Le perroquet robuste

(Poicephalus robustus, P. f. fuscicollis en P. f. suahelicus)

Texte réalisé par Van Aelst Marcel.
Traduit par Philippe Sautelet
Photos: Loodts Dirk

Des 9 espèces du genre poicephalus, le perroquet robuste est le plus grand. Il mesure de 33 à 35 cm, il est proche de la taille du gris du Gabon.

Auparavant les perroquets robustes étaient considérés comme une seule espèce avec deux sous-espèces: Poicephalus robustus robustus ou perroquet robuste comme forme nominale, le Poicephalus robustus suahelicus ou perroquet de swahilli et le Poicephalus robustus fuscicollis ou perroquet à cou brun comme sous-espèces. Actuellement le Poicephalus robustus robustus est considéré comme une espèce séparée ainsi que le Poicephalus fuscicollis fuscicollis qui possède encore une sous-espèce qui est le Poicephalus fuscicollis suahelicus. Comme la classification scientifique a changé, il était nécessaire d’adapter l’appellation française et seul le Poicephalus robustus robustus porte encore le nom de perroquet robuste. Le fuscicollis a reçu le nom de perroquet à cou brun et le suahelicus perroquet à tête grise.


Poicephalus robustus. La tête brun jaune est typique et le bec est plus petit en comparaison du fuscicollis et du suahelicus. Photo : N. Rosseel

1) Poicephalus robustus: le perroquet robuste.
La couleur du plumage des adultes est variable. La tête et le cou sont de couleur verdâtre et jaunâtre avec un voile brun et des taches de vert foncé. Le bas des joues est brun noirâtre avec parfois quelques marques rouges. Chez les femelles, il y a une bande frontale rouge orange qui est bien dessinée. Les mâles ont parfois quelques petites plumes rouges près des yeux. Le dos noir et le plumage des ailes sont voilés de vert foncé. Le croupion vert et le dessous du corps sont variablement tachés de bleu et de gris foncé, les cuisses et les étendards des ailes sont rouge orange. Les plumes des ailes sont noirâtres avec un voile vert. La queue est brun noir également avec un voile vert. Le bec est de couleur corne tandis que la pointe de la mandibule supérieure est gris noir. L’iris est brun alors que les pattes sont gris bleuâtre. Les jeunes oiseaux ressemblent aux femelles sans le rouge sur les cuisses et sur la courbure des ailes. Les jeunes mâles ont déjà au nid une tête plus large et un bec plus gros.
Ces oiseaux se retrouvent dans l’extrême sud-est de l’Afrique, de Knysna et de la province orientale du cap jusqu’à Natal, au Swaziland occidental et au Transvaal oriental.


Poicephalus fuscicollis suahelicus. Une tête essentiellement grise est typique chez cette sous-espèce. Mâle en haut (sans rouge sur le front) et une femelle en bas.  Photos : A. Devulder

2) Poicephalus fuscicollis suahelicus : perroquet à tête grise ou perroquet de Swahilli
Chez le mâle, la tête et le cou sont gris argenté et le rouge sur le front n’est que très rarement présent. Chez la femelle, le front et la plus grande partie de la couronne sont rouge saumon avec un reflet argenté.
L’aire de répartition de ces oiseaux se situe au Mozambique, en Rhodésie, au nord du Botswana et dans les régions septentrionales du sud-ouest de l’Afrique, au sud et centre du Zaïre.

3) Poicephalus fuscicollis fuscicollis : perroquet à cou brun
Les oiseaux adultes ressemblent à la sous-espèce précédente mais sont un peu plus bruns et le vert du plumage est, principalement sur le dos, plus bleuâtre. Cette espèce se retrouve dans l’ouest de l’Afrique, en Gambie et du sud du Sénégal au nord du Ghana et du Togo.
La différence entre le fuscicollis et le suahelicus s’avère assez difficile car les perroquets à tête grise (suahelicus) peuvent aussi avoir des plumes brunes sur la tête.
Le perroquet robuste (Poicephalus robustus) peut se rencontrer localement assez facilement mais en général, il est plutôt rare car il n’en resterait seulement qu’environ 300 à l’état sauvage. Egalement en captivité, on ne le rencontre presque jamais.
Le mieux représenté est le Poicephalus fuscicollis suahelicus, qui est aussi l’espèce la plus rencontrée en captivité en Belgique. Ceci ne veut cependant pas dire que c’est comparable aux autres espèces africaines. En premier lieu parce qu’ils ont été peu importés et en deuxième lieu, parce qu’ils sont fort sensibles au stress et à la maladie redoutée qu’est l’aspergillose. Ils vivent dans les zones boisées jusqu’au-dessus de 1000 m. Ils vivent en couples ou en petits groupes. Durant la période de reproduction, les couples se séparent.
Ce sont des oiseaux très prudents et craintifs qui vivent surtout aux sommets des arbres. Ils grimpent lentement de branche en branche, ce qui peut aussi être observé en volière. Ce sont des oiseaux assez calmes qui en captivité n’émettent que rarement leurs cris puissants presque rauques. Les perroquets robustes semblent apprécier de se baigner dans une soucoupe peu profonde. Ils se nourrissent de graines, de noix (certains oiseaux peuvent même casser la coque très dure d’une noix de palme), de fruits, d’insectes et de nectar qu’ils peuvent délicatement extraire des fleurs avec leur langue.
En 1995 un membre de notre club vint avec une nouvelle intéressante. Il avait réussi la reproduction d’un couple de perroquets robustes. A ce que nous sachions, c’était la première fois en Belgique. Ci-dessous suit son récit:
Je cherchais ces oiseaux déjà depuis longtemps et finalement, je les ai quand même trouvés. Je suis parvenu à réunir trois couples qui étaient à vendre chez trois éleveurs différents. J’ai acheté le premier couple à un commerçant. Willy, un ami de Gand avait vu ces oiseaux. Il disait qu’ils ressemblaient bien à des perroquets robustes mais qu’il les trouvait trop petits et trop minces. Pour moi, l’achat fut vite conclu car j’avais enfin trouvé un couple. Lorsque je les ai comparés plus tard aux deux autres couples, il s’avéra qu’ils étaient sensiblement plus fins et plus petits. Leur plumage diffère également des autres et leur bec est plus pointu et plus petit.
Je pense et j’espère que ces oiseaux appartiennent à la sous-espèce Poicephalus fuscicollis fuscicollis qui est très rare.

Le deuxième couple fut échangé en France contre un couple d’amazones à front blanc, moyennant un supplément. Ce couple séjournait déjà depuis sept ans dans la volière de cet éleveur. Le troisième couple, je l’ai acquis chez un commerçant aux Pays-Bas. Ces oiseaux étaient plutôt apprivoisés.
Le couple de France fut installé dans une volière de 1,2 m de long, 85 cm de large et 2,1 m de haut. Deux nichoirs y ont été accrochés. Un en triplex de 18 mm et l’autre était un tronc d’arbre de 25 cm environ de diamètre.
Le couple rongeait toute la journée le bloc naturel et ils ouvraient quotidiennement le couvercle. Ils n’ont pas touché au nichoir de 25 x 25 x 50 cm de haut.
Les oiseaux que j’élevais appartenaient à la forme nominale, Poicephalus robustus robustus. Comme nourriture, ils recevaient un mélange de 14 graines différentes qui était complété tous les deux jours de pommes, mangues, kiwis, raisins ainsi que journellement des noisettes, noix de pécan et noix du Brésil.
Le jour suivant, des graines germées leur ont été données. Ce mélange se compose de graines de tournesol, de pois mungo et d’un mélange pour pigeons. Tout ceci est complété par plusieurs légumes qui ont été
achetés prédécoupés et surgelés.
Le couple était très calme et rien de spécial n’a été observé la première année, ce qui présageait d’une reproduction possible.
Durant les mois d’hiver, les oiseaux ont été protégés par des panneaux plexi à double paroi. Au printemps, ils se sont fait entendre pour la première fois et ils jouaient beaucoup ensemble.
Début mai, le nid fut visité pour la première fois par les deux oiseaux. Ils avaient bien rongé le trou d’envol avec leurs becs puissants. Environ mi-mai, les premiers accouplements ont été observés. Je pensais qu’il ne faudrait plus longtemps avant de voir venir les premiers œufs. La femelle restait toute la journée au nid et le mâle était nerveux lorsque quelqu’un approchait du nid. 8 semaines plus tard le 19 juillet, le premier œuf fut pondu, ensuite tous les trois jours, un est venu se rajouter pour arriver à un total de quatre le 28 juillet. Je contrôlais le nid quotidiennement, ce qu’ils acceptaient facilement. Le 3 août, les œufs ont été mirés et tous les quatre semblaient fécondés. Il ne suffisait plus que d’attendre qu’ils éclosent. Les livres ont été sortis pour y rechercher les informations nécessaires quant au cycle de reproduction, la durée de couvaison, au nid et de sevrage.

A toutes ces questions, j’ai reçu des réponses très divergentes et concernant la période de reproduction, j’ai lu des articles extrêmement divergents.
Selon les experts Rosemary Low, Tony Silva et Joseph Forshaw, pour n’en citer que quelques-uns, la durée de couvaison variait entre 22 et 28 jours. Pour être sûr, j’ai pris contact avec le musée d’Afrique Centrale et du Sud où on me promit de m’envoyer un texte concernant ces oiseaux. Dans ce texte était mentionné une durée de couvaison de 26 jours mais on attira mon attention sur le fait que le climat plus chaud en Afrique que chez nous pouvait engendrer une période plus longue. Entretemps 28 jours s’étaient passés et aucun jeune n’était né. Trois jours plus tard, j’avais perdu espoir. Ce jour-là, j’ai dérangé les oiseaux deux ou trois fois et le soir, j’y suis encore retourné. Grand fut mon étonnement quand je découvris un jeune au fond du nid recouvert d’un léger duvet blanc. De nouveau trois jours plus tard, le 22 août, naissait le deuxième jeune et le 24 août, apparaissait le troisième. Le quatrième ne sortit jamais de l’œuf malgré qu’il fût bien formé. Chaque jour, j’ai effectué un contrôle du nid et j’ai pris des photos toute la semaine. Les jeunes ont grandi très vite et l’âge de 12 jours, leurs yeux s’ouvrirent. Après 17 jours, je leur ai glissé des bagues de 9 mm et les premières plumes commençaient à sortir de leur corps. A l’âge de 22 jours, le front montrait un léger reflet rouge. 3 jours plus tard, les premières plumes rouges sur la tête et vertes sur le corps étaient visibles. A partir du 29ème jour, ils ont été pesés quotidiennement. Dès que le premier jeune eut 34 jours, apparurent les premières plumes de la queue. La femelle restait maintenant plus en dehors du nid que dedans. Le mâle effectuait aussi sa part de travail, il nourrissait les jeunes et restait parfois plus d’une heure dans le nid. A l’âge de 48 jours, les petits furent complètement plumés, seules les plumes des ailes et de la queue étaient plus courtes que les adultes. Lorsque les jeunes atteignirent 50 jours, les parents ont commencé à les piquer, d’abord sur la tête et ensuite même sur le dos et le ventre. J’ai alors reçu un truc pour éviter le picage des jeunes. On me donna de la pommade terramycine à étaler sur le reste du plumage. Ce “système D” n’a cependant pas fonctionné. Je décidai de laisser les oiseaux tranquilles et d’attendre. Le 4 novembre, le premier jeune sortit du nid après 78 jours. Il retourna au nid pour la nuit. Le 12 novembre, tous les trois étaient ensemble hors du nid. D’abord, ils étaient mal à l’aise sur le perchoir et 10 jours plus tard, je vis un des jeunes avec ses parents à la mangeoire. Au fil des jours, les jeunes sont devenus plus habiles et le picage disparut à vue d’œil. Le 27 novembre, ils étaient tous les trois sevrés. Le 14 décembre, ils ont été séparés de leurs parents, ils avaient environ 118 jours.

Nous espérons que cet article contribuera à l’avenir à l’élevage de ce perroquet africain plus rare. Jusqu’à aujourd’hui, il n’y a que peu d’éleveurs, comme déjà mentionné plus haut, qui détiennent ces oiseaux dans leur collection. Heureusement, il y a actuellement assez régulièrement de bons résultats d’élevage (surtout avec le suahelicus).

De par leur tête imposante et par rapport à la taille de l’oiseau, leur assez grand bec, c’est un oiseau particulier qui vaut sûrement la peine d’être détenu. 

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