La quarantaine

P.R. février 2016
Dirk Loodts
Traduction : William Vanbeginne

Après avoir acheté votre nouvel oiseau, lorsque vous arrivez à la maison, il est important de placer celui-ci directement en quarantaine. Il y a beaucoup de personnes qui ne font pas cela car ils veulent profiter directement de leurs oiseaux dans leur cage ou volière finale ou qui veulent donner directement le meilleur (par exemple une grande volière). Cela peut très bien marcher jusqu’au … jour où un oiseau, à l’œil, totalement sain rentre chez vous et qu’il est porteur d’une maladie qui va envoyer toute votre collection au paradis des perroquets. Si vous ne pratiquez pas de quarantaine, la question n’est pas si un jour une maladie va rentrer chez vous mais quand car tôt ou tard vous serez confronté à une maladie si vous ne la respectez pas. Un oiseau porteur n’est pas encore malade et ne montre encore aucun symptôme de la maladie mais a déjà les germes de la maladie en soi et contamine ainsi les autres oiseaux. Beaucoup d’amateurs pensent, à tort, qu’ils peuvent voir, de visu, si un oiseau est malade ou même qu’il est porteur d’une maladie mais ceci est totalement faux ! Beaucoup de personnes pensent aussi erronément que la quarantaine n’est nécessaire que lors d’importation ou exportation, pour des espèces chères, pour les plus grandes espèces comme les perroquets, … Les perruches ondulées (melopsittacus undulatus) sont connues pour être porteuses de nombreuses maladies. Du fait que ces oiseaux sont tellement bon marché, l’on ne va que rarement avec ces oiseaux chez un vétérinaire, si un meurt et bien c’est ainsi. De cette manière ces oiseaux se construisent une résistance et ne meurent pas mais ils contaminent par contre d’autres espèces dans une collection. Cette petite perruche ondulée peut donc veiller à ce que vos grandes perruches et même perroquets partent au paradis des perroquets. Lorsqu’un oiseau montre des signes extérieurs de maladie, cela veut dire qu’en règle générale il est déjà fort malade. Les psittacidés sont dans la nature des animaux de proie qui essayent de cacher le plus longtemps possible le fait qu’ils sont malades pour essayer de ne pas attirer l’attention des prédateurs. Dans nos volières, ils font la même chose et essayent de garder leur maladie le plus longtemps possible cachée, jusqu’à ce que ce ne soit plus possible.

Quarantaine temporaire dans une cage faite en treillis avec de jeunes omnicolores manteau d’or (platycercus eximius elecica) dans un abri de jardin. Photo : D. Loodts

Qu’est-ce une quarantaine ?
La quarantaine est : garder 1 ou plusieurs oiseaux séparés des autres oiseaux pendant une certaine période pour :

  • Éviter que des maladies (bactéries, virus, traces, …) des insectes ou autre parasites (vers, poux, …) ne soient transmis sur une collection d’oiseaux déjà existante.
  • Pour pouvoir garder le ou les oiseaux à l’œil pendant un moment et éventuellement pouvoir prendre des mesures (mangent-ils bien, montrent-ils des problèmes ou des symptômes de maladies …)
  • Laisser les oiseaux s’habituer à leur nouvel environnement (nourriture, soins, …)

Pourquoi une quarantaine ?
Par les achats, ventes, échanges, participations aux expositions, bourses, shows, … il y a un échange constant d’oiseaux et de contacts avec d’autres oiseaux provenant d’autres collections d’oiseaux et ainsi des germes de maladies peuvent se répandre. Ces oiseaux contaminés mais, de visu, en bonne santé vont venir ou revenir à la maison et puis peuvent contaminer le restant de votre propre collection.

Quarantaine temporaire dans une cave. Ici une cage faite en treillis ou est logé un couple de perruches soleil (aratinga solstitialis). Photo : D. Loodts

Une quarantaine est donc nécessaire pour protéger votre collection d’oiseau déjà existante. La valeur de votre collection, certainement s’il s’agit de couples reproducteurs, est beaucoup plus grande que la valeur de l’oiseau que vous venez d’acheter. La valeur d’un bon couple reproducteur est d’ailleurs, pour un éleveur, beaucoup plus importante que la valeur financière d’un oiseau seul. Lorsque l’on perd un bon couple reproducteur, chez certaines espèces il faudra attendre plusieurs années avant d’avoir à nouveau des résultats de reproduction et de plus il faudra attendre de voir si le nouveau couple va s’entendre et prestera aussi bien.
Dans ce cas-là, ce n’est généralement pas un couple mais plusieurs couples reproducteurs qui disparaissent lors de l’introduction d’une maladie dans une collection (dans le plus mauvais des cas, toute la collection meurt). Si vous avez une maladie dans votre collection, il vous faudra en plus, plus de temps pour la combattre (si c’est possible) que le temps que dure une quarantaine. Même si vous n’avez qu’une collection restreinte, la perte de toute votre collection ou même que d’un ou deux couples reproducteurs, à cause d’une maladie, est une perte difficile à digérer, aussi bien au niveau financier qu’émotionnel (je parle malheureusement d’expérience).

La quarantaine est obligatoire par la loi lors de l’importation et exportation d’oiseaux (les oiseaux provenant de la nature ne peuvent plus être importés mais bien les oiseaux nés en aviculture). Une quarantaine chez vous n’est pas obligatoire mais par contre fortement conseillée !

Les avantages complémentaires de la quarantaine sont :

  • Les nouveaux oiseaux peuvent s’habituer en toute tranquillité par exemple à leur soigneur, à la manière de soigner, à la nourriture (mangent-ils bien, mangent-ils tout, une passation graduelle de ce qu’ils ont l’habitude vers ce qu’ils vont recevoir) …
  • Vous avez la possibilité et le temps pour observer les oiseaux, éventuellement de les faire examiner et si nécessaire de les faire traiter pour d’éventuels problèmes, maladie et plaies (parasites comme les poux des plumes, vers, …)

Comment appliquer une quarantaine en pratique ?
Une quarantaine ne doit absolument pas être difficile ou compliquée mais doit par contre satisfaire à un certain nombre de conditions :

  • Les oiseaux qui doivent aller en quarantaine doivent être logés dans un espace séparé où il n’y a pas de contact possible avec vos autres oiseaux. Certains grands éleveurs ou parc à oiseaux prévoient une chambre de quarantaine et même un bâtiment séparé loin de leur collection déjà existante. Comme amateur, éleveur comme hobby on n’a naturellement pas cette possibilité mais en installant une cage ou une petite volière sur le grenier, cave, une chambre, un abri de jardin, garage, … vous créez aussi bien un espace de quarantaine excellent (éventuellement temporaire). Au plus loin votre quarantaine se trouve de votre collection d’oiseaux, au meilleure elle est. Il y a même des amateurs qui logent les oiseaux qui doivent passer une quarantaine chez la famille, voisins ou amis au lieu de chez eux. Il n’est pas malin de loger vos nouveaux oiseaux dans le même espace où se trouvent tous vos oiseaux, même pas s’ils se trouvent dans une cage séparée. Il n’est pas malin non plus de loger vos nouvelles acquisitions dans un compartiment séparé de votre bâtiment à oiseaux même s’ils sont séparés par un mur et/ou porte car la distance est trop petite et vous pouvez vous-même transporter une maladie d’un côté à l’autre de cette manière
Une quarantaine dans une cage au grenier. Ici nous avons un couple de caiques à tête orange (pionites leucogaster). Photo : D. Loodts

Une quarantaine dans une cage au grenier. Ici nous avons un couple de caiques à tête orange (pionites leucogaster). Photo : D. Loodts

  • Allez d’abord soigner et nourrir votre collection existante et puis seulement les nouveaux oiseaux qui sont en quarantaine. Ceci toujours pour la même raison (transmission par le soigneur lui-même). Certains éleveurs donnent à manger à leur collection existante le matin et le soir aux oiseaux en quarantaine. L’idéal serait de se laver les mains et changer de chaussure voire même enfiler un cache poussière lorsque vous entrez dans la quarantaine et que vous la quittez. (Vous pouvez la laisser dans l’espace de quarantaine juste à côté de la porte). Un petit bain de pied avec un produit désinfectant où vous allez d’abord avec vos pieds avant d’entrer dans l’espace de quarantaine est aussi régulièrement utilisé.
  • Laissez les nouveaux oiseaux au moins 6 à 8 semaines en quarantaine. Eventuellement vous pouvez voir avec votre vétérinaire quelle est la durée idéale de quarantaine après avoir reçu les résultats d’examens. Pendant cette période vous avez le temps d’observer vos oiseaux, de les faire examiner et éventuellement de les traiter si nécessaire. Dans le plus mauvais des cas, vous devez laisser euthanasier votre nouvel oiseau (lorsqu’il est atteint d’une maladie fort contagieuse et qu’il n’est pas possible de guérir par exemple). Cette dernière solution fait mal et personne n’aime faire cela mais empêchez l’oiseau de souffrir et surtout vous empêchez au restant de votre collection de subir le même sort.
  • Lorsque pendant ces 6 à 8 semaines de quarantaine un nouvel oiseau se rajoute, alors la période de quarantaine est rallongée jusqu’à ce que le dernier oiseau qui vient de rentrer a lui aussi passé sa période de 6 à 8 semaines de quarantaine. Le premier oiseau devra donc rester plus longtemps si entre temps de nouveaux oiseaux ont été rajoutés. Vous pouvez éviter que les oiseaux passent de très longs moments de quarantaine en dispersant les oiseaux. Vous pouvez par exemple loger le premier oiseau acheté dans le garage et le second au grenier.
Quarantaine temporaire dans le garage. Ici un gris du Gabon (psittacus erithacus).
Photo : D. Loodts

  • Même si vous achetez les oiseaux d’un bon ami ou voisin, placez-les en quarantaine. Votre ami ne doit pas se sentir vexé, vous faites cela comme procédure standard pour tous vos oiseaux et comme bon soins pour les nouveaux arrivants de telle manière qu’ils puissent s’habituer progressivement à leur nourriture et soins. Vous ne faites pas cela parce que vous ne faites pas confiance en ses oiseaux.
  • Déposez sur le sol de la cage ou volière de quarantaine du papier. Vous pouvez pour cela employer du papier journal ou du papier brun de protection (lors de travaux de peinture par exemple). Vous trouverez ceci dans un magasin de peinture ou papeterie AVA. L’avantage c’est que sur du papier vous pourrez plus facilement contrôler les fientes ceci en opposition à du sable ou des copeaux de bois ou un autre matériau pour le sol. Ceux-ci absorbent beaucoup d’humidité, ce qui fait que certains problèmes comme par exemple la diarrhée sont moins visibles. Le papier journal est gratuit mais il faut faire attention que les oiseaux ne vont pas le manger car l’encre n’est probablement pas très saine. S’ils le déchirent ou rongent il n’y a pas de problèmes. Le papier (généralement brun des peintres) pour protéger est payant mais plutôt bon marché et disponible en différente grandeurs de rouleaux ce qui fait que vous pouvez choisir vous-même la largeur nécessaire et vous pouvez le couper à la longueur nécessaire suivant le format de la cage ou volière.
  • Même vos propres oiseaux que vous possédez depuis longtemps et que vous savez qu’ils sont totalement sains mais qui ont participé par exemple à une exposition, show, bourse ou une autre activité où des oiseaux d’autres amateurs se retrouvent doivent d’abord passer une période de quarantaine avant de les reloger dans leur volière initiale ! Le principe et le même : il ne doit y avoir qu’un seul oiseau présent, malade ou un seul porteur d’une maladie pour contaminer vos oiseaux et de cette manière toute votre collection. Je connais différents amateurs qui ont rentré une maladie parce que leurs oiseaux ont participé à une exposition ou qu’ils ont relogé les oiseaux non vendus sur une bourse. Ils n’avaient pas acheté de nouveaux oiseaux mais leurs propres oiseaux avaient été contaminés après avoir participé à ces activités. Il ne s’agit donc pas d’un possible risque mais de pure réalité ! Il ne faut pas penser non plus que le fait de participer à de telles activités vous allez à chaque fois ramasser une maladie, certainement pas ! La plupart des participants veillent à avoir des oiseaux sains avec eux mais il est possible que l’un des oiseaux soit porteur et que le propriétaire ne le sache pas encore. La possibilité que vous rameniez une maladie avec vous à la maison est petite mais elle existe pourtant ! Le risque sur une bourse est un peu plus grand car un vendeur malhonnête peut y vendre plus facilement un oiseau malade en tout anonymat. Du fait des circonstances sur une bourse, l’oiseau va se trouver plus alerte et mieux dans ses plumes par entre autre, toutes les personnes qui constamment vont se promener devant lui et venir voir dans la cage. De même par exemple dans une cage de transport plate vous pourrez plus difficilement juger si l’oiseau se tient mal ou est perché sur ses 2 pattes.
Du papier journal dans une cage en treillis pour de jeunes poicephalus.
Photo : N. Rosseel

  • Il y a aussi des amateurs qui logent leurs oiseaux pendant la quarantaine dans des cages ou volières dont le fond est fait de treillis. L’avantage de ce type de fond c’est que les fientes et les restants de nourriture restent hors d’atteinte des oiseaux et donc l’on obtient encore une meilleure hygiène.
  • Sous ce fond en treillis, il est encore possible de rajouter du papier afin de bien pouvoir contrôler le tout et de bien pouvoir tout nettoyer.
  • Du fait du stress de la capture, le transport, le nouveau logement … les fientes peuvent être un peu plus composées d’eau, ceci est normal mais ne peut pas durer trop longtemps.
  • Si les fientes sont humides longtemps cela vous donne comme indication qu’il y a un problème et maladie Une cage en treillis dans un abri de jardin avec du papier journal sous le fond en treillis. Ici nous avons un couple de perruches splendides (Neophema splendida). Photo : D. Loodts
  • Ce que vous ne pouvez pas faire à l’aveuglette c’est traiter votre oiseau contre différentes maladies et parasites. Cela n’a aucun sens de traiter préventivement tous vos oiseaux avec par exemple de l’antibiotique lorsque les oiseaux ne sont pas atteints. En fin de compte, les médicaments sont des moyens de lutte (toxique) pour éliminer des maladies et des fléaux. Vous-même vous ne prenez pas de médicaments si vous n’êtes pas malade ?
Une cage en treillis dans un abri de jardin avec du papier journal sous le fond en treillis. Ici nous avons un couple de perruches splendides (Neophema splendida). Photo : D. Loodts

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