plus rien ne reste et d’autres plantes qui peuvent servir à se nourrir n’ont plus de chance pour pousser. Cette manière de travailler m’oblige bien entendu à vermifuger régulièrement et ceci je le fais très strictement avant la période de reproduction (février) et après celle-ci (septembre). Jusqu’à aujourd’hui je n’ai jamais dû déplorer de pertes d’oiseaux à cause d’une infection de vers.
Ce qui est fort apprécié par mes perruches cornues ce sont les herbes, plantes et mauvaises herbes que je coupe en été dans la prairie à côté de chez moi. Lorsque je rentre avec ceci dans la volière, les perruches cornues courent le long de leurs perchoirs avec moi avec leur cri typiquement «bêlant». De même je jette aussi des mauvaises herbes sur le toit de la volière, ceci leur donne pas mal d’occupation et ce sont des produits sains en plus de leur nourriture principale.

Reproduction :
La période de reproduction va d’avril à septembre et se fait connaitre par les cris de contact continuels : « koo-koot ». Je leur procure différents modèles de nichoirs, des nichoirs bûches de 80 cm de hauteur et 17 cm de diamètre mais aussi des nids faits de planches de 40 cm de haut x 20 x 20 cm de superficie au sol. Les deux sont acceptés. Mes perruches cornues ne se reproduisent pas régulièrement. Une année, aucun couple ne reproduit, ensuite les deux couples au même moment et parfois même deux fois par an. Cela est arrivé une fois que les deux couples ont pondu leur premier œuf le même jour, le 19 juin. Chaque couple a pondu 4 œufs dont, chez chaque couple, deux poussins ont été élevés sans problèmes. Est-ce que c’est un hasard que tout s’est passé de manière synchrone ou c’était un accord ? Le nombre d’œufs chez moi était toujours entre 2 et 4 œufs. Le temps de couvaison est de 20 jours. A l’âge de 8 ou 9 jours les jeunes sont bagués avec du 6 mm. Lorsque la saison de reproduction n’est pas dérangée, les poussins quittent le nid au bout de 35 à 40 jours et sont indépendants trois semaines plus tard. Du fait que les perruches cornues, comme les autres espèces de perruches d’ailleurs, tiennent leurs parents à l’œil et ainsi apprennent, m’a fait prendre la décision de ne pas les enlever trop rapidement des parents. En volière, les jeunes ne peuvent pas s’éviter, donc observer est un « must » pour pouvoir intervenir s’il y a le moindre signe d’agressivité et de pouvoir les isoler.

Garder les espèces pures
Le nombre de perruches cornues grâce à la reproduction en aviculture a bien augmenté mais pas autant que chez les autres perruches. La situation de la perruche cornue Ouvéa est clairement « critique ». Pendant de nombreuses années il n’y a eu que quelques exemplaires chez les éleveurs ici dans la contrée. Pour cette raison, la formation de couples non consanguins n’a pu se faire que difficilement. Tout comme chez d’autres espèces de perruches et estrilidés qui se sont retrouvés dans la même situation, ce n’est qu’une question de temps pour que la forme sauvage pure ne disparaisse de nos volières. Un manque de lignes de sang provoque des faiblesses, maladies et mutations. En un rien de temps, une souche totalement bâtie peut être détruite. A mes yeux, il est très important de garder les oiseaux sous leur forme sauvage et pure mais cet avis n’est pas le même chez tous les amateurs, et de ce fait des « hybrides » voient le jour et ceci il n’est pas possible de l’empêcher. Ce que la nature a créé en millions d’années est détruit en un minimum de temps par quelques « irresponsables » et leur soi-disant créativité. L’ignorance, l’indifférence, la démangeaison pour expérimenter mais surtout « l’appât du gain » joue dans ce facteur un rôle très important. Des croisements entre espèce et sous-espèce ont maintenant aussi fait leur apparition chez les perruches cornues. De cette manière, malheureusement depuis quelques années il y a sur le marché chez les éleveurs des croisements entre la perruche cornue et la perruche cornue Ouvéa. Ces hybrides sont totalement sans valeurs pour la pureté de la race mais malheureusement pour certains éleveurs cela ne joue aucun rôle. C’est triste !!!

Différence entre la perruche cornue et la perruche cornue d’Uvea

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